Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

24 // HIGH-TECH & MEDIAS Mardi 5 novembre 2019 Les Echos


Bulle de Bien-être Armor Meyko Faguo


L'ÉVÉNEMENT N# 1
DES CRÉATEURS, STARTUP
&DIRIGEANTS

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rian du Halgouet

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anuel Grimaud

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NANTESPAYSDELALOIRE

20-21nov.2019 NANTES


CITÉ
DES
CONGRÈS

Propos recueillis par
Nicolas Richaud
et Fabienne Schmitt


Quatre mois après votre
arrivée à la tête de BFMTV,
qu’avez-vous fait?
J’ai d’abord pris le temps de com-
prendre pour que les changements
soient cohérents puis j’ai revu la
grille de programmes. Cela n’avait
pas de sens de faire une grande
révolution, mais il fallait apporter
plus de singularité entre les diffé-
rentes tranches. Nous avons
notamment r enforcé la pédagogie à
l’antenne, développé des soirées
événementielles, sur des thèmes
politiques ou sociétaux, comme
celle sur la radicalisation récem-
ment. De ce fait, en ayant des pro-
messes différentes tout au long d e la
journée, le nombre de débats a été
réduit et ce qui apparaît clairement
c’est que notre première mission
c’est le news, pas le commentaire
permanent.


Vous apportez aussi votre
carnet d’adresses. Avouez,
Luc Besson, par exemple,
c’est vous qui l’avez fait venir...
Bien sûr, cela serait une erreur de n e
pas faire en sorte que ce soit sur
BFMTV que l’événement ait lieu,


Vous n’avez pas recruté beau-
coup de « journalistes stars »
lors du mercato télé...
Je ne me suis pas précipité sur le
marché du mercato, car BFMTV
n’en a pas besoin. Mon boulot, ce
n’est pas de faire des choses qui cla-
quent, c’est d’apporter de la cohé-
rence. J’ai recruté Alain Duhamel
qui est un excellent commentateur
du monde politique, un homme
solide, cultivé et dont le propos est
toujours mesuré. C’est un signal
important que je souhaitais donner.

Cela permet de redorer le
blason de BFMTV, cible des
critiques pour son traitement
des « gilets jaunes »?
Mon souci n’est pas de f aire d es cho-
ses pour l’image, mais plutôt que
l’image corresponde à ce que l’on
fait! Dans cette affaire des « gilets
jaunes », tous les médias ont com-
mis des erreurs, pas seulement
BFMTV. Nous avons tous été con-
frontés à un événement d’une
ampleur inédite, que nous n’avons
pas toujours su maîtriser, même si
globalement, B FMTV a bien fait son
travail. La vérité, c’est que BFMTV a
porté le chapeau pour tout le
monde. Des politiques me le disent
aujourd’hui. Il y a toujours eu beau-
coup de fantasmes autour de
BFMTV. Injustement. Mais cela
évolue, en cette rentrée, je suis s atis-
fait que BFMTV soit beaucoup
moins la cible des critiques que ses
concurrents... D’ailleurs, j’ai la
volonté de croire en des valeurs
positives, en une société solidaire,
pas toujours conflictuelle et nous
avons un rôle à jouer.

Certes, c’est surtout LCI
qui est pointée du doigt pour
le discours d’Eric Zemmour
en intégralité sur son antenne
lors de la convention de la
droite... Vous êtes-vous posé
la question de le faire aussi?
Absolument pas. Il n’y a même pas
eu de débat. Quelle est la légitimité
d’Eric Zemmour pour être diffusé
trente minutes durant sur une
chaîne d’information? C’est une
personnalité politique? Un élu? La
question c’est plutôt : « Pourquoi le

diffuser? » Et celle-là, ce n’est pas à
moi qu’il faut la poser...

Peut-être parce qu’il fait de
l’audience? D’ailleurs, cet été,
vous aviez envisagé de
le recruter chez BFMTV,
mais il a atterri chez CNews...
Et pas dans le même rôle que celui
vaguement envisagé... A mon arri-
vée chez BFMTV, j ’ai lancé plusieurs
perches à des « débatteurs » poten-
tiels à opposer à Alain Duhamel
dont Eric Zemmour. Ce qui ne veut
pas dire que je l’aurais embauché. Je
l’ai envisagé car, lorsqu’il venait sur
RTL face à Alain, il n’a jamais fait
preuve d’excès, c’était même un bon
contradicteur. Rétrospectivement,
je suis assez content que cela ne se
soit pas fait. Même si, évidemment,
Eric Zemmour n’est pas interdit
d’antenne sur BFMTV.

Sur une autre affaire, celle
concernant Xavier Dupont de
Ligonnès, quel regard portez-

vous sur le traitement
qu’en a fait BFMTV?
Globalement, tout le monde s’e st
planté et on n’a de leçon à donner à
personne. Pour notre part, tout au
long de la soirée, on a pris la précau-
tion de préciser qu’il avait été arrêté
« selon la police écossaise ». Sauf
pendant quarante minutes où l’on
s’est trompé. Ensuite, on a été les
premiers, le lendemain, à indiquer
que ce n’était pas lui. Mais, évidem-
ment, je ne peux pas dire que je suis
satisfait... Même si l’antenne était
plutôt mieux maîtrisée chez nous
qu’ailleurs.

Assiste-t-on à une « foxisa-
tion » rampante de l’informa-
tion en France par certaines
chaînes d’information?
Il ne faut pas exagérer! Il y a peut-
être une hystérisation des débats
mais une « foxisation » de l’infor-
mation, non. Les chaînes d’infor-
mation françaises sont indépen-
dantes et non partisanes.n

« Notre audience doit se faire grâce à la qualité de l’information »,
assure Marc-Olivier Fogiel. Photo Lionel Guericolas /MPP/Sipa

« La première mission de BFMTV,


c’est le news, pas le commentaire »


l En poste depuis quatre mois à la tête de BFMTV, première chaîne d’informa-


tion avec 2,2 % de part d’audience, Marc-Olivier Fogiel livre sa feuille de route.


lIl explique comment il recentre la chaîne sur les « news » et revient


sur la « polémique Zemmour ».


avec Luc Besson donc, ou Christine
Lagarde, plus récemment, mais
c’est un travail collectif avant
tout. Les journalistes se battent
pour avoir les bonnes personnes au
bon moment et j’aide si nécessaire.
Mais au quotidien, je n’ai plus du
tout le temps de m’investir comme
autrefois quand j’étais sur RTL ou
Europe 1 pour faire venir des per-
sonnalités. Et ce n’est plus mon job,
d’ailleurs.

Vous dîtes que BFMTV
fait du « news », mais
ce n’est pas une singularité,
ses concurrentes CNews,
LCI et Franceinfo aussi...
En réalité, nous
n’avons pas le
même format. La
singularité d e
BFMTV, c’est
vraiment le news. Ce n’est pas si
simple, car cela a un coût de fabri-
quer de l’information, de multiplier
les reportages de terrain... Mais
BFMTV peut l’assumer car elle est
la seule de toutes les chaînes
d’information à être rentable. Ses
concurrentes se focalisent, elles,
plus sur des débats avec des invités
en plateau. C’est aussi leur réalité
économique qui leur impose cela.
Ce qui induit des profils de téléspec-

tateurs assez différents : concrète-
ment BFMTV a le public le plus
jeune de toutes les chaînes d’infos
avec une moyenne d’âge de 57 ans.
Nous faisons six fois l’audience de
LCI sur la cible des 25/49 ans et qua-
tre fois celle de CNews. Ce que nous
proposons les uns les autres e st clai-
rement différent.

Avez-vous obtenu une rallonge
au budget de plus de
70 millions de BFMTV?
Notre b udget est déjà suffisamment
conséquent. Et nous devons faire
mieux, sans coût supplémentaire.
Je me dois de maintenir le lea-
dership de BFMTV qui génère
aujourd’hui plus de
50 % des audiences
des chaînes d’infor-
mation et pour con-
tinuer à tracer ce
sillon cela suppose certainement
un peu de réorganisation dans
notre manière de produire nos
tranches. Notre audience doit se
faire grâce à la qualité de l’informa-
tion, sans céder à la surenchère
médiatique ni en jouant sur la
publicité. C’est trop facile de suppri-
mer des spots pour faire grimper
artificiellement l’audience! A nous
d’être les bons horlogers pour p oser
le curseur là où il faut.

MARC-OLIVIER FOGIEL
Directeur général
de BFMTV

Véronique Richebois
@VRichebois

Amorcée depuis la rentrée, la saison
des prix littéraires connaît son acmé
ce lundi, avec l’attribution simulta-
née des deux plus prestigieux
d’entre eux. Le Goncourt, remis à
13 heures, a rendu honneur à Jean-
Paul Dubois pour « Tous les hom-
mes n’habitent pas le monde de la
même façon », tandis que le Renau-
dot, attribué... quatre minutes plus
tard, a récompensé Sylvain Tesson
pour « La Panthère des neiges ».
Personne ne l’ignore, les prix litté-
raires constituent une manne finan-
cière considérable pour les éditeurs
(Editions de l’Olivier pour le Gon-
court et Gallimard pour le Renau-

Les prix Goncourt et Renaudot,


« cash-machine » de l’édition


dot), les auteurs, les libraires ou les
circuits GMS... Certes, le Goncourt
n’est récompensé que par un chèque
de 10 euros...mais ses retombées en
termes sur les ventes comme sur
l’image dépassent de loin la valeur
de ce modeste bout de papier. Sous
le vernis culturel et glamour de l’évé-
nement se dissimule une course de
fond portée par trois épisodes fon-
dateurs : la rentrée littéraire amor-
cée mi-août, dans la torpeur estivale ;
la remise des prix en novembre et
décembre ; et enfin les cadeaux de
Noël, qui peuvent représenter un
tiers des ventes de livres primés.

Goncourt 2018 : de 15.000...
à 381.000 ventes
Le lauréat de l’an dernier, Nicolas
Mathieu avec « Leurs enfants après
eux » (Actes Sud), avait bénéficié
d’un tirage initial de 10.000 exem-
plaires et d’une réimpression avant
le Goncourt de 22.500 exemplaires.
Bénéficiant d’un bon éclairage
médiatique avec ses sélections pour
les prix littéraires , il s’était vendu à
15.000 exemplaires. Déjà un hon-
nête succès de librairie.

Puis, après l’obtention du prix
Goncourt le 7 novembre, le roman a
« trusté » d’emblée la première place
des classements hebdomadaires,
avec 22.000 exemplaires vendus en
quatre jours. Enfin, le jour de l’obten-
tion du prix, l’éditeur Actes Sud a
commandé immédiatement un
nouveau tirage de 100.000 exem-
plaires. A ce jour, il s’en est écoulé
381.000 (source GfK).
Bref, qui dit Goncourt dit retour
sur investissement assuré. Sitôt
enlacé d’un bandeau rouge, ce Graal
enflamme les ventes. En octobre
dernier, GfK s’est ainsi attelé à calcu-
ler les performances récentes. Alors
que sur la séquence 2014-2018, le
Goncourt s’e st soldé par des ventes
s’élevant à 367.000 exemplaires en
moyenne, le Goncourt des Lycéens a
totalisé 314.00 acheteurs. Les autres
prix littéraires persistent à être syno-
nymes de ventes confortables, qu’il
s’agisse du Renaudot (219.800 exem-
plaires vendus en moyenne), du Prix
de l’Académie Française (116.300),
du Femina (95.500), de l’Interallié
(46.900) ou du Médicis (34.600).
Vous avez dit « cash-machine » ?n

ÉDITION


Les prix littéraires
constituent une manne
financière considéra-
ble pour l’ensemble
du secteur de l’édition.
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