Le Monde - 19.09.2019

(Ron) #1
LE MONDE CAMPUS JEUDI 19 SEPTEMBRE 2019
à la une| 5

« Les étudiants ont moins envie


d’étudier et de vivre à Paris »


Entretien. Selon la géographe Myriam Baron,


le coût de la vie, l’allongement du temps


de transport en région parisienne et l’attractivité


de certaines métropoles encouragent


une plus grande mobilité étudiante


L

a densification de l’offre
universitaire dans cer­
taines grandes métro­
poles, et l’idéalisation
de la vie étudiante qui y
est associée, rebat les cartes des
mobilités étudiantes, affirme la
géographe Myriam Baron, ensei­
gnante­chercheuse en géographie
à l’université Paris­Est­Créteil. En
région parisienne, les universités
intra­muros jouissent toujours
d’une « prime à la centralité » par
rapport aux universités de ban­
lieue, mais ces équilibres pour­
raient être bousculés avec le
Grand Paris Express.

Comment les mobilités des
étudiants fonctionnent­elles
à l’échelle nationale?
Elles peuvent être considérées
comme des sauts de puce, qui
semblent obéir aux mêmes prin­
cipes que les migrations des
autres catégories de la population
française. Quand on commence

ses études dans une petite ville de
Bretagne comme Lannion, il est
rare de poursuivre son cursus sans
transition dans la capitale. Les étu­
diants qui arrivent à Paris vien­
nent plutôt d’autres métropoles
universitaires, comme Rennes,
Nantes ou Bordeaux.
La France se caractérise par une
importante déconcentration des
lieux de formation, commencée
dans les années 1950 et 1960. Le
plan U 2000, lancé par le minis­
tère de Lionel Jospin en 1990 pour
répondre à la deuxième vague
massive d’inscriptions dans l’en­
seignement supérieur, a permis
la création de huit nouvelles uni­
versités, dont quatre en région
parisienne, associées aux villes
nouvelles : Cergy­Pontoise, Evry,
Marne­la­Vallée et Versailles­
Saint­Quentin­en­Yvelines. L’idée
était de « rapprocher l’offre de la
demande », de mettre le pied à
l’étrier des études supérieures
aux bacheliers dont les parents

habitaient relativement loin d’une
université, et qui n’étaient pas en
mesure de financer un logement
pour leurs enfants – en particu­
lier les parents des classes popu­
laires et des classes moyennes
des petites villes. Ce choix politi­
que se présente comme une alter­
native au modèle anglo­saxon,
où le système d’aide à la mobilité
des étudiants renforce les villes
universitaires qui existent déjà.

La capitale compte 322 000 étu­
diants : un Parisien sur dix
est étudiant. Pourtant,
vous dites que la capitale attire
moins qu’avant, pourquoi?
Il faut y voir un effet de la densi­
fication de l’offre de formation
dans les villes universitaires de
province. On peut aussi l’expli­
quer par une forme de Paris
bashing [image négative de Paris] :
les étudiants, parisiens ou non,
comme les familles, ont moins en­
vie d’y étudier et d’y vivre à cause

de la cherté de la vie, du logement
notamment, du temps passé dans
les transports... Et finalement
d’une qualité de vie urbaine assez
médiocre par rapport à celle,
réelle ou idéalisée, de métropoles
comme Grenoble, Montpellier,
Toulouse ou encore Poitiers.

Comment les transports
influencent­ils les parcours
des étudiants en Ile­de­France?
Les cartes de l’Institut d’aména­
gement et d’urbanisme d’Ile­de­
France montrent bien la prime à
la centralité dont bénéficient les
universités intra­muros. Les uni­
versités du Quartier latin sont
desservies par de nombreuses li­
gnes de transport en commun.
Ainsi, pour les étudiants résidant
dans les départements de la petite
couronne, il peut être parfois plus
compliqué d’étudier dans une
université de proximité qu’à Paris,
tant la capitale est au centre de
tous les grands nœuds de trans­
port. Si vous résidez à Fresnes (Val­
de­Marne), dans l’académie de
Créteil, il est plus rapide de se ren­
dre dans une université du Quar­
tier latin qu’à Paris­Est­Créteil.
Avec l’ouverture des lignes de
tram et le Grand Paris Express at­
tendu pour 2024, l’accessibilité
sera améliorée pour certaines
universités extra­muros. Je pense
à l’université de Créteil, dans la­
quelle j’enseigne, qui sera plus
proche des communes les plus à
l’ouest et les plus à l’est du dépar­

tement. On peut supposer, si on ne
tient compte que de ce critère, que
les élèves qui résident par exemple
au Kremlin­Bicêtre, à Arcueil ou à
Cachan (Val­de­Marne) arbitreront
différemment pour choisir leur
établissement.

En Ile­de­France, le temps de
transport est­il un facteur déci­
sif pour choisir une université?
Oui et non. Les travaux de Leïla
Frouillou, sociologue, ont montré
le poids de l’expérience antérieure
dans l’appréhension du temps de
transport. Par exemple, pour un
lycéen qui mettait dix minutes à
vélo pour aller au lycée, il était in­
soutenable de passer une heure
quinze dans les transports pour
aller à l’université. A l’inverse, une

jeune fille, dont les parents
étaient divorcés depuis le collège,
avait pris l’habitude de ce temps
de transport entre les domiciles
de ses parents. Elle avait appris à
s’occuper. Pour elle, deux heures
de transport par jour pour aller à
l’université étaient acceptables.

Il semblerait que le lieu
d’étude ne soit plus aussi
central pour la nouvelle
génération. Pourquoi?
Le campus de leur établissement
n’est plus le lieu dans lequel ils
passent le plus de temps au cours
de leur semaine, et de leur année.
Les travaux menés par les géogra­
phes Matthieu Delage et Armelle
Choplin ont montré les différents
espaces qui rythment la vie des
étudiants : famille, amis, travail et
études. Les générations précéden­
tes, moins nombreuses à étudier à
l’université et moins concernées
en général par le travail salarié
pour financer leurs études ou les
stages, passaient plus de temps sur
les campus universitaires ou dans
leurs environs – même s’il n’y
avait que deux ou trois heures de
cours dans la journée. Quoi qu’il
en soit, l’allongement des temps
de transport dans l’agglomération
parisienne, qui est une des traduc­
tions de l’étalement urbain, péna­
lise d’abord les populations qui ré­
sident en grande périphérie, dont
de nombreux étudiants.j
propos recueillis par
marine miller

« IL PEUT ÊTRE
PARFOIS PLUS
COMPLIQUÉ
D’ÉTUDIER DANS
UNE UNIVERSITÉ
DE PROXIMITÉ
QU’À PARIS, TANT
LA CAPITALE EST
AU CENTRE DE
TOUS LES GRANDS
NŒUDS DE
TRANSPORT »

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