Liberation - 2019-08-14

(Ron) #1

Habituée des films


d’auteur comme des


scènes de théâtre,


la comédienne


de 36 ans est


l’héroïne du loufoque


«Perdrix» d’Erwan


Le Duc. Un rôle


qu’elle a travaillé avec


son sens du texte


et ses nombreux


questionnements


existentiels.


Maud Wyler,

c’est du sérieux

E


st-elle si barrée que ça? Maud Wyler
débarque un brin en retard, tout feu
tout flamme, remarque que ses chaus-
sures et les nôtres sont identiques, rit avec le
photographe, s’installe en étalant ses diffé-
rentes longueurs autour de la table, bras, che-
veux... A ce moment-là, la comédienne res-
semble à Juliette Webb, son personnage dans
Perdrix(lire ci-contre), héroïne gentiment
inadaptée qui refuse l’amour et vient secouer
une famille plus inadaptée encore. «Quand
j’ai découvert le scénario, c’était un rôle rêvé.
Il m’a rappelé les cours de clown du Conserva-
toire, c’était mon clown», sourit-elle. Puis elle
lance un scud qu’aurait pu sortir son person-
nage: «Mais j’avais peur de ne pas prétendre
à ce type de rôle, je ne suis pas une miss météo.»
Qui est-elle alors? Tentons de portraiturer la
comédienne de 36 ans à la notoriété au bord
de l’explosion.
Maud Wyler est déjà une habituée des scènes.
Fille d’une danseuse qui l’a portée sur les
planches jusqu’à ses huit mois de grossesse,
elle traîne ensuite «dans les coulisses des théâ-
tres, dans les bras des danseurs». Ses parents
sont «très différents. Amoureux du mystère
qu’ils avaient l’un pour l’autre, le genre “je ne
comprends pas qui j’ai en face de moi mais je
l’admire”. Enfant, on désosse ça très vite». Sé-
paration. Maud Wyler est élevée dans une
ferme des Yvelines, chez ses grands-parents.
«Je me racontais beaucoup d’histoires. Quand
je me suis rendu compte que c’était un métier
et qu’on pouvait être payé pour le faire, c’était
pratique, je n’ai pas hésité.»

«LIBIDO» DU TEXTE
Elle emprunte le chemin de croix des aspi-
rants comédiens: avalanche de petits boulots
(«garde d’enfants, hôtesse d’accueil, vestiaire,
tractages, télémarketing, j’ai même vendu du
saumon fumé dans une boutique pour riches
à Boulogne») qui lui apprennent fina-

Par
GUILLAUME TION
Photo RÉMY ARTIGES

Maud Wyler,
vendredi
à Paris.

lll

20 u Libération Mercredi^14 et Jeudi^15 Août^2019

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