Les Echos - 03.03.2020

(Dana P.) #1

22 // ENTREPRISES Mardi 3 mars 2020 Les Echos


phoz, dont la longueur peut varier
entre 4,4 et 4,8 mètres, préfigurant
les véhicules électriques à venir en


  1. La plateforme CMF-EV sert
    déjà de base au Nissan Ariya, le SUV
    électrique que le constructeur japo-
    nais doit lancer cette année.


Des clients circonspects
Renault doit aussi introduire l’an
prochain la nouvelle génération de
moteur. Toujours fabriquée à
Cléon (Seine-Maritime), celle-ci
devrait permettre de réduire les
coûts de 20 %. Les batteries reste-
ront, en revanche, a chetées à l’exté-
rieur, au coréen LG Chem. Alors
que ce dernier a contraint Jaguar et
Audi à interrompre momentané-
ment leur production ces derniè-
res semaines, faute d’approvision-
nement suffisant, Gilles Normand
n’est pas inquiet. « Nous avons s écu-

risé les volumes » , insiste-t-il. Reste
la grande question : les clients
répondront-ils à l’appel? C’est cru-
cial pour Renault, qui était encore
loin, fin 2019, de ses objectifs CO 2
po ur 2020. Or certains experts
craignent que, parmi les citadines,
la ZOE soit dépassée par l’attrait de
la nouveauté affichée par les
concurrents. « Elle s’est vendue à
10.000 exemplaires en janvier, nous
sommes confiants » , assure Gilles
Normand, qui vise 100.000 unités
sur l’année.
Les clients restent globalement
circonspects sur la mobilité élec-
trique, inquiets sur l’autonomie et
réticents sur les prix. Renault n’a
pas encore annoncé les tarifs d e ses
nouveaux modèles, mais même la
Dacia électrique n’est pas attendue
par les spécialistes à moins de
15.000 euros, bonus déduit.n

Anne Feitz
@afeitz


Renault déploie sa stratégie dans
l’électrique. En quelques semaines,
le groupe au losange a dévoilé nou-
veauté sur nouveauté. La Twingo à
batterie débarquera sur le bitume
dans l’année. Une Dacia électrique
devait être présentée ce mardi au
Salon de Genève finalement annulé



  • une déclinaison du petit SUV
    urbain K-ZE l ancé en Chine.
    Renault, e nfin, s’apprête à introduire
    dans sa gamme les motorisations
    hybrides. La Clio hybride est annon-
    cée dans les concessions en juin, de
    même que le Captur et la Megane
    hybrides rechargeables. Trois voitu-
    res à gros volumes.
    « Notre objectif est de réaliser, dès
    2020, 10 % de nos ventes avec des véhi-
    cules 100 % électriques ou hybrides
    rechargeables »
    , explique Gilles Nor-
    mand, directeur de la mobilité élec-
    trique du groupe. Un sacré bond par
    rapport à 2019 : l’an dernier, le
    groupe français a vendu près de
    62.500 voitures à batterie, soit 1,7 %
    des 3,7 millions de véhicules écoulés
    dans le monde. Dont 47.000 pour la
    seule ZOE, aux côtés des Kangoo ZE,
    Master ZE, Twizy, ou encore de la
    K-ZE, qui a fait ses débuts en Chine
    en novembre et q ui a totalisé
    2.660 ventes l’an dernier.
    Parti pionnier dans l’électromo-
    bilité, Renault passe aujourd’hui à
    l’étape suivante : l’élargissement de
    son offre. « Nous avons renouvelé en
    2019 notre modèle iconique, la ZOE,
    qui grâce à notre avance affiche le
    meilleur ratio prix/autonomie du
    marché
    , avance Gilles Normand.
    L’objectif est maintenant d’élargir la
    couverture de la gamme, en électri-
    fiant les segments inférieurs et supé-
    rieurs. »

    Après avoir lancé, dès 2013, la
    ZOE sur le segment B, celui des cita-
    dines où il réalise 40 % de ses ventes
    européennes, Renault va donc
    investir le segment A (celui des
    mini-véhicules urbains) avec la


AUTOMOBILE


LE 7/9

NICOLASDEMORAND

LÉASALAMÉ

7H /9H

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#LE79INTER
*Source:Médiamétrie 126000 Radio–Avril -Juin 2019–LV–13 ans et+–AC/QHM/PDA

1

re

MATINALE

DE FRANCE

*

©p
hoto

:Christophe Abramowitz

Renault a pour objectif de réaliser 10 % de ses ventes avec des véhicules 100 % électriques ou hybrides
rechargeables en 2020. Phot o Allili Mourad/Sipa

Vo ilà une nouvelle dont les cons-
tructeurs auto se seraient bien pas-
sés, au moment où les ventes de
voitures électriques sont cruciales
pour remplir leurs objectifs en
matière d ’émissions de CO 2.
La filiale d’EDF spécialisée dans la
mobilité électrique, Izivia, vient
d’annoncer la fermeture définitive
de 189 des 217 bornes de recharge
rapide sur autoroute du réseau
Corri-Door.
« Nous avons constaté des inci-
dents techniques sur deux bornes,
d’un même fournisseur » , explique
aux « Echos » Christelle Vives,
directrice générale d’Izivia (ex-So-
detrel). « Par précaution, nous
avons décidé le 7 février d’interrom-
pre leur exploitation, le temps de
faire des analyses. Or celles-ci ont
confirmé des problèmes de sécurité
pour les personnes. Nous avons donc
décidé vendredi matin de ne plus uti-
liser ces matériels. »
Selon nos informations, il s’agit
des bornes fournies par le sous-

traitant EVTronic (une start-up
bordelaise rachetée en juillet 2018
par EVBox, filiale d’Engie), qui ont
soudain présenté des marques noi-
res inquiétantes, début février.
Sur le réseau Corri-Door, seules
28 bornes, fournies par un autre
sous-traitant, seront maintenues
dans l’immédiat. Izivia compte
remplacer un certain nombre des
stations défectueuses, mais pas
toutes.

Réseau ancien
« No us espérons conserver un quart
du réseau, soit 40 à 50 bornes , dit
Christelle Vives. Le réseau est assez
ancien alors que l a technologie a évo-
lué, et de nombreux contrats
d’hébergement des bornes sont en
plein renouvellement. Il y a des dis-
cussions en cours. » En outre, le
taux de recharge des bornes arrê-
tées n’était que d’une utilisation
tous les deux jours.
Le coup n’en est pas moins rude
pour les détenteurs de voitures
él ectriques, déjà régulièrement
confrontés à des pannes ou à
l’hétérogénéité des abonnements
sur le réseau public. Si la plupart
rechargent leur véhicule chez eux
ou à leur travail, les bornes de
recharge rapide sur autoroute
permettent de garantir l’autono-
mie lors de longs trajets.

Or Corri-Door, géré par Izivia, est
encore le principal réseau existant
sur les autoroutes françaises.
« Nous sommes extrêmement embê-
tés pour nos clients, nous sommes
bien conscients des problèmes
posés » , insiste Christelle Vives.
Tout en approuvant la décision
d’Izivia, Cécile Goubet, la déléguée
générale de l’Avere-France (Asso-
ciation nationale pour le dévelop-
pement de la mobilité électrique)
pointe néanmoins « un souci, sur-
tout sur le court terme ».
« Il y a un fort déploiement en
cours, avec le renouvellement des
concessions autoroutières , relativi-
se-t-elle. Car il est désormais inscrit
dans la loi d’y prévoir des bornes de
recharge. » Le réseau européen
Ionity de recharge rapide, lancé
par les constructeurs allemands,
affiche notamment une vive crois-
sance. Il compte environ 200 sta-
tions dont 44 opérationnelles en
France, plus deux en construc-
tion.
Seul problème, il n’est pas com-
patible avec tous les standards. Les
marques japonaises en particulier,
dotées de la norme CHAdeMO, n’y
ont pas accès. Les pétroliers ont
aussi entrepris d’installer des sta-
tions sur les autoroutes, à l’instar
de Total, qui en compte déjà 4.
— A. F.

Izivia ferme la plupart de ses bornes


de rechargement sur autoroute


Pour des questions
de sécurité, Izivia, filiale
à 100 % du groupe EDF
(ex-Sodetrel), a décidé
de fermer 189 des 217 bor-
nes de recharge rapide
de son réseau Corri-Door
sur autoroute.

mes des moteurs thermiques, afin
de réduire les émissions de parti-
cules ou de CO 2. Fo rd, Opel ou
encore Fiat ont donc choisi de reti-
rer certains modèles de leurs cata-
logues. La problématique est la
même pour le passage à l’électri-
que. « Le c oût d e la batterie
peut renchérir de 30 % à 40 % le
prix d ’un petit modèle » , pointe Phi-
lippe Chain, consultant spécialisé
dans la mobilité électrique. Ce qui
peut dissuader le chaland.
Alors que le premier prix
d’une Twingo thermique est à
11.400 euros, la presse spécialisée
évoque u n prix un p eu inférieur à
20.000 euros après déduction du
bonus écologique. Même p roblé-
matique avec la Fiat 500, à
16.500 euros e n entrée de gamme
actuelle, contre 24.000 en ver-
sion électrique, croit savoir
Auto-moto.com.

Les objectifs de Bruxelles
à tenir
Si Renault et Fiat ont franchi l e pas,
c’est d’abord parce que l’autono-
mie des batteries, souvent jugée
dissuasive par les clients, s’est sen-
siblement améliorée. La Twingo
annonce ainsi 250 kilomètres de
trajets urbains sans recharge. Sur-
tout, les deux constructeurs doi-
vent tenir les objectifs de réduc-
tion d’émission de CO 2 assig nés
par Bruxelles au secteur, sous
peine de lourdes amendes. Pour y
parvenir, il leur a semblé néces-
saire de lancer des versions électri-
ques de leurs modèles iconiques.
Mais le succès commercial ne
devrait pas être au rendez-vous
dans l’immédiat, prévient Phi-
lippe Chain : « Le développement
de l’électrique se fera d ’abord dans la
zone de marché autour d e la
Model 3 de Tesla. Ce n’est que dans
un second temps, lorsque les utilisa-
teurs auront vaincu leurs réticences
initiales, qu’ils se tourneront vers l es
petites voitures urbaines. » n

Lionel Steinmann
@lionelSteinmann

Ce devait être l’un des enseigne-
ments du Salon automobile de
Genève, dont la tenue cette
semaine a été annulée pour cause
de coronavirus : le créneau des
mini-citadines, qui semblait pro-
mis au déclin, connaît un regain
d’attention de la part des
constructeurs avec l’arrivée de
versions 100 % électriques.
Renault vient ainsi de lever le
voile sur la Twingo ZE, la déclinai-
son électrique de son modèle
phare sur ce segment, avec près
de 4 millions d’exemplaires ven-
dus en Europe depuis l’apparition
de la première version en 1992. De
son côté, Fiat devait présenter à
Genève sa 500 Electric, très atten-
due. Deux arrivées qui s’ajoutent
à celles de la Seat Mii et de la Mini
Cooper SE électrique il y a quel-
ques semaines.
Ces lancements viennent rom-
pre avec la tendance ces derniè-
res années à l’attrition du seg-
ment A (les voitures dont la taille
est comprise entre 3,10 et
3,60 mètres). Sur le papier, ces
véhicules petit format ont pour-
tant tout pour satisfaire les
clients. Leur gabarit est idéal
pour se faufiler dans les centres-
villes urbains. Et ces modèles
d’entrée de gamme sont les
moins chers du marché, avec des
prix d’appel proches ou infé-
rieurs à 10.000 euros.
Mais ils sont aussi, par voie de
conséquence, ceux qui dégagent l a
marge la plus faible. Trop faible,
ont estimé plusieurs marques,
pour encaisser la mise aux nor-

Renault et Fiat dévoilent
à quelques jours d’inter-
valle une version 100 %
électrique de leur modèle
iconique d’entrée
de gamme.

lEn 2013, il avait été pionnier dans l’électromobilité avec la ZOE.


lRenault va étoffer sa gamme avec une Twingo et une Dacia électriques.


Renault se prépare à tirer une salve

de nouveaux véhicules électriques

Enfin du nouveau


pour le segment


des mini-citadines


Tw ingo, et celui du low cost avec la
K-ZE européenne. « Mais il y a aussi
de la place au-dessus de ZOE, pour-
suit Gilles Normand. Nous utilise-
rons ainsi dès l’an prochain la nou-
velle plateforme CMF-EV développée
par l’Alliance avec Nissan, pour
industrialiser un nouveau véhicule
électrique dans l’usine de Douai. »
Développée à Yokohama dans le
centre de R&D commun à Renault
et Nissan, cette plateforme modu-
laire pourra varier en longueur, en
largeur et en hauteur : Renault a
dévoilé lundi un concept-car, Mor-

62.500
VOITURES À BATTERIE
ont été vendues par Renault
en 2019.
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