Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

48 Méditerranée - Mer vivante


Gardons la mer vivante


Errina aspera n’avait pas de nom vernaculaire car


sa rencontre est exceptionnelle, son habitat étant


très ponctuel et peu accessible, et il n’a aucun


intérêt commercial. Elle sera nommée ici l’errine


rugueuse.


C’est une espèce^1 coloniale pourvue d’un


exosquelette calcaire présentant deux types de


proéminences typiques correspondant à deux


catégories de polypes, certains sont pourvus de


tentacules pour capter la nourriture dans le courant,


les autres sont des tentacules rudimentaires


pourvus de cellules urticantes. L’errine rugueuse


croît sous forme d’un arbuscule irrégulièrement


ramifié, entièrement blanc, (cela ressemble à du


corail tropical) dont la taille dépasse rarement


une quinzaine de centimètres. Des observations


au moyen de robots sous-marins ont montré que


les petites colonies se développent généralement


selon un plan perpendiculaire au courant tandis


que les plus grandes sont buissonnantes.


Actuellement l’errine rugueuse n’est connue


en Méditerranée que sur deux sites parcourus


par de forts courants, d’une part au voisinage


du détroit de Gibraltar et du proche Atlantique


(côtes marocaines à des profondeurs supérieures


à 80 m sur des fonds sub-horizontaux) et d’autre


part dans le détroit de Messine, où la population


peut atteindre 400 colonies par m². Seule cette


population, très localisée, mériterait surveillance


et protection.


(^1) C’est un cnidaire hydrozoaire appartenant à la famille de stylastéridés, dont il est le seul représentant en Méditerranée, tandis qu’on
connait environ 150 espèces dans le monde, dont 19 en Atlantique NE, toutes profondes.
L’errine rugueuse, forme buissonnante
ou rabougrie (selon l’exposition aux courants)
© Jean-Georges HARMELIN
L’errine rugueuse Ba Be WaII Errina aspera

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