Libération Lundi 6 Avril 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 15
voyages parisienne, le 20 mars. Photo Sylvie Barioz. Saif image
Discovery, lancé le 20 mars, analyse
à grande échelle plusieurs remèdes
contre le Covid-19, dont le Kaletra,
médicament prometteur utilisé jus-
qu’alors dans le traitement du VIH.
L’Agence nationale de sécurité du
médicament a rappelé que les trai-
tements testés pour soigner les pa-
tients ne devaient être utilisés qu’à
l’hôpital. Mais là encore, il suffit de
quelques recherches pour trouver
une boîte de Kaletra ou son généri-
que, le lopinavir-ritonavir, moyen-
nant une somme de 387 euros (frais
de port offerts). Certains patients
hospitalisés se sont vus prescrire
un protocole à base de Plaquénil et
de Zithromax, dont la molécule
l’azithromycine est un antibiotique
utilisé dans le traitement des
infections respiratoires. Des sites
proposent une boîte de 270 pilules
pour un total de 123 euros, sans
ordonnance.
Comme l’a révélé le Parisien, les
gendarmes de la section de recher-
ches de Strasbourg viennent de
mettre hors service 70 sites internet
et blogs qui prétendaient vendre de
la chloroquine. Les cachets étaient
vendus environ 1 euro pièce, contre
environ 4 euro s le paquet
de 30 comprimés en pharmacie.
Les enquêteurs ont découvert que
des dizaines de pages web tout à
fait légales et hébergées en France
par les plateformes overblog et
eklablog, elles aussi piratées par
des hackers, renvoyaient vers des
sociétés fantômes.
Des millions
d’euros perdus
A moyen terme, les autorités crai-
gnent autant une recrudescence de
la cybercriminalité «grand public»
que les piratages informatiques
sophistiqués ciblant des organisa-
tions, comme celle qui a visé
le 22 mars les serveurs de l’Assis-
tance publique - Hôpitaux de Paris
(AP-HP), affaire sur laquelle en-
quête depuis la Direction générale
de la sécurité intérieure (DGSI).
Une inquiétude partagée par la plu-
part des pays étrangers. Dans un
document daté du 26 mars, l’orga-
nisation internationale de police
criminelle Interpol alerte sur la
«nette augmentation» du nombre de
cyber-infractions conçues spéciale-
ment autour du thème du coronavi-
rus. Une technique d’hameçonnage
préoccupe tout particulièrement les
services de police : des malfaiteurs
envoient des lettres ou des courriels
concernant la pandémie en se
faisant passer pour des autorités
sanitaires, dans le but d’inciter les
victimes à ouvrir une page web et à
se connecter au site en entrant leur
véritable adresse mail et le mot de
passe associé. Les escrocs utilisent
ensuite ces données d’identifica-
tion pour accéder
à des informations
confidentielles et, le
cas échéant, pour sou-
tirer de l’argent à leurs
cibles.
Interpol alerte égale-
ment sur de nouvelles
formes d’escroquerie
par téléphone en lien
avec la pandémie de
Covid-19. Cette fois, ce
sont des personnes
âgées qui sont contac-
tées par un individu
prétendant être un
membre de leur fa-
mille hospitalisé. Ce
dernier demande en-
suite aux victimes de
régler des frais médicaux en effec-
tuant un virement bancaire ou en
remettant des espèces à de faux re-
présentants des services de santé
publique. Des millions d’euros ont
déjà été perdus par les victimes de
telles escroqueries.
En France, les principaux services
de police judiciaire, contraints de
travailler en effectifs réduits, ten-
tent de faire face à cette nouvelle
délinquance d’opportunité. «Nous
essayons de travailler en amont et
d’anticiper toutes les infractions qui
peuvent être encouragées par la si-
tuation actuelle, comme les escro-
queries aux faux ordres de virement,
mais aussi les braquages de phar-
macies ou les cambriolages de gros
entrepôts, souligne Christophe Des-
coms, patron de la DRPJ de Ver-
sailles. Ça ne fait que débuter, il va
y avoir une recrudescence de ces ac-
tes dans les prochaines semaines.
Alors on essaye de défricher le plus
largement possible.»
Plusieurs enquêtes ont aussi été
lancées au niveau international, no-
tamment sur la vente illicite en ligne
de médicaments et de produits mé-
dicaux. En mars, l’opération Pangea
a permis l’arrestation de 121 person-
nes dans le monde et la saisie de
produits pharmaceutiques poten-
tiellement dangereux d’une valeur
supérieure à 13 millions d’euros. Des
chiffres qui donnent une idée de
l’ampleur des profits déjà générés
par la pandémie.•
Une cinquantaine
d’affaires
significatives
sont déjà
remontées
au ministère
de la Justice
depuis la mise en
place des
restrictions
réglementaires.
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