Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

214 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


de leur biodiversité et particularités des fonds
marins) ce qui justifie le vocable de « naturelle »
(contrairement aux réserves de pêche qui
concernent des milieux communs destinés aussi à
la gestion des stocks d’espèces halieutiques).
Devant les côtes françaises de la Méditerranée cinq
espaces sont concernés : les deux parcs nationaux
(Port-Cros et les Calanques de Marseille) et trois
réserves naturelles (Cerbère Banyuls, Scandola et
les Bouches de Bonifacio).
Ces cinq structures administratives gérent plusieurs
espaces naturels réellement protégés par une
règlementation de la pêche. Devraient être ainsi
considérés comme aire marine naturelle protégée,
uniquement les espaces de non prélèvement et la
(ou les) zone tampon périphérique où la pêche
amateur est règlementée et où la chasse sous-
marine est totalement interdite.
La totalité des réserves naturelles de Scandola et de
Cerbère Banyuls correspond bien à cette définition.
En revanche, en ce qui concerne les deux parcs
nationaux et la Réserve naturelle des Bouches de
Bonifacio, les larges zones « adjacentes », ou les
aires englobées dans des périmètres de contour
dans lesquelles aucune catégorie de pêche n’est
interdite ( professionnelle, pêche de loisir) n’existe
ne peuvent être considérées comme des zones
tampon. Ce sont des zones gérées par les structures
administratives au même titre (le développement
durable) que les zones Natura 2000 ou des espaces
inclus dans des contrats de baie. Ces surfaces ne
peuvent être comptabilisées dans la catégorie d’Aire
Marine Protégée.


Il convient ainsi de réviser la liste officielle
(loi) définissant les Aires marines protégées.
L’objectif étant de distinguer clairement
les vastes zones marines consacrées au
développement durable et à la croissance
bleue, des espaces réellement protégés par
des régulations sévères de la pêche. Ces
dernières correspondent réellement à la
notion d’Aire marine protégée.


Si l’objectif premier de ces véritables aires
marines naturelles protégées est la conservation


des espèces et des espaces sous-marins et, en
corollaire, la pêche traditionnelle aux petits métiers
(aspect culturel) il ne faut pas ignorer l’attraction
touristique que représente une nature préservée
et une grande densité d’espèces vivant dans leur
espace naturel (les poissons y sont représentés par
toutes les tailles et sont peu farouches au contact
de l’apnéiste ou du plongeur). Cette attraction
touristique est souhaitable à condition qu’elle ne
nuise pas à l’objectif initial. Ainsi, pour garantir
cet objectif, une gestion et une concertation entre
les utilisateurs fréquentant ces hauts lieux de la
biodiversité doivent être recherchées.

Dans ces réelles aires marines naturelles protégées,
il convient aussi d’améliorer la lisibilité des
règlementations de pêche. C’est aussi factuel :
d’une aire marine naturelle protégée à une autre les
interdictions de pêche se font « à la carte ».

De nouveau jugez vous-même :
A Porquerolles (Parc national de Port-Cros), comme
dans la Réserve naturelle de Cerbere-Banyuls,
une aire est interdite à la pêche amateur, mais, en
application de la loi, elle est autorisée à ce type
d’utilisateur s’il est inscrit sur une liste d’habilitation
(droit attribué en général à des locaux ayant une
certaine antériorité, qualifiés « d’ayants droit »).
Imaginez le travail supplémentaire induit pour les
équipes de surveillance. Un pêcheur ou chasseur
est observé dans la zone: il faut contrôler s’il est ou
non autorisé. Ces pêcheurs n’ont, le plus souvent,
aucun papier d’identité sur eux. Le comble a été
de constater (étude scientifique) que la zone
discriminatoire est plus pêchée que les zones
adjacentes autorisées à la pêche. Les pêcheurs
autorisés, considérant leur privilège de droit de
pêche dans un lieu réservé pour leur activité,
redoublent d’efforts pour y pêcher.
Dans le Parc marin de Bonifacio il est interdit
de pêcher à pied à partir des îles et des îlots.
Par contre, le pêcheur embarqué est autorisé à
pêcher au même endroit. Cette discrimination
est mal comprise par les usagers et représente
en fait un privilège pour ceux qui disposent d’un
bateau. Quant aux poissons, ils ne distinguent pas
si le pêcheur est à terre ou sur un bateau : ils se
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