J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
J'irai manger des khorovadz

encore qu’hier. Connivences de la nature. Elles sont maintenant dans
l’autre partie de la prairie sagement occupées à brouter l’herbe attendrie.


Huit heures. Prêt à démarrer. Cela prend un peu de temps de ranger et
démonter sa maison tous les matins d’empaqueter et disposer sa vie
nomade de deux mois sur un vélo surtout quand on est néophyte.
Direction le Territoire de Belfort.
Le parcours est tranquille mais rapide sur la fascinante véloroute de
l’Est qui nous rassasie de ses haltes fabuleuses entre écluses ports de
plaisance et canaux. J’aurais aimé en profiter plus généreusement mais
ce soir je suis attendu. En pédalant je me dis que le programme de cette
aventure risque d’être un peu serré. Et moi qui voulais m’affranchir
d’une existence trop encadrée! La vie impose-t-elle d’être toujours
pressé? Je suis renvoyé à mes choix et mes contradictions : espérer en
faire le maximum dans un calcul chiche des heures. Comme souvent.
Ayant à l’esprit de ne pas perdre de temps je n’aime pas être en retard
aux rendez-vous mais pas en avance non plus... Alors le rapport au
temps se transforme se négocie se réinvente. On a l’impression suivant
ce que l’on fait qu’il n’est pas aussi long. Parfois une même quantité de
minutes peut sembler durer des lustres alors que dans un autre contexte
elle va nous paraître si courte et nous donne l’envie furieuse d’en
rajouter! Pourtant le sablier de la vie ne change pas il est immuable.
Impossible d’en rallonger l’écoulement la durée de notre vie est
comptée. C’est nous qui changeons. Me voilà averti. Sans oublier les
rendez-vous imprévus que j’ai acceptés et qui rajoutent des kilomètres.
Et des minutes! J’assume. Je roule vite jusqu’à plus soif jusqu’à
engranger du plaisir d’avance qui compensera les moments où il sera
absent où je n’aurai pas le loisir d’en jouir. Je pédale dans le
ravissement de mes sens en connexion directe et permanente avec la vie
au grand air sans barrières. J’espère seulement arriver au bout. Dans les
temps du temps. J’aurais pu passer par une route plus courte mais je
voulais profiter du confort et de l’expérience sur la véloroute.

Free download pdf