Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1
Le placement de la Française des
Jeux (FDJ) devrait remporter un
franc succès auprès des investis-
seurs. « En cette fin d’année, les
gérants actions recherchent des socié-
tés leaders sur leurs marchés, avec des
profils résilients et, si possible, u ne dis-
tribution de dividendes attractive »,
explique Cyril Revenu chez HSBC.
En dehors de cette opération de taille

significative, le marché primaire
sera peu dynamique d’ici à décem-
bre. Le ralentissement marqué de
la croissance en Europe n’est pas de
nature à inciter les gérants d’actifs à
prendre des risques dans des intro-
ductions en Bourse, alors même
qu’ils bouclent leurs positions.

44 % d’opérations
en moins depuis janvier
Depuis janvier, le marché des intro-
ductions en Bourse en Europe est à
la traîne. Seulement 139 sociétés
ont fait leurs premiers pas sur les
marchés, contre 248 en 2 018
(–44 %), année déjà peu porteuse.
Ces opérations ont rapporté près
de 20 milliards d’euros contre
39,6 milliards en 2018. 2019 pour-
rait être la plus mauvaise année en
Europe depuis 2013, quand seule-
ment 15 milliards d’euros avaient
été levés. Parmi les opérations
importantes, TeamViewer a levé
presque 2 milliards à Francfort,
EQT, 1,2 milliard à Stockholm, Tra-
ton 1,4 milliard, également à Franc-
fort. En France, l a mise en Bourse de
Verallia en octobre a été la plus
grosse cotation depuis celle d’ALD,
filiale de Société Générale, en 2017.
Récemment, plusieurs sociétés
de plus petite taille, qui envisa-
geaient de lever environ 100 mil-
lions d’euros en Bourse, ont reporté
leurs projets, envoyant au marché
un signal négatif. C’est le cas de Fer-
reti (bateaux de luxe) ou de RCF,
(matériel audio) e n Italie. Ou encore
de C ongatech et Domicil Real E state
en Allemagne

Signe d’un marché compliqué,
plusieurs sociétés ont fait appel à
des investisseurs « cornerstone »,
dits « investisseurs piliers » en
français. Ces derniers s’engagent
publiquement, au lancement de
l’opération, à prendre un ticket
important dans l’entreprise qui veut
se coter. Dans le cas de Verallia,
le fonds BWSA a joué ce rôle. Il a
indiqué dès le début être prêt à
acquérir 275 millions d’euros sur les
888 millions proposés au marché.
« Cela permet de sécuriser d’emblée
l’opération en ayant très tôt une visi-
bilité certaine sur le placement »,
commente Thomas Le Vert, associé
chez White & Case.
Ces investisseurs piliers peuvent
être des fonds de pension. Comme
le suédois AMF, qui a déclaré très
tôt être prêt à acheter pour 200 mil-
lions d’euros (sur 1,4 milliard)
d’actions Traton, la branche poids
lourds de Volkswagen, en juin der-
nier. Mais ce sont aussi des investis-
seurs familiaux – comme BWSA –
ou encore des industriels. Master-
Card a pris un ticket important dans
le fournisseur de solutions de paie-
ment numériques britannique
Network International. Cette prati-
que est extrêmement fréquente en
Asie et dans les pays nordiques. Par
le passé, Euronext y a eu recours
pour sa cotation en 2014, et le pro-
ducteur d’énergies renouvelables
Neoen aussi, plus récemment. Le
Fonds stratégique de participations
(FSP), qui réunit sept assureurs
français, a pris 7,1 % du capital juste
avant sa cotation en 2018.n

AR2i ILE DE FRANCE est une association régie par les dispositions de la loi du 1erjuillet
1901 et le décret du 16 août 1901, dont le siège social est situé 17, rue du Midi–9 2200
NEUILLY- SUR-SEINE, déclarée auprès de la Préfecture des Hauts de Seine, le 30 juillet
2019, et enregistrée sous le numéro W922016730 (SIREN:877 916 585).
AR2i ILE DE FRANCEapour objetd’assurerla réalisation des missions prévuesàl’article
6.7.3 de l’Accord constitutifde l’opérateur de compétences OPCO 2i.
ADEFIM ILE DE FRANCE est une association régie par les dispositions de la loi du
1 er juillet 1901 et le décret du 16 août 1901, dont le siège social est situé 34,Avenue
Charles de Gaulle–92523 NEUILLY- SUR-SEINE Cedex, déclarée auprès de la Préfecture
de Nanterre, le4février 2014, et enregistrée sous le numéro W922001469 (SIREN :
401 547 872). ADEFIM ILE DE FRANCEapour objet d’assurer la réalisation des missions
prévuesàl’article 81 de l’accord national du 1erjuillet 2011constitutif de l’OPCAIM.
Par une délibération en date des 30 septembre et4octobre 2019, les Conseils
d’Administration de l’ADEFIM ILE DE FRANCE et de l’AR2i ILE DE FRANCE ont approuvé
le projet de fusion par absorption de l’ADEFIM ILE DE FRANCE et le principe selon lequel,
en contrepartie de la fusion, il sera misàlacharge de l’AR2i ILE DE FRANCE le soin
d’assurer la poursuite des activités qui lui sont transmises par l’ADEFIM ILE DE FRANCE,
ainsi que de reprendre l’intégralité des engagements souscrits par elle et d’acquitter son
passif.
Evaluation de l’actif et du passif de l’ADEFIM ILE DE FRANCE, dont la transmission à
l’AR2i ILE DE FRANCE est prévue :
L’actif au 31 juillet 2019 est de 45 62 934€etlepassif de 23 33 981€;l’actif net transmis
est donc évaluéà2228 953 €.
Il sera statué définitivement sur le projet de fusion lors des Conseils d’Administration des
2décembre 2019(ADEFIM ILE DE FRANCE) et6décembre 2019 (AR2i ILE DE FRANCE).
L’ADEFIM ILE DE FRANCE sera dissoute de plein droit, sans liquidation, au jour de la
réalisation définitive de la fusion. La fusion sera réalisée le 31 décembre 2019àminuit.

La ligne de référence est de 40 signes en corps minimal de6points didot.
Le calibrage de l’annonce est établi de filetàfilet.
Les départements habilités sont 75, 78, 91, 92, 93, 94, 95 et 69.

LES ECHOS SOCIÉTÉS-LEPUBLICATEUR LÉGAL-LAVIE JUDICIAIRE

Sophie Rolland
@Sorolland


Du 7 au 20 novembre prochain, les
Français pourront souscrire des
actions de la Française des Jeux.
L’occasion de redynamiser l’action-
nariat populaire? C’est ce
qu’espère le gouvernement. Après
1986 puis dans les années 1990
et 2000, les grandes vagues de pri-
vatisations avaient joué un rôle clef
dans la démocratisation des mar-
chés boursiers. Le nombre
d’actionnaires individuels était
alors passé de 1,7 million en 1982 à
un sommet de plus de 7,2 millions
en 2007... Avant de plonger à nou-
veau. La grande crise financière – à
peine huit ans après l’éclatement
de la bulle Internet – a eu raison de
l’engouement des Français pour la
Bourse. « Le nombre actuel
d’actionnaires en direct, estimé à
environ 3 millions de personnes
hors actionnariat salarié, a été divisé
par deux depuis 2008 », estimait
l’AMF dans sa lettre de l’observa-
toire de l’épargne de juillet dernier.
Il reste à savoir si l’opération
séduction menée par l’Etat – qui
compte tirer plus de un milliard
d’euros de l a privatisation – suffira à
vaincre les réticences des particu-
liers. Une décote de 2 % est prévue


Ceux qui ont su revendre rapide-
ment, profitant de l’enthousiasme
du moment, ont parfois réalisé de
bonnes opérations. Gaz de France,
par exemple, avait gagné près de
23 % son premier jour de cotation.
En revanche, « les privatisations
n’immunisent les investisseurs ni
contre les crises boursières, ni contre
les changements qui peuvent affecter
les sociétés sur le long terme », remar-
que Thierry Le Clercq, gérant chez
Mandarine Gestion. Le parcours
d’Air France, introduit en Bourse en
février 1999 à 14 euros et fusionné
avec KLM en 2004, n’a pas été de tout
repos. De même, Thomson Multi-
média, après son entrée en Bourse
en 1999 et son acquisition de Techni-
color en 2001, a vu son cours
plombé, pour finir aujourd’hui
autour de 1 euro. Et les millions de
particuliers qui avaient misé sur
France Télécom (désormais
Orange) avant 2000 et sur EDF en
2005 en gardent un souvenir amer.

Sous-performance
par rapport au marché
La faute aux crises boursières? Pas
seulement. Thierry Le Clercq a
comparé la performance totale
(dividendes compris) annualisée
des grandes privatisations avec
celle du CAC 40. Résultat : EDF affi-
che une performance totale annua-
lisée (depuis le 18 novembre 2005)
de –3,8 %, contre 5,3 % pour le CAC.

TF1 (depuis le 2 octobre 1989) fait
mieux avec 5,1 %, mais toujours
moins que le CAC sur la même
période (6,5 %). Avec une perfor-
mance totale négative (toujours
annualisée) de 20,3 % depuis le
2 novembre 1999, Technicolor est
sans surprise l’un des pires
bouillons de l’histoire des privatisa-
tions. Suivi par Air France-KLM :
-4,3 % par an depuis l e 9 février 1995
(+7,8 % pour le CAC 40). Orange,
enfin, depuis le 20 octobre 1997, ne
rapporte en moyenne que 2 % par
an (toujours en incluant les d ividen-
des), contre 6,1 % pour le CAC.
Grâce aux dividendes distribués,
BNP Paribas a, lui, délivré la même
performance que l’indice depuis le
18 octobre 1993 (+6,7 %, contre
+6,9 %). Seul Total fait clairement
mieux que le marché. La perfor-
mance annualisée du titre depuis
1989 ressort à 12,5 %, contre 6,5 %
pour le CAC 40.n

La FDJ face au


bilan peu flatteur


des privatisations


l A l’occasion de la cotation de la Française des Jeux,


Bercy espère relancer l’actionnariat populaire.


lMais les performances des privatisations


des années 1990 et 2000 ont souvent été très décevantes.


BOURSE


2019 s’annonce comme la pire année en Europe


depuis six ans pour les introductions en Bourse


Laurence Boisseau
@boisseaul


Le marché des intro-
ductions en Bourse
est à la peine en Europe,
malgré quelques
dossiers comme
TeamViewer,
Traton ou Verallia.


L’ Etat, qui compte tirer plus de 1 milliard d’euros de la privatisation de la FDJ, arrivera-t-il à vaincre
les réticences des particuliers? Photo Denis/RÉA

Trois exemples emblématiques


En novembre 2005, la privatisation d’EDF avait attiré près
de 5 millions de particuliers. De 32 euros, le cours avait
grimpé jusqu’à 80 euros en novembre 2007 avant d’amorcer
une interminable descente. Après avoir été exclue du
CAC 40 fin 2015 et avoir touché un plus bas à 7 euros en
2017, l’action s’échange aujourd’hui autour de 9 euros, soit
72 % en dessous de son cours d’introduction.

Entré en Bourse à 165 francs (28,20 euros) le 17 novembre 1994,
Renault avait alors attiré un peu plus d’un million d’investisseurs
particuliers. L’opération leur avait pendant quelques années
clairement profité : l e cours était monté jusqu’à 121 euros en
juillet 2007. La crise financière a ensuite fragilisé les construc-
teurs automobiles et l’action est tombée à 10,5 euros en mars
200 9. Ce lundi, Renault a clôturé à 47 euros.

France Télécom (désormais Orange) reste parmi les pires sou-
venirs des investisseurs individuels qui ont vécu le dégonfle-
ment de la bulle Internet. Introduit en Bourse à 27 euros en 1997,
l’ancien monopole public a vu son cours atteindre 186 euros en
200 0. Deux ans et demi plus tard, l’action était tombée à
5,9 euros. Aujourd’hui, le cours évolue autour de 14 euros, un
peu plus de la moitié de son cours de 1997.

pour les petits porteurs, de même
qu’une 11e action offerte pour
10 actions détenues pendant au
moins 18 mois.
Difficile toutefois de les faire
rêver avec les performances bour-
sières des dernières privatisations.
« Dans l’ensemble, le bilan des opéra-
tions des années 1990 et 2000 n’est
pas extraordinaire, même si les per-
formances ont souvent été compen-
sées par des taux importants de dis-
tribution des résultats », commente
Vincent Boy, analyste de marché
chez IG.

De fait, l’Etat attend que l’envi-
ronnement de marché soit favora-
ble pour introduire ses actifs en
Bourse, au risque de valorisations
élevées et donc de risque de retour-
nement accru. La fenêtre actuelle
ne fait pas exception. Le CAC 40 est
repassé lundi au-dessus des
5.800 points, retrouvant un niveau
qu’il n’avait plus atteint depuis octo-
bre 2007. L’indice parisien, qui vole
de record en record depuis une
dizaine de jours, a progressé de
23 % depuis le début de l’année.

La grande crise
financière a eu raison
de l’engouement
des Français
pour la Bourse.

annoncesjudiciaires&légales


ANNLEGALECH

FINANCE & MARCHES


Mardi 5 novembre 2019Les Echos

Free download pdf