J'irai manger des khorovadz
rapproche encore et ils se sauvent en courant. Je leur emboîte le pas et je
les poursuis en traversant le champ dâherbe fraîchement coupée. Ils
sâenfuient vers un village que lâon distingue au pied de la montagne. Je
les laisse filer et reviens vers mon vélo. Je suis quasiment convaincu
quâils sont coupables de cette disparition. Leur fuite démontre de toute
façon quâils ne sont pas irréprochables.
Passablement contrarié par la situation je reprends la route. Bien des
réflexions tournent dans ma tête. « On tâavait prévenu il faut faire
attention tu es trop confiant et naïf il faut se méfier de tout le monde! »
Même des enfants?
Concrètement comment vais-je communiquer avec ceux qui
mâattendent aujourdâhui? Ils vont se poser des questions sur mon
silence. Je ne comprends pas comment cette situation a pu se produire.
Perdu dans mes pensées focalisé sur la route et ma détermination
dâarriver à lâheure jâentends à peine une sonnerie résonner il nây a
pourtant personne.
- Dring dring dring...
Je crois rêver. Mon téléphone? - Dring dring dring...
La sonnerie effrontée et inattendue établit une connexion avec mon
cerveau. Et si ?... Je mâarrête jâinspecte et je découvre mon portable
coincé sur le dessus de lâune des sacoches près du cadre. Il a glissé de
ma poche et sâest trouvé bloqué par le tube dans sa chute. La leçon de la
perte dâun appareil ne mâa pas suffi et voilà quâun scénario identique se
reproduit. Heureusement cette fois-ci lâépilogue est différent. In
extremis je réussis à établir la connexion avant la fin de la sonnerie
salvatrice. - Alors Marc tu arrives bientôt? Tout va bien? Un groupe de
cyclistes tâattend impatiemment ainsi que la police.
Câest Harout qui sâinquiète de savoir si je serai à lâheure au rendez-
vous. Avec conviction et aplomb je lui affirme que je serai présent Ã
17 heures comme prévu. Je ne sais pas comment mais jây serai! Quand
je raccroche je me rends compte quâobjectivement je nâai aucune
certitude dâarriver à lâheure. Je ne connais pas lâétat de la route jâignore