J'irai manger des khorovadz

(nextflipdebug2) #1
Le bonheur est dans la fève

concentrent tous les touristes qui passent sans le savoir à côté de
faubourgs où la vie est plus authentique.
Beaucoup de marchands de fruits et légumes proposent leurs produits
sur les trottoirs souvent à même le sol. Derrière plusieurs étals les
vendeurs ont l’âge d’enfants qui devraient être à l’école. Il faut
s’éloigner des zones fréquentées si l’on veut découvrir la vraie vie des
Odessites. En descendant un escalier sous un pont j’emprunte dans la
foulée un petit chemin de terre bordé d’une végétation en friche dans
une zone vraisemblablement délaissée où tous les murs sont tagués. Il
n’y a personne en ce mercredi. Pourtant une inscription tracée en
grandes lettres sur un montant de porte cassée m’intrigue : TAKE ME TO
THE HOSPITAL (Emmène-moi à l’hôpital). Qui a bien pu écrire un tel
appel à l’aide en anglais? Espérait-il recevoir une assistance des


touristes d’un jour? Était-ce simplement le titre de la chanson^61 ou les
deux à la fois? Au regard du contexte je pense que celui ou celle qui a
lancé cette bouée à la mer devait se trouver dans une situation de
désespoir. Il n’avait peut-être même plus la force de marcher. J’espère
que son cri a été entendu. Pour des milliers d’autres il ne l’est toujours
pas.
Le quartier à l’abandon squatté aux portes défoncées est dominé par
un grand immeuble récent habillé de verre trônant au-dessus de la rue.
Un contraste architectural et sociétal caractéristique de cette ville aux
multiples visages. Un homme isolé est assis sur une chaise rouge en
plastique attendant les passants... qui ne passent pas profitant de
l’ombre parcimonieuse d’un lampadaire qui le préserve du soleil. La
solitude le protège de la foule. Un autre homme descend la rue tenant
dans les mains de gros sacs déchirés en plastique remplis d’objets de
récupération. Sans doute son moyen de survie au quotidien.
Je continue mon incursion en terre inconnue.
Je rejoins le fameux escalier Potemkine immortalisé par le film Le
Cuirassé Potemkine de Sergueï Eisenstein en 1925 dont je vais descendre
les 192 marches allant vers la mer réparties en neuf paliers. Celui qui


(^61) 21e single du groupe anglais The Prodigy.

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