Les Echos - 04.03.2020

(Darren Dugan) #1

Les Echos Mercredi 4 mars 2020 HIGH-TECH & MEDIAS// 25


Sky sur cet événement. Il s’intéresse
également à la Premier League
anglaise. DAZN arrive sur un mar-
ché français du football en plein
bouleversement. Le sort de RMC
Sport suscite des interroga-
tions. Mediapro a repris avec beIN
les principaux l ots du championnat
de France à Canal+ à partir de la sai-
son commençant e n août prochain.
Canal+ s’est remis dans le jeu
récemment en rachetant des
matchs de la Ligue 1 à beIN, en les
distribuant en exclusivité et en
reprenant les Coupes d’Europe.
« DAZN pourrait racheter des
matchs de championnat de France à
Mediapro, mais pas l’ensemble,
estime François Godard. C’est un
acteur audacieux mais qui réalise des

investissements mesurés, il ressemble
plutôt à beIN, c’est-à-dire un
deuxième service à côté du principal
fournisseur de sport dans un pays, et
son modèle est à confirmer. »
Le premier événement mondial
retransmis sur la plateforme sera le
combat du Mexicain Canelo Alva-

rez, avec qui DAZN a un contrat
géant de 350 millions de dollars, le
samedi 2 mai. « Consolider DAZN en
tant que foyer mondial des sports de
combat n’est que la première étape, »
dit, dans son communiqué de lance-
ment, Joseph Markowski, vice-pré-
sident exécutif de DAZN, qui super-
visera le service mondial. En plus
des événements sportifs en direct,
DAZN propose des archives en cons-
tante expansion de combats classi-
ques, des longs-métrages sur des
athlètes, etc. Depuis son lancement
en 2016, DAZN s’est initialement
étendu vers 9 pays : l’A utriche, le
Brésil, le Canada, l’Allemagne, l’Ita-
lie, le Japon, l’Espagne, la Suisse et
les Etats-Unis, précise le communi-
qué.n

Ni colas Madelaine
@NLMadelaine


La société se présente comme le
« Netflix du sport ». Un peu trom-
peur, estiment les analystes, puis-
que les droits des événements spor-
tifs, contrairement aux droits des
films et séries du leader de la SVoD,
restent locaux et pour une durée
courte. En outre, le sport se con-
somme essentiellement en direct,
plus qu’en rattrapage. N’empêche
que le lancement en mai prochain
de DAZN, un service de sport dispo-
nible sur Internet par abonnement
(pour autour de 10 euros), dans
200 pays et territoires, dont la
France, est scruté avec une grande
attention par les acteurs en place.
Cette société basée à Londres est
en effet dans le giron d’Access
Industries, le véhicule du milliar-
daire Len Blavatnik, propriétaire
également de Warner Music et de
Deezer, qui a la réputation d e laisser
à ses entreprises du temps pour se
développer. Et si elle est principale-
ment connue aux Etats-Unis dans
la boxe, en Allemagne et en Italie,
elle diffuse aussi des matchs de
football premium. En Italie, DAZN
(prononcer « De Zone » pour The
Zone) propose deux matchs de la
Serie A par semaine « pas les
meilleurs, mais pas les pires », dit
François Godard, analyste chez
Enders. Outre-Rhin, le service a
racheté à Discovery l es matchs de la
Bundesliga que ce dernier avait
acquis pour sa chaîne Eurosport.
Surtout, avec Amazon, il sera le
premier diffuseur de la Ligue des
champions dès la saison 2021-2022,
mettant fin à vingt ans de règne de


TÉLÉVISION


DAZN, connu pour la
boxe aux Etats-Unis
mais aussi pour le
football premium en
Italie et en Allemagne,
se lance dans 200 pays,
dont la France.


Il débarque dans un
marché hexagonal en
pleine transition.


Le « Netflix du sport »


débarque en France


Le premier événement mondial retransmis sur la plateforme sera le combat du Mexicain Canelo
Alvarez (à gauche), avec qui DAZN a un contrat géant de 350 millions de dollars. Photo Ethan Miller/AFP

ment a nd Arts A lliance, l’équivalent
local du Syndicat national des jour-
nalistes.
Les réactions au sein de la sphère
politique sont de la même teneur.
Le Premier ministre, Scott Morri-
son, a estimé que la disparition d’un
« média tel que l’AAP est un réel sujet
d’inquiétude ». « La plupart des Aus-
traliens n e se rendent pas c ompte que
la couverture équilibrée des actuali-
tés assurée par l’AAP en fait l’une des
rares forces contrecarrant les tentati-
ves de Murdoch d’endoctriner à la
sauce Fox News les Australiens à sa
réalité alternative », a pour sa part
commenté l’ancien Premier minis-
tre travailliste Kevin Rudd.
L’AAP avait pourtant, après une
restructuration massive, engrangé
des bénéfices (5,9 millions d’euros
pour un chiffre d’affaires de 39 mil-
lions d’euros) en 2019 et s’était
depuis quelques années diversifiée,
par exemple en fournissant des ser-
vices de fact checking à Facebook.
Cela n’a visiblement pas suffi. A
l’instar de la presse traditionnelle,
les agences de p resse sont en proie à
des difficultés grandissantes à l’ère
numérique. En 2011, c’e st l’agence
de presse néo-zélandaise qui avait
définitivement fermé ses portes.n

Grégory Plesse
— Correspondant à Sydney


Créée il y a quatre-vingt-cinq ans,
l’Australian Associated Press
(AAP) enverra sa dernière dépêche
à la fin du mois de juin. C’est son
PDG, Bruce Davidson, qui a
annoncé mardi la décision prise p ar
les actionnaires de l’agence.
« Les agences de presse sont con-
frontées depuis pas mal de temps à
un environnement difficile, mais
nous nous trouvons désormais dans
une situation où trop d e nos clients n e


MÉDIAS


Victime des informa-
tions gratuites diffu-
sées sur Internet,
l’agence de presse
cessera définitivement
ses activités le 26 juin
prochain.


Plus de 500 personnes,
dont 180 journalistes,
vont perdre
leur emploi.


HP aurait été l’acheteur et
Xerox la cible. HP a enregistré
58 milliards de dollars de recet-
tes en 2019, contre moins de
10 milliards de dollars pour
Xerox. Les d eux sociétés a ffron-
tent des vents contraires sur un
marché de l’impression papier
structurellement en baisse au
fur et à mesure de la numérisa-
tion des communications. Elles
ont toutes deux lancé des plans
d’économies ces dernières
années, notamment HP, dont
9.000 salariés (1 sur 6) sont sur
le départ. Mais ses deux vieilles
gloires de la Silicon Valley sont
assez complémentaires, Xerox
vendant des gros appareils de
bureau quand HP vend des
imprimantes plus compactes e t
plus individuelles.
La direction de HP s’est donné
dix jours ouvrés pour donner
son avis sur l’offre qui est propo-
sée à ses actionnaires. En atten-
dant, elle leur recommande de
garder leur sang-froid et de ne
pas répondre aux sollicitations
de Xerox. La semaine dernière,
HP avait opportunément relevé
son niveau de protection contre
d’éventuelles OPA inamicales.
Tout en lançant un attractif pro-
gramme de rachat d’actions à
15 milliards de dollars, le groupe
informatique a aussi adopté un
mécanisme de droit de la gou-
vernance permettant d’accroî-
tre les droits de vote et les divi-
dendes des a ctionnaires
historiques en cas de soudaine
montée au capital d’un acteur
extérieur. HP a donc déjà avalé
sa « pilule empoisonnée ». Pas
vraiment le meilleur moyen de
s’ouvrir l’appétit avant de dégus-
ter un gâteau de mariage.n

Florian Dèbes
@FL_Debes

C’est l’heure du choix pour les
actionnaires de HP, le géant des
PC et numéro un mondial des
imprimantes. Après des mois
de négociation avec les diri-
geants et des semaines de cam-
pagne auprès des investisseurs,
son concurrent Xerox a décidé
de mettre sa menace à exécu-
tion et de lancer une offre publi-
que d’achat, ouvrant la voie à
une prise de contrôle hostile.
Soutenu par plusieurs banques,
Xerox est prêt à débourser
35 milliards de dollars pour
s’offrir la totalité de HP, à raison
de 24 dollars par action, dont
18,40 dollars en cash et le solde
en actions Xerox. « Les action-
naires de HP vont recevoir
27 milliards de dollars immédia-
tement tout en conservant des
perspectives de long terme grâce à
la prise de participation »,
défend dans un communiqué le
PDG de Xerox, John Visentin.
L’offre de Xerox expirera le
21 avril prochain.

Deux vieilles gloires
complémentaires
Po ur le fabricant de photoco-
pieurs, il s’agit de s’associer avec
une entreprise trois fois plus
grosse que lui en Bourse et qui
pourrait lui permettre de déga-
ger plus de 2 milliards de dol-
lars de synergies. Mais Enrique
Lores, le PDG de H P, n e croit pas
à ce scénario et a déjà repoussé
à trois reprises depuis novem-
bre 2019 les assauts de Xerox,
sans toutefois fermer la porte à
un rachat... dans l’hypothèse o ù

BUREAUTIQUE


Le fabricant de
photocopieurs est
prêt à débourser
35 milliards de
dollars pour s’offrir
la totalité du géant
mondial des PC et
des imprimantes.

La direction de HP
s’est donné dix jours
pour donner son
avis mais vient de
relever ses protec-
tions contre les
prises de contrôle
hostiles.

Xerox met sa


menace d’OPA


hostile sur HP


à exécution


« Les
actionnaires
d’HP vont
recevoir
27 milliards de
dollars tout en
conservant des
perspectives de
long terme grâce
à la prise de
participation. »
JOHN VISENTIN
PDG de Xerox

DAZN arrive sur un
marché français
du football en plein
bouleversement.

Le sort de RMC Sport
suscite des
interrogations.

L’Australian Associated Press


va disparaître après 85 ans


veulen t plus payer pour nos conte-
nus. Trop de nos clients se basent sur
ce qu’ils trouvent sur Google ou sur
Facebook pour créer leurs propres
contenus », a-t-il expliqué.
Avec la disparition de l’AAP, ce
sont les emplois de q uelque
500 personnes qui vont disparaître,
parmi lesquels 180 journalistes.
Seuls quelques dizaines d’entre eux
pourront être reclassés dans l’une
des entreprises de presse qui sont
actionnaires de l’agence (News
Corp, Nine Network, Australian
Community Media, The West Aus-
tralian), fondée en 1935 par
Sir Keith Murdoch, le père du mil-
liardaire Rupert Murdoch, proprié-
taire de News Corp.

Des bénéfices en 2019
« Les Australiens dépendant du dur
labeur des reporters de l’AAP, de ses
photographes et de ses secrétaires de
rédaction à chaque fois q u’ils o uvrent
un journal ou qu’ils cliquent sur un
article sur Internet. Leur travail est le
plus souvent anonyme, mais, sans
lui, les Australiens seraient moins
bien informés sur la vie politique, le
sport, les faits divers et d’autres
actualités », a réagi Neill Jones, le
directeur de la Media, Entertain-

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