202 Méditerranée - Mer vivante
Gardons la mer vivante
Restaurer les ceintures d’algues brunes qui se développent sur les rochers
au niveau de la mer
Alexandre Meinesz, professeur émérite, Luisa Mangialajo maître de conférences - Université Côte
d’A zur (CNRS UMR 7035 « ECOSEAS ») et Thierry Thibaut maître de conférences - Aix Marseille Univer-
sité, Université de Toulon, Institut Méditerranéen d’Océanologie, CNRS, IRD, MIO UM 110 - thierry-thi-
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Les cystoseires sont de grandes algues brunes
dont certaines espèces ne vivent qu’au niveau de
la mer sur roche et dans les zones bien exposées
aux vagues et à la houle (Cystoseira amentacea
var. stricta). Par leur taille et leur densité ces
végétaux dominent ce milieu très restreint. Sous
leurs frondaisons, des dizaines d’espèces végétales
et animales trouvent un refuge.
Très sensibles aux pollutions de substances
flottantes (hydrocarbures, détergents tensioactifs...)
et surtout détruites lors de chaque endiguage
( port, terre-plein...), ces plantes recolonisent très
mal les espaces redevenus favorables et encore
moins bien les roches artificielles ou les tétrapodes
en béton protégeant les ouvrages gagnés sur
la mer. Or, sur les 2062 km de littoral des côtes
françaises de la Méditerranée, il y a aujourd’hui
979 ouvrages gagnés sur la mer totalisant 228 km
de linéaire artificiel (voir http://www.medam.org). Des
cartographies très fines de la présence de ces
cystoseires ont été réalisées par portions de 20 m
comme cela est présenté ( p. 179-180) (210 km de
côtes ont été ainsi inventoriées). De même, ces
végétaux étant considérés comme des indicateurs
du bon état écologique du milieu, leur inventaire
a été réalisé sur l’ensemble des côtes françaises
de la Méditerranée par des scientifiques qui ont
longé toutes les côtes rocheuses à bord d’un petit
pneumatique (opération présentée p. 181 et 182).
L’analyse de cartes anciennes et les constats récents
de la répartition de ces algues brunes montrent
qu’elles recolonisent
très lentement les
milieux favorables et
qu’elles se développent
exceptionnellement
sur les digues des
ouvrages. Cette très
lente reconquête de
leur milieu favorable
tient à leur mode de
reproduction. Leur
« œufs » se disséminent
Ensemble de boutures de Cystoseira amentacea var. stricta fixées sur la roche (la
pâte verte est visible à la base).
Bouture fixée de Cystoseira compressa
© Luisa MANGIALAJO
© Luisa MANGIALAJO