Les Echos - 05.11.2019

(Michael S) #1

30 // FINANCE & MARCHES Mardi 5 novembre 2019 Les Echos


tembre, à 1,27 %, pour les prêts à
l’habitat. Le record du mois d’août, à
1,31 %, est donc battu. Il y a un an, les
taux évoluaient encore à un peu
plus de 1,5 %.
Les chiffres de la Banque de
France font office de référence. Ce
sont eux qui compilent tous les nou-
veaux crédits à l’habitat, sans distin-
guer en fonction de la qualité des
dossiers. D’autres organismes
comme l’Observatoire du Crédit
Logement/CSA affichent des chif-
fres encore plus faibles, avec 1,18 %,
en septembre (1,19 % sur le troi-
sième trimestre), mais légèrement
supérieurs à août (1,17 %) ; ces don-
nées n’englobent toutefois pas l’inté-
gralité des dossiers. La part des
renégociations dans les crédits nou-
veaux se maintient en revanche à
23,6 % en septembre (après 24,6 %
en août et 17,5 % en septembre 2018).
Dans un contexte d e taux durable-
ment bas, la machine à crédit tourne
à plein régime. « La croissance des

d’apport personnel moyen ne
cesse dans le même temps de
diminuer, à 14,3 % en moyenne
depuis le début de l’année.

Des recommandations
pour calmer le jeu
Ces développements alimenteront
nécessairement la réflexion des
autorités sur les risques d’emballe-
ment du marché du crédit immobi-
lier. Le Haut Conseil de la stabilité
financière (HCSF) a lancé une
consultation auprès des banques sur
le sujet, qui doivent rendre leurs
conclusions cette semaine. L’auto-
rité, présidée par le ministre des
Finances et à laquelle siège le gou-
verneur de la Banque de France,
s’inquiète justement de la souplesse
des établissements bancaires, qui
prêtent toujours plus et à des condi-
tions toujours plus aisées. Elle
s’interroge aussi sur la rentabilité
des banques sur ce métier, alors
que la marge brute des nouveaux
prêts est passée de 1,7 % à 0,8 %
depuis 2012.
A l’issue de ces consultations,
le HCSF pourrait émettre des
recommandations pour tenter de
calmer le jeu. Plusieurs pistes
sont à l’étude : mieux encadrer le
taux d’effort, qui correspond à la
part des revenus consacrée au
remboursement de l’emprunt ;
renchérir les frais de rembourse-
ment anticipé des prêts, pour
limiter les renégociations ; ou
encore relever le taux d’usure, ce
taux au-delà duquel les établis-
sements n’ont pas le droit de
prêter. Le HCSF a prévu de se réu-
nir mi-décembre pour faire le
bilan des consultations et déci-
der, oui ou non, d’appliquer des
recommandations.n

Romain Gueugneau
@romaingueugneau


Mois après mois, les records tom-
bent dans l’immobilier. Et mois
après mois, les craintes d’une sur-
chauffe s’intensifient sur le marché.
Selon les données de la Banque de
France publiées ce lundi, les taux
d’intérêt moyens ont atteint un nou-
veau point bas historique en sep-


TAUX D’INTÉRÊT


En septembre, les taux
d’intérêt moyens pour
un prêt immobilier
sont tombés à 1,27 %,
contre 1,31 % en août.


Il n’a jamais été aussi
facile de financer
l’achat d’une maison
ou d’un appartement.


Les taux d’intérêt du crédit immobilier


atteignent un nouveau plancher


©Johannes Eisele/AFP

La première banque ibérique a
annoncé lundi le rachat de la majo-
rité des parts d’Ebury (50,1 %), une
fintech d’origine britannique, pour
un montant de 350 millions de
livres s terling (environ 400 millions
d’euros). Avec cette transaction,
Santander espère renforcer son
offre de services dédiés au com-
merce international et convaincre
un nombre croissant de petites et
moyennes entreprises (PME) de
travailler avec lui.
« Les PME s’internationalisent de
plus en plus et Santander est la ban-
que la mieux placée pour jouer un
rôle primordial pour les aider à accé-
der aux marchés internationaux », a
commenté Ana Botín, présidente
exécutive du groupe Banco Santan-
der, citée dans un communiqué.
Avec Ebury, l’établissement espa-
gnol, qui compte 4 millions de
clients PME dans le monde, pourra
fournir des services et des produits
qui ne sont généralement accessi-
bles qu’aux grandes entreprises.

Une technologie propre
Créée en 2009 par deux Espagnols,
la société basée à Londres est
spécialisée dans les paiements
internationaux et le change de
devises pour les PME. Elle travaille
aussi pour les ONG et, depuis peu,
pour les b anques e lles-mêmes et l es

fonds d’investissement. Présent
dans 19 pays, Ebury, qui emploie
900 salariés (dont une quarantaine
en France), s’est spécialisé dans les
devises émergentes, comme le
yuan chinois ou des devises africai-
nes en développant une plate-
forme technologique qui lui est pro-
pre. En 2018, la société a traité
16,7 milliards de livres sterling
(19,3 milliards d’euros) en paie-
ments pour ses 43.000 clients.
La fintech avait déjà levé près de
120 millions d’euros depuis sa créa-
tion. Avec l’argent apporté par San-
tander – environ 80 millions
d’euros représenteront de nou-
veaux capitaux propres –, Ebury
souhaite accélérer son développe-
ment à l’international, notamment
en Amérique latine, où il n’est pas
présent, en Amérique du Nord et
en Asie. Il compte aussi proposer
plus de services en partenariat
avec les banques, comme celui qui
a été signé cet été avec un autre éta-
blissement espagnol, Unicaja
Banco.
Pour Santander, cet investisse-
ment s’inscrit dans une stratégie
numérique de conquête de nouvel-
les alliances pour accélérer s a crois-
sance. Bousculées par les fintech
sur certains métiers, comme le
paiement, les banques cherchent la
parade. Soit elles développent les
compétences en interne, au risque
d’y passer beaucoup de temps et de
dépenser beaucoup d’argent, soit
elles rachètent les spécialiste. C’est
le choix fait par le groupe espagnol.
Au p rintemps dernier, Santander
avait annoncé un plan d’investis-
sement de 20 milliards d’euros sur
quatre ans dans les nouvelles
technologies.
—R. G.

BANQUE


La banque espagnole
investit 400 millions
d’euros pour acheter
Ebury, spécialisé
dans les paiements et
les services de change.

Santander casse


sa tirelire pour s’offrir


une fintech britannique


crédits à l’habitat aux particuliers
reste vive en septembre à 6,6 % », note
la Banque de France dans un com-
muniqué. Elle constate une très
légère accélération par rapport à cet
été (6,5 % en juillet et en août). Ce
dynamisme de l’activité se lit aussi
dans la production mensuelle de
crédits à l’habitat : à 21,7 milliards
d’euros en septembre, elle s’installe
au-dessus de la moyenne des douze
derniers mois (19 milliards). Les
encours sur l’habitat atteignent
donc un nouveau record, à
1.060 milliards d’euros, affichant une
hausse de 60 % depuis 2009.

Malgré des prix de l’immobilier
qui restent très élevés, il n’a jamais
été aussi facile pour les Français de
financer leurs acquisitions dans la
pierre. Les banques se livrent en
effet une concurrence féroce pour
séduire les clients, même si les
marges sont de moins en moins
intéressantes. « Mais le crédit
immobilier reste un excellent pro-
duit d’appel », rappelle un profes-
sionnel du secteur. Conséquence :
la baisse des taux s’accompagne d e
durées des crédits accordés parti-
culièrement élevées, rappelait
récemment l’Observatoire du
Crédit Logement/CSA, avec
229 mois en moyenne ; le taux

Les banques
se livrent une
concurrence féroce
pour séduire
les clients, même
si les marges sont
de moins en moins
intéressantes.
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