Les Echos - 02.03.2020

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22 // ENTREPRISES Lundi 2 mars 2020 Les Echos


Anne Feitz
@afeitz


Pied au plancher et les poches plei-
nes. Le numéro un mondial de
l’automobile, Volkswagen, est en
pleine forme pour affronter la crise
qui s’annonce. Alors que son com-
patriote Daimler a annoncé il y a
quelques jours des bénéfices en
chute libre, le géant allemand vient
de publier à nouveau d’excellents
résultats pour l’exercice 20 19 – et
même d’annoncer un dividende en
hausse.


Gain de parts de marché
Le chiffre d’affaires et le bénéfice
d’exploitation (hors éléments
exceptionnels) s’affichent tous deux
en forte hausse : +7,1 % pour le pre-
mier, à 253 milliards d’euros, et
+12,8 % pour le second, à 19,3 mil-
liards. Soit une marge opération-
nelle de 7,6 % à faire pâlir d’envie la


AUTOMOBILE


Le géant de Wolfsburg,
numéro un mondial
de l’automobile,
a vu ses revenus,
son bénéfice opéra-
tionnel et sa généra-
tion de cash grimper
fortement en 2019.


Il prévoit pour 2020
une stabilité
de ses ventes.


Vo lkswagen en pleine forme pour affronter


la crise qui s’annonce


2018 (où il s’était élevé à 3,2 mil-
liards). Mais ce n’est pas fini : le
géant de Wolfsburg a notamment
conclu vendredi un accord pour
verser 8 30 millions à ses clients alle-
mands (lire ci-contre).
Se félicitant de la robustesse
financière du groupe, le directeur
financier Frank Witter n’en a pas
moins rappelé l’environnement de
marché toujours difficile. « Attein-
dre nos objectifs ambitieux deman-
dera un effort majeur à tout le
groupe », insiste-t-il. Sa marque
Volkswagen avait annoncé il y a un

an 5.000 à 7.000 suppressions de
postes d’ici à 2023, dans le cadre
d’un vaste plan d’économies visant
à dégager 5,9 milliards d’euros par
an à compter de cette date.

Ralentissement anticipé
Le groupe investit parallèlement
lourdement d ans l’électrification d e
ses gammes : i l a annoncé e n
novembre vouloir passer à un
rythme annuel de 12 milliards par
an. Ses dépenses pourraient cette
année grimper sous l’effet « d’activi-
tés de fusions-acquisitions », indi-

que-t-il dans son communiqué.
Il prévoit pour 2020 une stabilité
de ses ventes, une hausse du chiffre
d’affaires de 4 % et une marge opé-
rationnelle comprise entre 6,5 % et
7,5 %. Tout en avertissant sur les
incertitudes qui continuent à pla-
ner sur le secteur.
Le ralentissement des marchés
automobiles déjà anticipé pourrait
être largement amplifié par l’épidé-
mie de coronavirus, qui risque fort
de ne pas épargner le géant alle-
mand compte tenu du poids de ses
ventes en Chine.n

Le groupe aux douze marques (Volkswagen, Audi, Porsche, Skoda, Seat, Bentley, Bugatti, etc.), dirigé par
Herbert Diess, a vu ses ventes grimper à 10,97 millions de véhicules l’an dernier. Photo Michael Sohn/AP/Sipa

souligne le directeur financier du
groupe, David Claverie. Le groupe
met en avant 1,9 milliard de com-
mandes remportées en 2019. Il réa-
lise désormais une partie plus
importante de son chiffre d’affai-
res en Asie, qui représente plus
d’un quart de ses ventes. Orano ne
table pas, en revanche, sur le con-
trat géant portant sur la construc-
tion d’une usine de retraitement
des déchets en Chine. « Nous ne
maîtrisons ni le timing ni l’issue »,
note Philippe Knoche.

Recul de « l’aval »
Le résultat opérationnel est
plombé par les activités dites
« aval » de recyclage des combusti-
bles nucléaires usés, des services
dans des centrales nucléaires ou
encore du démantèlement, princi-
palement à cause d’une base de
comparaison défavorable. Il recule
de 9 % à 468 millions d’euros. Mais
le groupe bénéficie d’une « bonne
dynamique des activités Mines et
Amont », explique-t-il dans un
communiqué. Les prix de l’ura-
nium se stabilisent, tandis que
ceux de la conversion et de l’enri-
chissement s’améliorent, détaille
Philippe Knoche.
Orano se dit optimiste pour
2020, tablant sur une « poursuite
de la croissance du chiffre d’affai-
res ». Le groupe poursuit par
ailleurs sa stratégie de réduction
des coûts baptisée « Value 2020 ».
Il a déjà réduit de 100 millions ses
coûts opérationnels, dont 20 mil-
lions l’année dernière.n

à suivre


Véhicules
électriques : EDF
sabre dans son
réseau de bornes

ÉNERGIE La filiale d’EDF spé-
cialisée dans la mobilité élec-
trique, Izivia, a annoncé la
fermeture définitive de 189
des 217 bornes de recharge
rapide sur autoroutes du
réseau Corri-Door, pour des
raisons de sécurité. Seules
28 bornes, fournies par un
autre sous-traitant, seront
maintenues dans l’immédiat.
Izivia compte remplacer un
certain nombre des stations
défectueuses, mais pas tou-
tes, espérant conserver un
quart du réseau.

Rolls Royce
défie la tempête
boursière
AÉRONAUTIQUE Le fabri-
cant britannique de moteurs
d’avions et de turbines Rolls-
Royce estime que les problè-
mes du moteur Trent 1000 qui
ont encore lourdement
plombé ses comptes en 2019
sont en passe d’être réglés.
Hors charges exceptionnel-
les, sa rentabilité a fortement
progressé. Le résultat
d’exploitation « sous-jacent »,
hors charges exceptionnelles,
a bondi de 25 % comparé à
2018, à 808 millions de livres,
pour un chiffre d’affaires en
hausse de 7 %, à 15,45 mil-
liards de livres.Au-delà de ces
chiffres, l’autre bonne nou-
velle est l’affirmation selon
laquelle Rolls-Royce a enfin
repris le contrôle du pro-
gramme Trent 1000, Outre le
retour à la normale sur ce
moteur, 2020 devrait être
aussi l’année des premiers
bénéfices sur le Trent XWB,
qui équipe les Airbus A350.

Hortense Goulard
@HortenseGoulard

L’hor izon s’éclaircit un peu pour
Orano. Le groupe français spécia-
lisé dans le cycle du combustible
nucléaire, ex-Areva, a renoué avec
la croissance l’année dernière. Le
directeur général Philippe Knoche
a salué vendredi « des résultats soli-
des et un retour à la croissance avec
un chiffre d’affaires en hausse de
4,5 % ».
L’année 2018 avait été marquée
par un résultat négatif lié à la
dégradation des marchés finan-
ciers qui avait pénalisé les place-
ments du groupe. L’an dernier,
Orano a au contraire bénéficié
d’un rebond sur ces marchés
qui ont amélioré le rendement
des actifs dédiés aux fonds de
démantèlement. Le groupe se dit
optimiste pour 2020, malgré un
léger recul de son carnet de
commandes.

Résultats en hausse
L’an dernier, le groupe a réussi à
dégager un bénéfice net de
408 millions d’euros, contre une
perte de 544 millions en 2018. Le
carnet de commandes du groupe
recule légèrement, de près de
32 milliards fin 2018 à un peu
moins de 30 milliards l’année der-
nière. Cela représente néanmoins
« huit ans de chiffre d’affaires »,

NUCLÉAIRE


Après une année 20 18
dans le rouge, le
groupe a recommencé
à croître l’année
dernière.

La perspective de
signer un contrat
géant avec la Chine
demeure incertaine.

Orano repasse


dans le vert


Dieselgate :
le constructeur
débourse 830
millions d’euros

C’est la fin de la première
class-action à l’allemande.
Le méga procès « diesel-
gate » ouvert en septem-
bre dernier à Brunswick
a trouvé son terme ven-
dredi avec l’annonce par
Volkswagen d’un « accord
juste et transparent »
conclu avec la Fédération
allemande des consomma-
teurs (VZBV), à l’origine
de cette plainte collective.
Le constructeur va mobili-
ser 830 millions d’euros
pour indemniser quelque
260.000 clients estimant
avoir été trompés lors
de l’achat de leur véhicule
diesel. Dans les détails,
Volkswagen va indemni-
ser à hauteur de 15 % en
moyenne du prix initial
d’achat les propriétaires
ayant acquis leur véhicule
avant le 31 décembre 2015
et résidant outre-Rhin.
Ce montant est compara-
ble aux précédents
accords liés au scandale
du diesel. Les plaignants
éligibles ont jusqu’au
20 avril pour accepter
l’offre et renoncer par
la même occasion
à leur plainte.

408

MILLIONS D’EUROS
Le bénéfice net dégagé par
Orano l’an dernier, alors qu’il
affichait une perte de
54 4 millions d’euros en 2018.

plupart des constructeurs en ces
temps incertains. De même sa tré-
sorerie nette a augmenté de
10,8 milliards sur l’année, portant le
total à 21,3 milliards au 31 d écembre


  1. « C’est bien a u-dessus des a tten-
    tes », relève Citi dans une note.
    Le groupe aux douze marques
    (Volkswagen, Audi, Porsche,
    Skoda, Seat, Bentley, Bugatti, etc.),
    dont les ventes o nt grimpé à
    10,97 millions de véhicules l’an der-
    nier, a gagné des parts de marché
    « dans presque toutes les régions »,
    explique-t-il, promettant plus de
    détails lors d’une conférence de
    presse prévue le 17 mars.


Il mentionne aussi l ’amélioration
de son mix produit et la bonne per-
formance de sa division financière.
Alors que le marché chinois, où il
réalise 40 % de ses ventes, a reculé
l’an dernier, le résultat opérationnel
de sa coentreprise locale a légère-
ment baissé, à 4,4 milliards.
Le scandale d u « dieselgate » l ui a
encore coûté 2,3 milliards l’an der-
nier, portant le total de la facture à
plus de 30 milliards depuis 2015. Un
coût toutefois moins élevé qu’en

Le scandale
du « dieselgate »
lui a encore coûté
2,3 milliards l’an
dernier, portant
le total de la facture
à plus de 30 milliards
depuis 2015.
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