le Brexit, c’est un peu plus de
60 milliards d’euros qui, au total,
vont se volatiliser au cours des
sept prochaines années. Or l’UE a
de nouvelles ambitions pour ren-
forcer sa souveraineté et verdir
son économie.
Coupes budgétaires
A défaut d’une forte hausse des
contributions des Etats membres
- massivement rejetée par le nord
de l’Europe – il va donc falloir
tailler dans certaines dépenses. Et
bien que Paris ait tout fait pour
empêcher cette rhétorique de
s’installer, de nombreux pays ont
développé un discours opposant
des politiques jugées « tradition-
nelles » (donc dépassées) à
d’autres, considérées comme
« modernes ». Au centre de leur
viseur : l a politique de cohésion e t,
plus encore, la PAC.
La proposition qui devait servir
de base à la négociation, mise sur la
table par le président du Conseil
européen, Charles Michel, prévoit
de consacrer 329 milliards d’euros,
sur sept ans, à la PAC (à prix cons-
tants 2018). C’e st certes un peu plus
que les 324 milliards avancés par la
Commission européenne. Mais par
rapport aux près de 383 milliards
budgétés entre 2014 et 2020, le coup
est dur. Le premier syndicat agri-
cole européen, le Copa-Cogeca, a
fustigé une proposition « totale-
ment inacceptable ». L’eurodéputée
LR Anne Sander met, de son côté,
en garde contre une PAC potentiel-
lement « sabordée ». En insistant
sur le fait que « la baisse budgétaire
du premier pilier de la PAC qui
apporte un soutien direct au revenu
agricole risque d’être dramatique
pour certains secteurs ». En particu-
lier l’élevage.
Ligne rouge
Certes, Charles Michel a cherché à
envoyer un signal positif à la
France, qui compte beaucoup sur
les aides directes – en rehaussant
légèrement, par rapport à la propo-
sition précédente, le budget qui y
serait consacré. Mais Paris joue la
fermeté : « Les aides directes ne peu-
vent en aucun cas baisser. C’est une
ligne rouge partagée par une majo-
rité d’Etats membres », assure l’Ely-
sée. A son arrivée à Bruxelles,
Emmanuel Macron était sur la
même ligne : « Le compte n’y est
pas », a jugé le président.
Paris n’e st pas seul. Jeudi, les
dirigeants des pays Baltes sont
allés apporter leur soutien, dans
les rues de Bruxelles, aux agricul-
teurs venus manifester contre les
projets des dirigeants européens.
Et le Premier ministre polonais,
Mateusz Morawiecki, a été clair.
Les nouvelles politiques de
l’Europe, a-t-il prévenu, « ne peu-
vent se faire au détriment de la poli-
tique de cohésion et de la PAC ».
A Bruxelles, le départ du Royaume-Uni
met la PAC en difficulté
Gabriel Grésillon
@GGresillon
—Bureau de Bruxelles
Pendant que les caméras sont bra-
quées sur la porte de Versailles, à
Paris, l’avenir de l’agriculture se
jouerait-il plutôt dans un huis
clos bruxellois? Depuis jeudi
après-midi, les dirigeants euro-
péens sont réunis, à vingt-sept,
pour tenter de s’e ntendre sur le
prochain budget de l’Union euro-
péenne. Or cette négociation capi-
tale pour les années 2021-202 7
pourrait être lourde de conséquen-
ces p our le monde agricole : la Poli-
tique agricole commune (PAC) ris-
que d’e n pâtir.
Les dirigeants européens doi-
vent résoudre un casse-tête : avec
Les dirigeants européens
ont entamé, jeudi, des
négociations marathon sur
l’avenir du budget euro-
péen. Sous forte contrainte
financière à cause du
Brexit, l’Europe pourrait
amputer les dépenses
agricoles.
de chèvre de la coopérative Agrial
a été augmentée de 40 euros.
Auchan a développé 153 filières
dites « responsables » de ce type
en France en six ans. La première
est née, il y a vingt ans, avec les éle-
veurs du veau d’Aveyron. Chez le
distributeur nordiste, on affirme
qu’elles sont plus exigeantes que
celle de la concurrence. La démar-
che a été étendue dans les autres
pays d’implantation, en Russie et
en Pologne notamment. L’objectif
est de 1.500 filières fin 2020 dans le
monde dont 250 dans l’Hexagone.
Les filières pèsent 200 millions de
chiffres d’affaires et 10 % des
rayons boucherie et poissonnerie.
Surtout du porc et du lait
En 2019, Intermarché a payé les
éleveurs qui approvisionnent Bel
395 euros la tonne de lait, soit 11 %
de plus que le prix du marché. C’est
380 euros pour Sodiaal. Pour le lait
de chèvre, les Mousquetaires
acquittent 749 euros à Agrial, qui
fabrique le Soignon. Leclerc
rémunère aussi mieux le lait et
soutient la conversion au bio.
Si le mouvement est général, les
observateurs relativisent et expli-
quent que si le porc et le lait sont
mieux payés, ce n’est pas encore le
cas de beaucoup de produits agri-
coles. Les distributeurs rétor-
quent qu’ils achètent, sauf pour
leurs marques propres, à des
industriels et qu’ils ne savent pas si
ceux-ci répercutent aux agricul-
teurs les hausses de tarifs négo-
ciés. De l’art de passer le mistigri...
—Philippe Bertrand
Auchan, l’allemand Lidl et Inter-
marché vont poser leurs valises au
Salon de l’agriculture. Les accords
de filières que les enseignes
signent font office de laissez-pas-
ser au milieu des salopettes bleues
de ceux qui, à chaque crise, enva-
hissent sans hésitation les super-
marchés. La loi Egalim, qui vise
une meilleure rémunération des
producteurs, a joué le rôle d’accé-
lérateur des bonnes pratiques.
Alexandre Bompard, le PDG de
Carrefour, a appelé à la « transition
alimentaire » en faveur du bon, du
sain et du local. Auchan et les
autres ont repris l’antienne. Enver-
gure, la centrale d’achat de Carre-
four et de Système U a signé, en
février 2019, quelques jours après
l’entrée e n vigueur du texte, quatre
accords avec Lactalis, Sodiaal,
Yoplait et Laïta. Les tarifs payés à
28.000 éleveurs ont été revalori-
sés. Le prix du porc des produits
Herta a été augmenté en janvier
dernier. Carrefour a multiplié les
partenariats qui financent la con-
version au bio. Le groupe a lancé, il
y a vingt ans, sa première Filière
Qualité, qui garantit des contrats
de trois ans, alors que les négocia-
tions c ommerciales c lassiques ont
lieu tous les ans. Elles concernent
aujourd’hui 21.000 producteurs. Il
y a quelques jours la tonne de lait
Les distributeurs affichent
leur souci des agriculteurs
par des accords de
revalorisation des prix
d’achat et des contrats
longs pour des filières.
Les accords de filières
se multiplient
BOUYGUES
RÉSULTATS
ANNUELS
- OBJECTIFSANNUELS
ATTEINTS - TRÈS BELLESPERFORMANCES
DE BOUYGUESTELECOM - DIVIDENDE:2,60€/ACTION
DONT0,90€ÀTITRE
EXCEPTIONNEL
Le groupe Bouygues atteint ses objectifs annuels grâceàdesrésultats solides
portés par ses trois activités et une génération élevéedecash.
Le chiffred’affaires du Groupe est en hausse de 7 %sur un an à 37 , 9 milliards
d’euros, tirépar l’ensemble des métiers.Comme attendu,la profitabilitédu
Groupe progresse(résultat opérationnelcourant, marge opérationnellecourantea).
À 1184 millions d’euros, lerésultat net part du Groupe est enrepli de 124 millions
d’euros sur un an, enraison de la baisse des produits noncourantsb,principalement
chez BouyguesTelecom.
BouyguesTelecom atteint son objectif de cash-flowlibrede 300 millionsd’euros
en 2019 (+ 109 millions d’euros).
À 815 millions d’euros, la génération de cash-flowlibreaprès BFRcdu Groupe,
hors dividendes d’Alstom, adoublé parrapport à 2018.
La structurefinancièreduGroupes’estrenforcéeavecune forteréductiondeson
endettement financier net.
Leconseil d’administration proposeraàl’assemblée générale du 23 avril 2020 un
dividende de 2 , 60 euros par action dont 0 , 90 europar actionàtitreexceptionnel.
PERSPECTIVES
Dans des marchés porteursàlongterme, les activités deconstructionrenforceront
leur portefeuille de solutions bas carbone pourconserver leur leadership en
construction durable et bénéficieront de l’ensemble des actions engagées pour
améliorer leurrentabilité. TF 1 s’inscrit dans une dynamique de croissancepérenne
pour se positionnercomme un acteur majeur du marché de la vidéo.
BouyguesTelecom vise une croissancedeson chiffred’affaires services d’environ
5 %etuncash-flowlibresupérieur à 300 millions d’euros en 2020 ,dans uncontexte
de croissancedeses investissements(attendus entre 1 , 1 et 1 , 2 milliardd’euros
bruts hors fréquences)nécessairesàl’augmentation de la capacitéMobile en 4 Get
au début du déploiement de la 5 G.
En 2020 ,Bouygues poursuivrasacroissancedurable et générerauncash-flow
libreaprès BFRcde 1 milliardd’eurosgrâceàlacontribution de ses trois activités.
Afin deréduireses émissions de gazàeffets de serred’ici 2030 ,leGroupe définira
en 2020 un objectifcompatibleavecl’A ccorddeParis (limiter leréchauffement
climatiqueà+ 1 , 5 °C)etunplan d’action seraétabli par ses cinq métiers.
Retrouvez l’intégralitéducommuniqué etdesrésultats surbouygues.com
Relations Investisseurs:[email protected]
@GroupeBouygues
Devant latourAltoàParis-La Défense–Architecte:IF Architectes
Crédits photo:ThomasFrancius/NabilBilay/Shutterstock Custom
(a)retraitée de la plus-value liéeàlacession partielle des titres etréévaluation de la participationconservée d’Axione pour 106 M€en 2018
(b) 20 millions d’euros en 2019 contre 265 millions d’euros en 2018
(c)cash-flowlibreaprès BFR=capacitéd’autofinancement nette(déterminée aprèscoût de l’endettement financier net, après charges
d’intérêts sur obligations locatives et après impôts décaissés)diminuée des investissements nets d’exploitation ainsi que duremboursement
des obligations locatives. Il est calculé aprèsvariation du BFR liéàl’activitéethors fréquences 5 G.
CHIFFRESCLÉSCONSOLIDÉS
CHIFFRE D’AFFAIRES
en millions d’euros
37929 + 7 %
a
RÉSULTATOPÉRATIONNELCOURANT
en millions d’euros
1676 + 112 M€
RÉSULTATNETPARTDU GROUPE
en millions d’euros
1184 -1 24 M€
ENDETTEMENT NETb
en millions d’euros
(2222) + 1390 M€
(a)+ 5 %àpérimètreetchangeconstants
(b)au 31 décembre 2019
« Les aides
directes ne
peuvent en aucun
cas baisser. C’est
une ligne rouge
partagée par une
majorité d’Etats
membres. »
UNE SOURCE À L’ÉLYSÉE
Les Echos Vendredi 21 et samedi 22 février 2020 ENTREPRISES// 17