J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
Lâcher-prise

gêneur qui vient troubler leur cadre de vie. Ce ne sera pas la peine d’user
de la force. De toute façon je ne fais pas le poids! L’épisode s’achève
là à mon grand soulagement. Me faire charger par un troupeau de vaches
dès le début du périple ce serait quand même dommage! J’imagine déjà
un titre dans la rubrique « Faits divers » : « Un pauvre cyclotouriste
écrasé par un troupeau de bovins effrayés par un vélo couché ». Une
aubaine pour les journalistes en cette période d’été avare d’informations.
Un à un ces animaux vont tranquillement repartir sur leurs sabots à
l’autre bout du champ avant de retrouver leur étable.
Au bord du canal dans un cadre bucolique n’est-ce pas beau la vie? Il
manque juste une douche dont je me passe bien. Comme je suis tout
seul je n’entendrai pas la sempiternelle phrase à mon retour de la séance
de running matinal : « Tu pues la transpiration! »
Une réflexion existentielle va venir troubler cette quiétude du soir.
Après le bilan de ces quatre premiers jours je m’aperçois que tout ne se
passe pas comme prévu. Le réchaud le site le téléphone... et maintenant
la vidéo. J’avais envisagé de réaliser un film sans prétention à partir des
séquences enregistrées au cours du périple. Je me rends compte que
vouloir à la fois filmer et photographier s’avère quasiment mission
impossible. La vidéo nécessite du temps. Sur la route il faut poser la
caméra la laisser fonctionner retourner la récupérer sans compter
l’énergie et la concentration nécessaires. Et comme je voyage seul c’est
encore plus compliqué. Je prends alors une décision radicale : je vais me
concentrer sur les photos et la vidéo sera réservée aux quelques
séquences-souvenir. Juste pour la postérité...


Aujourd’hui le programme est à nouveau chargé. Réveillé tôt je
prends mon petit déjeuner vers 5 h 30 et je profite de l’opulent lever de
soleil dans la campagne perçant la brume évanescente qui s’élève
tendrement sur la prairie. Une odeur capiteuse d’humus et de bouse
fraîche plane au-dessus de l’herbe qui ploie sous les gouttelettes de la
rosée transparente. Je tente de me réchauffer en captant les quelques
rayons de soleil qui se frayent un chemin au travers des arbres et qui
caressent câlinement les vaches revenues leurs naseaux plus roses

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