MondeLe - 2019-08-27

(Ron) #1

6 |planète MARDI 27 AOÛT 2019


Au moins 750 000 hectares de


forêt détruits par le feu en Bolivie


Pour les associations de défense de l’environnement, les incendies


sont favorisés par la politique d’extension des terres agricoles


lima ­ correspondance

D

epuis début août, la
Bolivie, comme son
voisin brésilien, est
confrontée à d’im­
menses feux de forêts qui, selon
les estimations officielles, ont
déjà ravagé entre 750 000 et un
million d’hectares. Les incendies
touchent la région de la Chiquita­
nia, une zone de plaine à l’est du
pays, jouxtant le bassin amazo­
nien, sans que la tragédie au Bré­
sil y soit directement liée.
La zone est « d’une grande bio­
diversité et renferme la réserve
naturelle de Tucavaca », explique
Cecilia Martinez, anthropologue
à l’université de Buenos Aires.
Elle abrite des centaines d’espè­
ces d’animaux et de plantes en­
démiques « uniques au monde »
et de « nombreuses population in­
digènes et métisses » y vivent. Les
feux touchent également la ré­
gion frontalière du Paraguay et
les deux pays ont annoncé avoir
mis en commun leurs forces
pour les éteindre.
Vendredi 23 août, le gouverne­
ment d’Evo Morales a déployé
d’importants moyens pour venir
à bout des flammes, avec notam­
ment la location d’un Boeing Su­
pertanker aux Etats­Unis, un avi­
on­citerne capable de transpor­
ter jusqu’à 75 000 litres d’eau par
vol et disposant d’une autono­
mie de treize heures.
Une réponse jugée « tardive »
par les associations environne­
mentales. « Il a fallu que le feu

s’étende et arrive à un niveau hors
de contrôle pour que le gouverne­
ment envoie des hélicoptères et des
avions », dénonce Pablo Villegas,
chercheur au Centre de documen­
tation et d’information de Bolivie
(Cedib), une organisation proche
des milieux écologistes.
Six vols ont été réalisés depuis
samedi, qualifiés de « succès » par
le ministre de la présidence, Juan
Ramon Quintana, qui a déclaré
que les pompiers avaient pu cir­
conscrire plusieurs foyers. Quel­
que 2 000 militaires et 450 poli­
ciers ont également été dépêchés,
selon le ministère de la présidence.
Néanmoins, les incendies
n’étaient toujours pas maîtrisés
dimanche soir, en raison surtout
des vents particulièrement vio­
lents en cette période de l’année.
Selon les autorités, les foyers
s’étendaient sur plus de
4 000 hectares dans des zones
toujours « inaccessibles ».

« Décret criminel »
Les critiques n’ont pas tardé à
émerger de la part de groupes
d’opposition et d’organisations
écologistes, qui demandent la
« proclamation de désastre natio­
nal » et le déploiement d’une
« aide internationale ». Diman­
che dans la soirée, le gouverne­
ment bolivien a annoncé que
l’aide était « bienvenue ».
Les ONG accusent également le
président Evo Morales – qui sera
candidat à sa réélection le 20 oc­
tobre et a demandé la suspension
pour une semaine de la campa­

gne présidentielle – d’être respon­
sable de ces incendies, comme
son homologue brésilien. Les
feux sont favorisés selon elles par
une politique de déprédation de
l’environnement qui participe « à
la déforestation » et à « l’avancée
de la frontière agricole ».
La Coordination nationale de
défense des territoires indigènes
paysans originels et des aires
protégées (Contiocap) estime
quant à elle que cette « dévasta­
tion » est « le fruit d’une politique
économique irrationnelle
d’agrandissement de monocultu­
res [de soja et de canne à sucre] et
d’une extension de l’élevage ».
Au centre de la polémique, un
décret, promulgué le 9 juillet,
autorise le « brûlis contrôlé » pour
les petits propriétaires terriens et
les propriétés communautaires
dans les départements de Santa
Cruz et Beni, ceux­là même qui
sont aujourd’hui en proie aux
flammes. « Il s’agit d’un décret ir­
responsable et criminel qui favo­
rise une pratique dangereuse alors
que nous sommes en pleine épo­
que de sécheresse et de vents vio­
lents », s’indigne Pablo Villegas.
La culture sur brûlis – chaqueo –
est une pratique courante en Bo­
livie avant les semailles. De l’avis
des agriculteurs, elle améliore la
qualité des sols. Evo Morales a ré­
cemment défendu cette pratique
dans la presse, s’interrogeant :
« De quoi vont vivre les petits pay­
sans s’ils ne pratiquent pas le brû­
lis? » Lors de la promulgation du
texte, il avait également jugé « es­
sentiel » que cette pratique soit
contrôlée et rappelé que le gou­
vernement avait pour « mission
que la Bolivie puisse croître éco­
nomiquement, non seulement à
partir des ressources naturelles

non renouvelables, mais égale­
ment grâce à l’agriculture ».
Pourtant, selon les détracteurs,
ce décret servirait avant tout les in­
térêts de l’agro­industrie. « Le gou­
vernement favorise l’implantation
de colons [l’expression désigne gé­
néralement en Bolivie des paysans
venus des Andes pour trouver des
terres plus propices dans les bas­
ses terres] pour défricher et ouvrir
la voie aux grands propriétaires »,
affirme Pablo Villegas.
Les organisations écologistes dé­
noncent aussi le supposé « double
discours » du président bolivien,
qui se poserait en défenseur de la
« Terre mère » à l’étranger mais
pratiquerait au niveau national
une politique contraire.

« Politique extractiviste »
Parvenus au pouvoir en 2005, Evo
Morales et son Mouvement vers
le socialisme (MAS) ont approuvé
en 2009 une nouvelle Constitu­
tion qui reconnaît des droits à la
nature. Toutefois, « il défend une
politique extractiviste [basée sur
l’extraction des matières premiè­
res], des mégaprojets hydroélectri­
ques et des routes au cœur même
de parcs naturels et de territoires
indigènes », dénonçait dès 2017
Pablo Solon, ex­ambassadeur
sous l’administration d’Evo Mo­
rales et activiste pour la défense
de l’environnement.
Comme le Brésil voisin, la Boli­
vie subit une déforestation à
grande échelle. Les organisations
écologistes boliviennes estiment
que 350 000 hectares de forêts,
de bois et de pâturages sont per­
dus chaque année du fait de l’ex­
tension de l’activité agricole. Si
les conséquences de ces incen­
dies sont encore difficiles à me­
surer, elles s’accordent à dire
qu’elles sont « énormes » et dé­
plorent des dommages « irréver­
sibles ». Près de 2 000 personnes
sont affectées par les feux et les
éleveurs ont déclaré dans la
presse que leurs pertes s’éle­
vaient déjà à 5 millions de dollars.
La reforestation de la zone rava­
gée par les incendies prendra, se­
lon les spécialistes, au moins près
de deux cents ans.
amanda chaparro

Un produit financier pour


sauver les rhinocéros


Les investisseurs gagneront de l’argent
si leur nombre croît dans cinq parcs africains

nairobi ­ correspondance

L


e rhinocéros, disent cer­
tains spécialistes, pourrait
avoir disparu d’ici dix ans,
en raison notamment du bracon­
nage et de la réduction de son ha­
bitat. En particulier, le rhinocéros
noir est « en danger critique », au
seuil de l’extinction dans la nature.
La population de ce mastodonte
de la savane africaine est passée de
65 000 individus en 1970 à seule­
ment 5 500 aujourd’hui.
Afin d’inverser la tendance,
Conservation Capital, une société
londonienne qui développe des
modèles de protection de la
faune, veut proposer dès 2020
une approche nouvelle : des obli­
gations. Les investisseurs verront
leur placement rémunéré si la po­
pulation de rhinocéros s’accroît,
selon un objectif chiffré.
« En réaction à la crise du bra­
connage, beaucoup d’argent a af­
flué ces cinq à dix dernières an­
nées pour la protection des rhino­
céros. C’est fantastique, mais il
s’agit d’argent à court terme », ex­
plique Kathleen Fitzgerald, repré­
sentante de Conservation Capital
à Nairobi. Ces subventions, pour
la plupart, n’offrent pas assez de
visibilité pour, par exemple, em­
baucher plus de rangers. De plus,
souligne­t­elle, cet argent est ra­
rement conditionné à des résul­
tats. « Ce que nous proposons,
c’est donc du financement à long
terme, sur cinq ans, détaille
Mme Fitzgerald. Et un mécanisme
basé sur la performance. »
Deux années ont été nécessai­
res à Conservation Capital et à
son partenaire, la Zoological So­
ciety of London, pour structurer
ce produit financier. Sur les
130 parcs naturels candidats à
l’aventure, publics ou privés,
seuls cinq (au Kenya et en Afrique
du Sud) ont été retenus, en raison
de leur importante population de
rhinocéros noirs et de leur capa­
cité à tenir les objectifs.
A eux seuls, ils comptent envi­
ron 700 individus, soit 12 % de la
population mondiale. Mais faire
grossir ce chiffre est un défi : cer­
tains peinent à dépasser 1 % de
croissance des rhinocéros par an.
« Chaque parc a ses problèmes :
certains ont besoin de plus de ran­
gers pour mieux protéger les ter­
rains, d’autres doivent étendre leur
habitat disponible car les naissan­

ces ralentissent au­delà d’une cer­
taine densité », poursuit cette an­
cienne responsable de l’ONG Afri­
can Wildlife Foundation.
Au total, 40 millions de dollars
(35,6 millions d’euros) d’investis­
sements sont nécessaires
(50 millions si l’on inclut les frais
de gestion et les intérêts). Grâce à
ces fonds, l’objectif est une aug­
mentation moyenne de 5,6 % de
cette population en cinq ans.
Les équipes font actuellement le
marketing du produit, à la fois
auprès des investisseurs, qui achè­
teront les obligations et permet­
tront la mise en place du pro­
gramme, et des « payeurs finaux »,
des donateurs qui vont s’engager à
rendre aux premiers leur capital,
assorti de bénéfices. Les intérêts
devraient se situer entre 2 % et 5 %
en cas de succès.

Un million minimum
En cas d’échec en revanche (une
stagnation ou un déclin de la po­
pulation), l’investisseur perdra
sa mise. « C’est comme investir
dans des actions, vous ne savez ja­
mais, il s’agit de confiance, pré­
cise Kathleen Fitzgerald. Mais s’il
y a une perte, le payeur final, lui,
ne débourse rien. »
Les investisseurs, qui devront
miser au minimum un million de
dollars, montrent « beaucoup d’in­
térêt » pour le produit. « Nous som­
mes très confiants. C’est un rende­
ment assez faible mais ils voient
cela comme un moyen d’investir en
Afrique de façon moins risquée »,
assure­t­elle. Interrogés mi­juillet
dans le Financial Times, une res­
ponsable de Credit Suisse expli­
quait s’intéresser à ce « concept
unique » tandis que le directeur
des services de philanthropie
d’UBS Wealth Management souli­
gnait que ce produit « n’ayant ja­
mais été proposé auparavant, les
risques tiennent à la capacité des
organisations impliquées d’obtenir
les résultats » escomptés.
Les « payeurs finaux », par
exemple des fondations ou des or­
ganisations multilatérales, dont
l’engagement minimum sera de
5 millions de dollars, demandent
plus d’efforts de marketing. « C’est
un montant assez important pour
ces institutions, qui ont souvent
déjà planifié leurs dépenses », sou­
ligne Mme Fitzgerald. Verdict d’ici
au deuxième trimestre 2020.
marion douet

Evacuation à San Lorenzo, dans une zone de l’est de la Bolivie en proie aux flammes, le 24 août. DAVID MERCADO/REUTERS

« De quoi vont
vivre les petits
paysans s’ils
ne pratiquent pas
le brûlis? »
EVO MORALES
président de la Bolivie

La Colombie prône un pacte régional
pour la défense de l’Amazonie
Le président colombien, Ivan Duque, a dit, dimanche 25 août,
qu’il proposerait un pacte régional pour la conservation de
l’Amazonie devant l’Assemblée générale des Nations unies, en
septembre, en réponse aux incendies qui ravagent le Brésil, la
Bolivie et le Paraguay. M. Duque devrait évoquer ce projet lors du
conseil des ministres binational, mardi 27 août, avec son homo-
logue péruvien, Martin Vizcarra. Les derniers chiffres, arrêtés sa-
medi soir, font état de 79 513 feux de forêt depuis le début de
l’année au Brésil, dont un peu plus de la moitié en Amazonie.
Sous la pression internationale, et alors que le G7 a mis le sujet à
l’ordre du jour, les autorités brésiliennes sont entrées en action
dimanche, deux avions larguant les premières dizaines de mil-
liers de litres d’eau au-dessus de la forêt tropicale.

Avis d’Appel d’Offres InternationalOuvert
ASECNA/DGDD/DETD/1926/
----------&&&&--------
Dansle cadredela miseenoeuvredesonPlandesServiceset Equipements,
l’Agencepourla Sécuritédela NavigationAérienneen Afriqueet à Madagascar
(ASECNA)lanceunAppeld’OffresOuvert Internationalpourla réalisationen
Uniondes Comores,destravauxdeconstruction:


  • du bloc techniqueet de la tour de contrôlede l’aéroport internationalde
    Moroni

  • des logementsd’astreinteà l’aéroport internationalde Moroni
    LeDossierd’Appeld’Offres(DAO) peutêtreconsultésurlesiteweb de
    l’ASECNA (www.asecna.aero)et retiréà partirdu19 août 2019à la Direction
    desEtudesetProjets(ASECNA),Routede la Cornichedes Almadiesà
    proximitédu lieu de pèlerinage des Layènesà Dakar- Sénégal, Téléphone
    : (221) 33 848 05 10 – Email: [email protected], contrelepaiement
    obligatoired’unesommenonremboursable deUn MillionCinqCentMille
    (1.500.000)de FrancsCFA, soit DeuxMilleDeuxCentQuatre Vingt Six
    Euros SoixanteQuatorzeCentimes(2.286,74€) à la CaissePrincipale
    de l’AgenceComptable de l’ASECNA sise au 32-38,Avenue Jean Jaurès,
    Téléphone: +22133 849 66 75, à la Délégationde l’ASECNA à Paris, 75
    Rue la Boétie– 75008Paris – France,Téléphone:+33 1 44 95 07 07, oudans
    lesReprésentationsde l’ASECNA auprèsdes Etatsmembres.
    Ladatelimitederemisedesoffresà laDirectiondes Etudeset Projets
    (ASECNA), Routede la cornichedes Almadies- proximitédu lieu de
    pèlerinage des Layènesà Dakarau Sénégal, Tél. : 33 848 05 10, Dakar-
    Yoff (Sénégal)estfixéeau 1 eroctobre 2019à 12 heures (T.U.). Aucuneoffre
    arrivéehorsdélaineseraacceptée.Touteoffredéposéeà toutautreendroit
    à l’ASECNA,seferaauxrisquesdusoumissionnaireet neserapaspriseen
    compte.L’ ouverturedesoffresenséancepubliquedevant lessoumissionnaires
    (ouleursreprésentants)quiledésirent,auralieulemêmejour(1eroctobre
    2019)à13 heures (T.U.)dansla sallederéuniondelaDirectiondes Etudeset
    ProjetsauxAlmadiesà Dakar– Sénégal
    Le DirecteurGénéral


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01.49.04.01.85- [email protected]
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