LeSoir - 2019-08-14

(ff) #1
Page 8Mercredi 14 août 2019Mad

An Elephant Sitting Still
★★★★
De Bo Hu avec Yu Zhang,
Yuchang Peng, Uvin Wang,
Congxi Li... 320 mn.
An Elephant Sitting Still
est le chef-d’œuvre
unique d’un jeune réalisa-
teur chinois qui a mis fin
à ses jours après avoir
mis la dernière touche
(dorée) à son film. Hu Bo
avait 29 ans. Ce film-
monde de trois heures
cinquante – qui passent
pourtant comme un rien
de temps – suit quatre
âmes solitaires dans une
ville anonyme du nord de
la Chine le temps d’une
journée qui va changer
leur destinée. Ces quatre
âmes vont se croiser,
elles sont connectées par
une rumeur presque
anodine. Dans la ville de
Manzhouli, il se dit qu’un
éléphant reste assis et
préfère ignorer le monde
que de faire le beau pour
ceux qui viennent l’admi-
rer. Une fable dans la-
quelle les quatre âmes
trouvent sinon une voie
vers le salut, du moins un
pansement à leur déses-
poir. Derrière l’histoire de
ces quatre âmes soli-
taires, c’est aussi un
portrait de la Chine
contemporaine qui est
donné. (D.Z.)

Diego Maradona
★★★★
D’Asif Kapadia, 130 mn.
Imaginez la ville la plus
pauvre d’Europe enga-
geant le joueur le plus
cher du monde. C’est à
partir de là qu’Asif Kapa-
dia construit son docu-
mentaire sur Maradona,
génie du ballon rond.
Rebelle, héros, tricheur et
Dieu. Et va tenter de dire
pourquoi même en abor-
dant les questions qui
fâchent. Car Diego Mara-
dona fascine le monde
entier, fans de foot ou
pas. Par sa vie de gloire,
sur fond de polémiques
et de tragédies, de
conflits conjugaux, de
drogue et de liens avec la
pègre. Une vie terrible et

formidable. « Moi, ce que
je veux, c’est être Mara-
dona. La gloire passe
avant l’argent », disait-il.
Le documentaire de Ka-
padia, déjà reconnu avec
son film sur le coureur
automobile Ayrton Senna
puis sur la chanteuse
Amy Winehouse (Oscar
du meilleur documen-
taire), débute dans les
bidonvilles de Villa Fiori-
to. Mais l’axe central,
c’est la période folle à
Naples quand, de 1984 à


  1. Pendant plus de
    deux heures, des docu-
    ments d’archives excep-
    tionnels, commentés en
    voix of par Maradona
    lui-même, sa femme
    Claudia Villafane, son
    ex-petite amie Christiana
    Sigrana, sa sœur et les
    plus proches de l’Argen-
    tin, soit près de 80 per-
    sonnes, déroulent la vie
    incroyable de ce gamin
    pauvre au pied d’or. Asif
    Kapadia a eu accès à
    plus de 500 heures
    d’images inédites issues
    des archives personnelles
    du footballeur. (F.B.)


Dirty God
★★★
De Sacha Polak, avec Vicky
Knight, Bluey Robinson, Rebecca
Stone, Katherine Kelly, 104 mn.
Le visage à moitié brûlé,
et une petite fille de deux
ans. C’est tout ce qu’il
reste de la relation de
Jade avec son ex, qui l’a
défigurée à l’acide. A la
violence de cette relation
« amoureuse » succède
désormais celle du regard
des autres. Face à cette
nouvelle vie qu’elle n’a
pas choisie, Jade doit
faire un choix : se laisser
couler, ou s’accepter,
réapprendre à sourire et
à aimer... (G.My)

Douleur et gloire
(Dolor y gloria)
★★★★
De Pedro Almodóvar, avec
Antonio Banderas, Penelope Cruz,
Julieta Serrano, 112 mn.
Un homme en apnée, le
dos balafré d’une cica-
trice, donc fragilisé. La
caméra plonge dans l’eau
de la piscine comme
Almodóvar va plonger au
cœur de sa vie, de ses
affects. En douceur, à
hauteur de visages. Pour
une mise à nu boulever-

sante comme jamais le
cinéaste culte de la Movi-
da ne s’était permis.
A l’aube de la septan-
taine, pour son 21efilm,
Almodóvar rompt toutes
les barrières intimes et
fait le bilan. (F.B.)

La Flor
★★★
De Mariano Llinás, avec Elisa
Carricajo, Valeria Correa, Pilar
Gamboa, Laura Paredes, 814 mn.
Une épopée de 14 heures,
divisée en six épisodes,
inspirés chacun par diffé-
rentes formes cinémato-
graphiques. La Florest de
ces objets cinématogra-
phiques non identifiés, à
l’intitulé qui effraie. Pour-
tant, il s’agit plus d’un
voyage dans l’histoire du
cinéma, à travers les
époques et les genres,
que d’un monstre irregar-
dable. Le premier épisode
pourrait être considéré
comme un film de série
B, tel que les Américains
avaient l’habitude d’en
faire les yeux fermés et
qu’ils ne peuvent plus
tourner aujourd’hui. Le
deuxième est une sorte
de comédie musicale
avec un soupçon de
mystère. Le troisième est
un film d’espionnage. Le
quatrième est difficile à
décrire. Le cinquième est
inspiré d’un vieux film
français de Jean Renoir.
Le dernier s’intéresse à
des femmes retenues en
captivité au XIXesiècle,
qui reviennent du désert
et des terres indiennes
après bien des années.
Les différentes parties sortiront
successivement aux cinémas
Galeries et Vendôme à Bruxelles
et resteront ensuite à l’écran
jusqu’à fin août.

Le cochon, le renard
et le moulin
★★★
D’Erick Oh, 50 mn.
En 2014, le court-métrage
The Dam Keeper, de Ro-
bert Kondo et Dice Tsut-
sumi, raconte l’histoire
d’un jeune cochon, gar-
dien d’un barrage qui
maintient un mystérieux
nuage noir éloigné des
habitants. Suite au succès
du film, la jeune société
de production califor-
nienne Tonko House
décide de poursuivre le
filon et de raconter en dix

chapitres ce qui s’est
déroulé avant ainsi que
les souvenirs d’enfance
de Cochon. Cela donne
de drôles d’aventures
avec une fleur jaune, des
fourmis bleues, un nuage
noir, un drôle de masque,
des fruits fructivores, un
peu de neige, un moulin à
vent, un veilleur de
brumes, des lions man-
geurs de cochon et l’ami
renard... (F.B.)

Le Daim
★★★
De Quentin Dupieux, avec Jean
Dujardin, Adèle Haenel, Albert
Delpy... 77 mn.
C’est l’histoire d’une
veste. Une veste à
franges, un peu trop
petite, sans doute trop
chère, mais franchement
classe. Une veste 100 %
daim. Quand Georges
tombe dessus, il n’hésite
pas, il part, abandonne
son vieux blouson dans la
cuvette d’un W-C au bord
d’une autoroute et tra-
verse le pays pour ache-
ter ce petit bijou. Il se
retrouve ensuite dans un
hôtel perdu au milieu des
montagnes. Muni d’une
petite caméra, il se fait
passer pour un cinéaste
en tournage. Alors, la
veste commence à lui
parler. Elle a un projet...
Singulier, joliment
construit sans tomber
dans l’exercice de style,
Le Daims’inscrit aussi
dans cette nouvelle ten-
dance du cinéma français
d’embrasser le cinéma de
genre à l’américaine et de
le placer dans un cadre
d’auteur, à l’image de
Gravede Julia Ducournau.
Western surréaliste,
slasherd’auteur ou que
sais-je, Le Daima une
singularité qui souffle le
frais sur le cinéma fran-
çais. Un film un peu trop
léger, peut-être, sans
doute trop court, mais
franchement classe.
100 % Dupieux. (D.Z.)

Le jeune Ahmed
★★★
De Luc et Jean-Pierre Dardenne,
avec Idir Ben Addi, Olivier
Bonnaud, Myriem Akheddiou,
84 mn.
Le jeune Ahmed est
habité par Dieu. Il lit le
Coran, va à la mosquée,
fait ses ablutions et ses

cinq prières par jour, ne
touche pas la main d’une
femme car c’est impur.
C’est récent dans la vie
d’Ahmed. Il y a peu, il a
détaché les posters de sa
chambre, a rangé sa
PlayStation pour faire ce
que l’imam lui dit : prier
le plus possible pour être
proche d’Allah,« aussi
proche que la veine de son
cou ». Influence. Un co-
pain a beau lui dire que
c’est l’intention qui
compte, Ahmed a décidé
qu’il serait un pur qui
apprend les versets du
Coran et idolâtre son
cousin mort au djihad.
Autour de lui, une mère,
des sœurs, une institu-
trice désemparées qui ne
comprennent pas, qui ne
le comprennent plus. (F.B.)

Le roi Lion (The Lion King)
★★★★
De Jon Favreau, 118 mn.
Jon Favreau s’empare
magistralement du chef-
d’œuvre d’animation Le
roi Lionde 1994 pour une
version 100 % numérique
faisant preuve d’un réa-
lisme sidérant. 25 ans
après l’œuvre Disney
originale, il donne donc
une nouvelle et fabuleuse
dimension à ce récit
poignant d’un lionceau
quittant la Terre des
Lions, convaincu d’avoir
provoqué la mort de son
père. Avec l’aide de deux
nouveaux amis, le jeune
lion va devoir trouver
comment grandir et re-
prendre ce qui lui revient
de droit... (F.B.)

Les plus belles années
d’une vie
★★★
De Claude Lelouch, avec Anouk
Aimée et Jean-Louis Trintignant,
90 mn.
Il y a 53 ans, Claude
Lelouch réunissait Anouk
Aimée et Jean-Louis
Trintignant dans une
histoire d’amour fulgu-
rante. Jean-Louis Duroc,
aujourd’hui dans une
maison de retraite chic, a
la mémoire immédiate
qui flanche mais il se
souvient de l’époque où il
était coureur automobile,
où il était séduisant et
séducteur, mais surtout il
se souvient d’Anne Gau-
thier qu’il a terriblement
aimée et qu’il n’a pas su

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ÀNEPA SMANQUER


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