Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

198 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


poursuivre leur développement. Car à la sortie
des ports, les petits fonds à droite ou à gauche
sont artificiels (des digues), en pente forte. Les
anfractuosités créées par des amoncellements
de roches ou de tétrapodes de béton des digues
semblent propices par temps calme mais, lorsque
la mer se lève, elles subissent les assauts des
vagues et de la houle rendant l’environnement
pire que dans le tambour d’une machine à laver.
Pour aller pleinement au bout de cette démarche,
ces installations à l’intérieur des ports devraient
être associées à d’autres dispositifs à l’entrée
et en limite directe des espaces portuaires,
sur des zones protégées ( pas de pêche, ni de
mouillages), afin de créer une certaine continuité
fonctionnelle nécessaire au développement des
juvéniles de poissons. Des scientifiques étudient
ces projets afin d’en déterminer l’efficacité.
Il est cependant certain qu’aucune installation
et aucun dispositif artificiel ne compenseront
la destruction irréversible des petits fonds sur
lequel un ouvrage a été construit.


Les récifs artificiels. Contrairement aux projets
présentés ci-dessus, la mise en place de récifs
artificiels n’a pas pour objectif de restaurer des
milieux détruits. Ce sont des aménagements
destinés à diversifier des fonds marins littoraux
d’apparence monotone, relativement pauvres
en espèces de poissons, tels que des zones de
sable ou de vase. Les récifs artificiels ont ainsi
pour seul objectif d’accroître la productivité
halieutique d’un espace.
Devant le littoral des côtes françaises de la
Méditerranée, les récifs artificiels en béton ou en
roches ont été d’abord immergés dans les années
1970-1980 devant la Côte d’A zur, le Languedoc-
Roussillon et la Côte Bleue, puis plus récemment
devant Marseille en 2010. En dehors de ceux


immergés en Languedoc-Roussillon, ces récifs
ont été mis en place dans des zones protégées
de la pêche, du mouillage et de la plongée. Vous
trouverez dans ce livre aux pages 222 à 224 et 235
à 241 des précisions et illustrations de certaines
de ces réalisations dans les réserves de pêche.
Les lâchers de poissons (essentiellement
loups et dorades), de crustacés (langoustes et
homards) ou d’oursins. Ceci n’est pas non plus
une mesure de restauration, puisqu’il s’agit
d’opérations ponctuelles et temporelles. Depuis
1970 de nombreuses opérations de lâchers
de ces organismes marins ont été menées et
subventionnées devant les côtes françaises
méditerranéennes. Ces opérations s’apparentent
aux alevinages des rivières pour satisfaire les
pêcheurs de truites ou aux lâchers de faisans
pour les chasseurs. En mer, ce ne sont en réalité
que des évènements médiatiques coûteux sans
aucun intérêt halieutique, qui flattent l’ego de
ceux qui s’y adonnent. En effet, aucune étude
scientifique sérieuse ne prouve le bien-fondé de
ces opérations. Pour ce qui concerne le lâcher
d’oursins cela peut même être extrêmement
dévastateur pour le milieu récepteur. Ces
échinodermes sont en mer l’homologue de
chèvres affamées : ils dévorent leur poids
d’algues en une semaine et laissent derrière eux
la roche nue. Leur surpâturage crée des déserts.
Plutôt que de perdre de l’argent pour ces
opérations médiatiques sans résultats, il faut
encourager la seule façon de reconstituer les
stocks de ces espèces : protéger leurs habitats
en interdisant toutes formes de pêche dans
de nombreuses réserves sous-marines bien
surveillées et bien réparties sur le littoral.
Free download pdf