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JEUDI 12 SEPTEMBRE 2019 international| 5
LES PROFILS
Frans Timmermans
Né en mai 1961, l’ancien chef de
la diplomatie néerlandaise était
le premier lieutenant de Jean-
Claude Juncker dans la Commis-
sion sortante. En tentant de
veiller au respect de l’Etat de
droit, il est devenu la bête noire
des dirigeants polonais et hon-
grois, qui ont bloqué en juin sa
désignation à la tête de la Com-
mission. Il sera l’un des trois
vice-présidents exécutifs d’Ur-
sula von der Leyen, chargé de
mettre en œuvre un « green
deal » climatique en Europe.
Margrethe Vestager
L’ex-ministre des finances da-
noise, 51 ans, est l’une des très
rares membres de la Commission
Juncker à jouir d’une notoriété
au-delà des cercles européens.
Commissaire à la concurrence
- un poste qu’elle conserve –,
elle a lancé une vaste chasse aux
abus fiscaux des multinationales.
Sa décision d’infliger une
amende de 13 milliards d’euros à
Apple pour aide d’Etat illicite de
l’Irlande restera dans les annales.
Elle a aussi sanctionné trois fois
Google pour abus de position
dominante, pour plus de
8 milliards d’euros.
Josep Borrell
Le socialiste Josep Borrell, mi-
nistre espagnol des affaires
étrangères depuis 2018, devrait
succéder à Federica Mogherini
au poste de haut représentant
pour les affaires extérieures
de l’Union européenne. Grand
défenseur d’une plus grande
intégration européenne,
cet économiste catalan de 72 ans
a occupé la présidence
du Parlement européen, à Stras-
bourg, entre 2004 et 2007. Il mi-
lite avec force contre l’indépen-
dance de sa région d’origine.
Paolo Gentiloni
Le président du conseil
italien entre 2016 et 2018 doit sa
désignation, à la dernière minute,
à la constitution d’une toute nou-
velle coalition entre sa formation
(Parti démocrate, centre gauche)
et le Mouvement 5 étoiles (anti-
système). Il sera chargé de la
question des déficits publics et de
l’harmonisation fiscale. A 65 ans,
cet ancien journaliste issu d’une
famille aristocratique devra aussi
contribuer au réchauffement des
relations entre son pays et les ins-
titutions européennes, mises à
mal par quinze mois de gouver-
nement eurosceptique à Rome.
Poussée du vote contestataire
aux élections locales en Norvège
Le double scrutin de lundi confirme l’éclatement du paysage politique
malmö (suède)
correspondante régionale
D
ifficile de faire plus
imagé que le titre de
l’analyse publiée sur le
site de la télévision publique nor
végienne NRK, mardi 10 septem
bre. « Les Norvégiens font un doigt
d’honneur aux partis établis »,
écrit le journaliste politique Lars
Nehru Sand, résumant ainsi la gi
fle infligée la veille, lors des élec
tions communales et régionales,
aux deux formations historiques
que sont le Parti travailliste et le
Parti conservateur (Hoyre).
C’est désormais presque une
tradition dans les pays scandina
ves. A chaque scrutin, les grands
partis reculent, tandis que les pe
tites formations progressent,
contribuant à une fragmentation
de plus en plus marquée du pay
sage politique. Les élections nor
végiennes ne font pas exception.
Pour les travaillistes, la défaite
est historique. Ils perdent
huit points dans les communes,
neuf points dans les comtés. A
une certaine époque, pourtant,
« travaillistes et conservateurs
pouvaient obtenir ensemble envi
ron 70 % des voix », rappelle le
quotidien Aftenposten dans son
éditorial, le lendemain du vote.
Aujourd’hui, ils ne sont qu’à 45 %,
incapables de garder leurs élec
teurs historiques et tout aussi in
capables d’en attirer de nouveaux.
Ils ne sont pas les seuls : les trois
partenaires des conservateurs au
gouvernement – le Parti du pro
grès (Fremskrittspartiet, FrP), les
chrétiensdémocrates et les libé
raux – reculent également. Aucun
ne parvient à capitaliser sur l’en
trée en scène d’un nouveau parti
politique : Folkeaksjonen nei til
mer bompenger (Action popu
laire en faveur du non à l’augmen
tation des péages urbains, FNB).
Né en 2014 sur les réseaux so
ciaux, ce mouvement de protes
tation réclame la suppression des
péages installés à l’entrée des
grandes villes, et dont le nombre
a fortement augmenté ces der
nières années. Il séduit particuliè
rement les habitants des ban
lieues et des quartiers périphéri
ques, lassés de payer toujours
plus pour financer des projets de
développement de transports pu
blics dans les centresvilles.
Lundi, le FNB a enregistré son
meilleur résultat (22 %) à Alver,
une commune nouvellement
créée, rassemblant une dizaine
de petites localités, en bordure de
Bergen, la deuxième ville du
pays, où il réalise son second
meilleur score (16 %). A Stavan
ger, troisième ville de Norvège, il
arrive en troisième position, de
vant le Parti du progrès.
Avant de faire campagne con
tre l’immigration, la formation
populiste s’est longtemps profi
lée comme le parti des automo
bilistes, défendant la construc
tion de routes et autoroutes, fi
nancée par l’argent du pétrole.
Or, depuis son entrée au gouver
nement en 2013, le FrP, dont la
responsable, Siv Jensen, occupe
les fonctions de ministre des fi
nances, a donné son feu vert à de
nombreux projets de péages.
Excellent score du Centre
Ces derniers mois, une partie de
ses militants et plusieurs de ses
leaders exigeaient que le parti
quitte le gouvernement. Lundi
soir, Siv Jensen n’a pas caché son
soulagement. Même si le FrP en
registre son plus mauvais score
depuis 1991, il se maintient à 8 %
des voix, audessus de ce que pré
disaient les sondages. Le FNB,
pour sa part, a fait moins bien que
prévu, à 2,6 % des voix.
Le grand gagnant des élections
est le Parti du centre, avec 15 %
des voix. Protestant contre le
recul des services publics en
province, ce parti agrarien et
eurosceptique a fait campagne
en faveur d’une décentralisation
accrue, au profit des régions. Son
excellent score, selon Aftenpos
ten, est « un signal clair que
beaucoup, en dehors des grandes
villes, font l’expérience d’une cen
tralisation qui menace leurs
moyens de subsistance ».
Preuve de cette polarisation : la
forte progression des Verts dans
les centres urbains. Les écologis
tes doublent leur score dans la
capitale, qu’ils dirigent avec les
travaillistes et les Rouges (ex
trême gauche) depuis 2015, et où
ils ont fait de la transition
écologique une priorité, en dé
barrassant notamment le cen
treville de ses voitures. Une
politique qui ne plaît pas à tout le
monde : les opposants aux péa
ges urbains ont remporté près de
6 % des voix à Oslo.
Face à la montée des Verts, les
travaillistes hésitent. Devraient
ils œuvrer à un rapprochement
d’ici aux législatives de 2021, en
dépit de désaccords profonds
avec les écologistes sur l’avenir du
secteur pétrolier notamment?
Pas question, a déclaré mardi le
patron de la puissante confédéra
tion syndicale LO, HansChristian
Gabrielsen, qui refuse de soutenir
« une politique impliquant la sup
pression de milliers d’emplois pour
[ses] membres ».
annefrançoise hivert
Travaillistes
et conservateurs
s’avèrent
incapables
de garder
leurs électeurs
historiques
J A P O N
Shinzo Abe remanie
son gouvernement
Le premier ministre japonais,
Shinzo Abe, a remanié son
gouvernement, mercredi
11 septembre. Les fonctions
clés sont confiées à des figu
res déjà présentes dans
l’équipe sortante, dont certai
nes changent de poste. Taro
Kono passe à la défense et
Toshimitsu Motegi le rem
place aux affaires étrangères.
Par ailleurs, treize nouveaux
venus font leur entrée, dont,
à l’environnement, le popu
laire jeune loup Shinichiro
Koizumi, fils de l’exchef de
gouvernement Junichiro
Koizumi. – (AFP.)
P R É C I S I O N
Raoni Metuktire, le cacique
indigène kayapo de l’Amazo
nie brésilienne, par l’intermé
diaire de son conseil,
Me William Bourdon, a sou
haité nous indiquer que, en
raison d’un problème de tra
duction, une erreur d’inter
prétation est intervenue dans
l’une des réponses recueillies
par Le Monde dans l’entretien
publié le 9 septembre.
En effet, M. Raoni a souhaité
que sa pensée soit précisée
comme suit : « Les Indiens
ayant pris les armes l’ont fait
dans des aires de conflit, en
état de légitime défense, pour
s’opposer à l’invasion de leurs
terres par les orpailleurs illé
gaux et les trafiquants de bois,
qui sont lourdement armés.
La loi brésilienne interdit aux
Blancs d’entrer dans les terres
indigènes, qui sont protégées
par la Constitution. L’Etat
a l’obligation de garantir
la protection des territoires
et les populations autochtones.
Il est légitime que les peuples
autochtones se défendent face
à ces agressions violentes.
Nous, nous expulsons ceux
qui entrent sur nos terres sans
utiliser d’armes. Mais, face
à l’abandon de l’Etat, certains
peuples ne trouvent pas
d’autres choix. »
Un poste prestigieux et
des soucis pour Goulard
La Française, visée dans une affaire d’emploi
fictif, est désignée au marché intérieur
bruxelles bureau européen
C
e dut être une journée ri
che en émotions pour Syl
vie Goulard. Mardi 10 sep
tembre, elle s’est vu confier un
vaste portefeuille économique – le
marché intérieur, qui recouvre
aussi l’industrie, la défense et l’es
pace – au sein de la prochaine
Commission. Quasi au même mo
ment, elle était entendue par la po
lice, en région parisienne, sur les
soupçons d’emploi fictif de l’un de
ses assistants quand elle était
eurodéputée MoDem.
Une affaire sur laquelle enquête
également l’Office européen de
lutte antifraude (OLAF). Et qui
l’avait décidée à quitter son poste
de ministre des armées d’Emma
nuel Macron, en juin 2017, un mois
après sa nomination.
Les parlementaires européens
qui l’auditionneront ne manque
ront pas de l’interroger sur ce dos
sier. « A cause de cette affaire, Gou
lard n’a pas pu rester au gouverne
ment français, et elle pourrait être
commissaire? », s’étonne un cadre
du Parti populaire européen. Que
l’affaire soit close au niveau des
services administratifs de l’insti
tution communautaire – elle a
remboursé, cet été, 45 000 euros,
correspondant aux salaires qu’elle
avait versés au collaborateur qui
ne travaillait plus pour elle – ne
suffira pas à désamorcer l’agace
ment de certains. « Le Parlement
ne l’a pas blanchie. Elle reconnaît
que c’est un emploi fictif, puisqu’elle
rembourse », déclare à l’AFP l’euro
député écologiste David Cormand,
pour qui la France aurait dû propo
ser un autre nom.
« L’OLAF est complètement indé
pendant. Ils vont finir leur travail
et on va les écouter », a commenté
mardi la prochaine présidente de
la Commission, Ursula von der
Leyen, insistant sur « la présomp
tion d’innocence ». Sylvie Goulard
devra aussi s’expliquer sur les ré
munérations qu’elle a touchées
- plus de 10 000 euros brut par
mois de 2013 à début 2016, selon
ses déclarations – de l’Institut
Berggruen, un groupe de ré
flexion américain, lorsqu’elle
était eurodéputée.
Fédéraliste revendiquée
« Personne ne conteste les compé
tences de Syvie Goulard en matière
européenne », rappelle un diplo
mate. Cette fédéraliste revendiquée
a été, entre 2001 et 2004, la con
seillère de Romano Prodi, quand il
présidait la Commission, avant
d’être élue à Strasbourg sous l’éti
quette MoDem entre 2009 et 2017.
Et elle est très appréciée des Alle
mands. « Mme von der Leyen la vou
lait dans sa Commission », précise
un proche d’Emmanuel Macron.
Elle est également dans les petits
papiers du président français,
auprès duquel elle s’est engagée
très tôt, dès octobre 2016. Elle a
contribué à organiser sa rencontre
avec la chancelière Angela Merkel
en mars 2017, qui lui a permis de
commencer à se construire une
stature internationale.
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