J'irai manger des khorovadz

Kurtoskalacs

rues piétonnes bondées en cette journée d’été. Plus de quatre millions de
personnes déambulent chaque année dans la « perle du Danube. » Les
Japonais s’en donnent à cœur joie en gavant d’images leur carte-
mémoire. Je fais un tour dans la partie historique qui donne la mesure de
sa splendeur d’antan. Sur la place animée Vorosmarty une petite fille en
robe fuchsia la mine espiègle s’amuse avec l’eau cristalline de la
fontaine comme tous les enfants du monde sous le regard complice de
sa mère habillée dans les mêmes couleurs. De l’autre côté de la place
Laurel et Hardy sont là devant moi transformés en musiciens. Retour
vers le passé. Le violoniste debout petit et mince regard perçant
pantalon noir rayé casquette bleu marine sur la tête joue sans trop
d’attention et cependant avec précision. Quant à son compère Hardy
casquette verte et blanche il est assis sur une chaise qui peine à porter
son poids. Canette de bière à ses pieds il souffle à s’éclater les joues en
laissant éclore le son de sa clarinette cherchant des yeux les jolies
touristes qui passent. Il essaie de les attendrir les incitant à jeter une
pièce dans l’étui de son instrument posé à même le sol. Je m’arrête un
instant profitant de ces quelques notes enjouées et rafraîchissantes.
Malheureusement ma culture inconsistante ne me suffira pas pour
reconnaître le morceau. J’ai pourtant bien étudié le piano classique
durant neuf longues années dans mon jeune âge. C’était il y a une
éternité autant le confesser!
Une parenthèse dans ma course un aperçu de la vie culturelle intense
de cette cité qui concentre 20 % des habitants de la Hongrie et accueille
la plus grande synagogue d’Europe. Elle est aussi devenue la capitale du
tourisme dentaire. De nombreux Européens et particulièrement des
Français s’y rendent espérant améliorer leur dentition grâce à des tarifs
imbattables. Tout est organisé pour leur proposer des séjours... al dente!
En flânant dans un autre quartier je tombe sur un snack installé dans
un chalet proposant le hamburger local cuit au feu de bois. La mise en
scène est judicieusement préparée aux fins d’aguicher le touriste avec le
coupeur de bûches qui alimente le feu en action devant le comptoir.
Deux moitiés de petits pains moelleux enserrent tendrement quelques
rondelles de saucisse hongroise et des morceaux de poulet entremêlés