Méditerranée Mer Vivante 20e édition

(jfmeinesz) #1

Espèces protégées La Faune 63


Protégeons ces espèces menacées


qu’il est impossible de le suivre. Menacé, il fait face
courageusement en relevant les yeux et en tendant
les pinces en avant. Il est capable de s’enfouir
presque instantanément sur place dans le sable fin
pour s’y cacher. En hiver, les femelles portent leurs
œufs sous l’abdomen ; les larves libérées en mer
sont planctoniques. Ce crabe est un prédateur qui
se nourrit d’insectes, de petits crustacés, d’œufs de
tortues et d’animaux morts ( poissons, mollusques
etc.) qu’il trouve sur les laisses exondées.
Ce crabe a une distribution géographique disjointe.
Il se rencontre principalement dans l’Atlantique
africain intertropical.
En Méditerranée, il est présent uniquement dans le
bassin oriental. Cette discontinuité géographique
importante est inexpliquée. L’espèce aurait-elle été
introduite en Méditerranée dans l’antiquité? Elle
est citée de « Phénicie » (= le Liban) par Aristote
en 335 avant J.C.
L’espèce est en régression presque partout.
Cette raréfaction est liée à la transformation du
littoral, à l’utilisation des plages pour les besoins
touristiques, à la pollution et à l’urbanisme sauvage.
La citation de ce crustacé dans les conventions
de Barcelone et de Berne est ainsi appropriée.
Cependant pour sa préservation efficace c’est
son habitat qu’il conviendrait de préserver. Celui-
ci est aussi fréquenté par de nombreuses petites
espèces également très menacées.

La pachylasma géante Ba Be
Pachylasma giganteum
La pachylasma géante est un crustacé cirripède
(appelé communément balane) vivant fixé dans
une sorte de coquille conique (la muraille)
percée au sommet où se trouvent des plaques
disjointes protégeant les pattes thoraciques (les
cirres). C’est une balane « primitive » de 3 cm
de diamètre redécrite et illustrée par Darwin
en 1854. La muraille est blanc-sale. Les plaques
sont très solides et épaisses ; elles ont les marges
basales irrégulières. La base de la muraille est
membraneuse. Il n’y a pas de données précises
sur la biologie de cette espèce. L’alimentation
est assurée comme chez les autres balanes par
filtration du plancton et des particules organiques
en suspension à l’aide des pattes thoraciques, les
cirres. L’espèce se développe en profondeur sur le
talus continental et dans la plaine abyssale entre
-150 m et -850 m dans des secteurs balayés par des
courants de fond importants. Dans les endroits
favorables, les individus sont présents en grand
nombre sur des fonds rocheux. Ils sont fixés sur
des cailloux, des éponges siliceuses, des coraux

© Konstantinos KALAENTzIS


© Lorenzo ANGELETTI

L’ocypode chevalier

Colonie de Pachylasma au large de l’île de Malte
480 m de profondeur.

1 cm
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