Les Echos - 07.04.2020

(Axel Boer) #1

18 // ENTREPRISES Mardi 7 avril 2020 Les Echos


Globalement, d ans le cadre
de l’opération militaire Résilience,
l’armée de l’air déploie trois hélicop-
tères Caracal, deux hélicoptères
Puma, un avion-cargo A400M et un
Casa en sus de l’A330 équipé du kit
« Morphée », qui transporte des
patients en réanimation dans toute
l’Europe. Pour six patients en réani-
mation lourde transportés, il faut
mobiliser 20 personnes, dont 14 du
service de santé des armées.

Opération Résilience
Depuis mercredi après-midi, plus
d’une centaine de malades griève-
ment atteints par le Covid-19, ont
ainsi été transportés d es hôpitaux de
la région Ile-de-France jusqu’à Orly,
en ambulance ou par hélicoptère,
pour ensuite être transférés vers des
hôpitaux de province moins débor-
dés que dans la région parisienne,
par les moyens aériens de l’armée de
l’air.
Orly, qui est devenu un aéroport
fantôme depuis sa fermeture au tra-
fic commercial, a ouvert une cellule
de coordination médico-aéronauti-
que, qui récupère via l’Agence régio-
nale de santé la liste des patients à

transférer et une liste de places dans
les zones moins tendues que l’Ile-de-
France, et coordonne ainsi les vec-
teurs et les équipes médicales qui
vont se charger de ces transferts.
Lundi, le groupe Dassault Avia-
tion a confirmé qu’il mettait à dispo-
sition du ministère des Armées à
titre gracieux deux de ses avions
d’affaires Falcon : un Falcon 900 et
un 8X d’une capacité respective de 13
et 15 passagers, pour donner un
coup de main sur le transfert de per-
sonnel médical. « L’armée de l’air et
Dassault s’unissent pour transporter
plus de 50 personnels soignants civils
depuis la Bretagne afin qu’ils puissent
poursuivre leur mission en Ile-de-
France », s’est félicitée la ministre des
Armées Florence Parly.
Après avoir mobilisé ses moyens
pour faire voler jusqu’à 30 patients
par jour afin de désengorger des
hôpitaux du Grand Est puis de la
région parisienne, la donne change
quelque peu. Plutôt que de déplacer
les patients, et sauf besoin urgent en
places de réanimation (ce qui sup-
pose une logistique très coûteuse et
des moyens humains très impor-
tants), l’idée est à présent plutôt

d’amener d u personnel soignant dis-
ponible dans une région vers les
hôpitaux en surcharge d’une autre.

Gérard Feldzer aussi
A ce titre, l’association Aviation sans
frontières, présidée par le consul-
tant G érard Feldzer, a lancé u n appel
pour mobiliser la petite commu-
nauté de l’aviation d’affaires, afin
d’aider à ce transport. Gérard Feld-
zer déclare avoir mobilisé une ving-
taine de petits avions au service de
besoin de transport pour le minis-
tère de la Santé.
« Nous avons des compagnies
volontaires comme JetFly ou Daher,
des pilotes bénévoles pour piloter,
l’appui de Total pour nous fournir
gratuitement du carburant, la bien-
veillance de la DGAC pour faciliter les
vols, et nous pouvons donc répondre à
des besoins urgents pour transporter
des soignants d’un point A à un point
B en moins de 40 minutes ou pour
transporter du petit matériel à un
prix minimum », explique Gérard
Feldzer. Reste à mettre en œuvre
dans l es jours à venir une plateforme
Internet pour que la demande et
l’offre se répondent.n

CORONAVIRUS


Comment l’armée de l’air vient à la rescousse


des personnels soignants


Anne Bauer
@annebauerbrux

De jour en jour, l’armée renforce ses
moyens aériens au service de la lutte
contre le coronavirus. Hélicoptères,
Airbus A330 équipé d’un kit médical
de pointe qui permet de transporter
six patients en réanimation lourde,
avions de transport, tous les appa-
reils sont peu à peu affectés à des
tâches diverses.
Le week-end dernier, l’A400M, le
plus grand avion de transport de
l’armée de l’air, a transporté quatre
patients d’Orly à Clermont-Ferrand,
puis quatre autres patients de Col-
mar à Toulouse, tandis qu’un héli-
coptère NH90 de l’armée de terre
réalisait un transfert de deux
patients de Mulhouse à Toulouse.

Peu à peu, l’armée aug-
mente les moyens aériens
mis à la disposition de la
lutte contre le coronavirus,
tandis que l’aviation
d’affaires se propose aussi
de donner un coup de main
pour le transport du
personnel médical.

« En faisant jouer la clause de force majeure, certains fournisseurs cherchent aujourd’hui à gagner plus », a averti le président
de la CRE, Jean-François Carenco, dans une interview aux « Echos ». Photo iStock.

Christophe Palierse
@cpalierse


Alors que les premiers signes de
redémarrage en Chine apparais-
sent, les hôteliers français devront
s’armer de patience, et les pou-
voirs publics rester non loin de
leur chevet... Selon le groupe d ’étu-
des statistiques STR et le cabinet
spécialisé In Extenso, l’hôtellerie,
tant en France qu’e n Europe, ne
retrouvera pas son niveau d’acti-
vité de 2019 avant 2022 au mieux.
Dans une visioconférence com-
mune, ce duo d’experts de l’hôtel-
lerie a présenté un état des lieux
sombre, sans surprise, de l’activité
actuelle réduite à quasi néant par
l’impact de la pandémie de
Covid-19. Et prévenu que la reprise
ne se dessinera véritablement qu’à
partir de 2021 pour les hôteliers. Il
faudrait même compter une
année de plus, au moins, pour
retrouver le marché d’avant-crise.


2019, « année contrariée »
« La reprise est attendue en Europe
pour 2021. Le retour aux résultats
de 2019 interviendra en 2022,
affirme Aoife Roche, directrice
des comptes clients pour la zone
Europe-Moyen-Orient-Afrique
chez STR. Il faut compter trois à
quatre ans pour retrouver une
situation d’avant crise. » « Un
retour au niveau antérieur avant
dix-huit mois est peu probable »,
confirme Olivier Petit, associé au
sein du pôle Tourisme, Culture et
Hôtellerie d’In Extenso.
« On est, dans le meilleur des cas,
avec un retour de la situation de
2019 en 2022. L’expérience des cri-
ses précédentes nous a montré qu’il
fallait compter vingt-quatre à tren-
te-six mois pour retrouver une
situation antérieure. Mais la crise
actuelle est bien plus brutale
encore », précise après coup
Olivier Petit. A ce stade, la chute de


Frappée de plein fouet par
la pandémie de Covid-19,
l’hôtellerie ne devrait pas
retrouver son niveau
d’activité de 2019 avant
2022, selon le groupe
d’études statistiques STR
et le cabinet spécialisé
In Extenso. La reprise
profitera d’abord
à l’hôtellerie économique.


Hôtellerie : pas de


retour à la normale


avant 2022 au mieux


PSA protège ses finances


AUTOMOBILE Le constructeur automobile a annoncé avoir sous-
crit un emprunt de 3 milliards d’euros auprès de plusieurs banques
pour renforcer sa sécurité financière. « Cette opération renforce
notre capacité à faire face à cette situation exceptionnelle et à préparer
l’avenir. C’est a ussi u ne marque de confiance de nos banques partenai-
res dans l a solidité financière » du groupe, affirme le directeur finan-
cier, Philippe de Rovira. « Ce crédit syndiqué est d’une maturité ini-
tiale de douze mois qui peut être prolongée de un à deux trimestres
additionnels », précise PSA. Il « s’ajoute à une ligne de back up confir-
mée et non tirée de 3 milliards d’euros pour un montant total de 6 mil-
liards d’euros ». Avec Faurecia, le groupe disposait fin décembre de
23 milliards de sécurités financières, dont 17 en cash.


à suivre


n


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l’activité tant en France qu’à
l’étranger est bien plus forte qu’au
moment de la crise de 2008-2009,
constatent les deux spécialistes.
Pour ne rien arranger, la crise
actuelle intervient dans une mau-
vaise passe. « 2019 avait été une
année contrariée pour l’hôtellerie
française », rappelle Olivier Petit,
faisant référence au mouvement
des « gilets jaunes » et aux grèves
de fin d’année contre la réforme
des retraites.
Au vu de la situation actuelle, ce
dernier estime que la reprise de
l’hôtellerie en France sera d’abord
alimentée par la demande domes-
tique et bénéficiera en premier
lieu à l’hôtellerie économique. « Le
plus inquiétant, c’est le marché des
séminaires et congrès, les entrepri-
ses coupant en premier lieu dans ce
type de dépenses », pointe-t-il.

STR fait état pour le mois de
mars d’une chute moyenne de la
recette unitaire par chambre dis-
ponible (l’indicateur de rentabilité
opérationnelle des hôteliers) de
44 % à Saint-Pétersbourg, ou de
86 % à Rome. Paris figure dans les
villes européennes les plus affec-
tées, avec un recul de 75 %. D’une
manière générale, l’effondrement
de l’activité s’est accéléré dès les
premières semaines de mars.
Pour la France, STR et In Extenso
notent que « le plongeon com-
mence le 12 mars », dans la foulée
du premier discours fort du prési-
dent Macron sur la pandémie.n

« L’expérience
des crises
précédentes nous
a montré qu’il
fallait compter
24 à 36 mois
pour retrouver
une situation
antérieure. Mais
la crise actuelle
est bien plus
brutale encore. »
OLIVIER PETIT
Associé au sein du pôle
Tourisme, Culture & Hôtellerie
d’In Extenso

Sharon Wajsbrot
@Sharonwaj

La bataille est lancée. Selon nos
informations, deux associations
qui rassemblent les fournisseurs
d’énergie alternatifs – l’Anode
(l’association nationale des opéra-
teurs détaillants en énergie) et
l’AFIEG (l’association française
indépendante de l’électricité et du
gaz) –, ont déposé une requête
en référé suspension devant le
Conseil d’Etat afin de faire annuler
la décision de la Commission de
régulation de l’énergie (CRE)
du 26 mars.
Le régulateur y affirme, en dépit
de la crise du coronavirus, refuser de

transmettre au gestionnaire de
réseau RTE toute demande d’activa-
tion de la clause de « force majeure »
dans les contrats d’Arenh qui lient
les fournisseurs alternatifs à EDF.
Or, c’est une étape indispensable
pour que ces derniers puissent sus-
pendre tout ou partie de leurs obli-
gations d ’achat d ’é lectricité
nucléaire qui s’avèrent bien trop
abondantes dans la crise actuelle...

« Plusieurs millions
d’euros » de pertes
Ces deux associations qui rassem-
blent des fournisseurs comme
Total Direct Energie, ENI, Vatten-
fall, Planet Oui ou encore ekWateur
devraient être fixées très bientôt.
Elles ont activé une procédure
d’urgence auprès du Conseil d’Etat
qui permet d’obtenir u n avis du juge
des référés dans un délai variant de
48 heures à un mois environ.
« Une telle procédure qui rassem-
ble autant d’acteurs, c’est du
jamais-vu! Personne ne comprend l a
décision de la CRE qui s’inscrit en
faux par rapport aux propos du gou-

vernement. Même Bruno Le Maire
reconnaît qu’il y a force majeure
pour les entreprises », témoigne un
fournisseur d’électricité.
Avec l’effondrement des mar-
chés de l’électricité en Europe, les
fournisseurs alternatifs qui avaient
couvert les besoins estimés de leurs
clients pour l’année 2020 doivent
désormais écouler leur surplus
d’électricité à prix cassé sur le mar-
ché. « Les pertes se chiffrent déjà à

plusieurs millions d’euros. Il y a
urgence », atteste un autre fournis-
seur alternatif.
Pour motiver son refus, la CRE
met en avant un risque de contagion
et d’opportunisme. « En faisant jouer
la clause de force majeure, certains
fournisseurs cherchent aujourd’hui à
gagner plus », a averti son président,
Jean-François Carenco, dans une
interview aux « Echos ». Un argu-
ment jugé irrecevable aux yeux de
l’Anode et de l’AFIEG : les deux asso-
ciations estiment qu’il n’appartient
pas à la CRE de décider s’il y a force
majeure ou non.
« En prenant la délibération
contestée, la CRE a exercé illégale-
ment son pouvoir réglemen-
taire. Cette délibération constitue a
minima un acte de droit souple atta-
quable, car elle est de “nature à pro-
duire des effets notables, notamment
de nature économique” et a pour
objet d’influer de manière significa-
tive sur les comportements des per-
sonnes auxquelles ils s’adressent »,
explique la requête en référé que
« Les Echos » ont pu consulter.n

Les fournisseurs d’énergie


alternatifs s’attaquent au régulateur


Une procédure d’urgence
a été lancée auprès
du Conseil d’Etat. Objectif :
faire annuler l’avis
du régulateur de l’énergie
qui s’oppose à l’usage
de la « clause de force
majeure » dans les
contrats noués avec EDF.

L’activation de
la clause de « force
majeure » est une
étape indispensable
pour que
les fournisseurs
alternatifs puissent
suspendre tout
ou partie de leurs
obligations d’achat
d’électricité nucléaire.
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