Lâcher-prise
Peut-être une sorte de rébellion sereine pas toujours affichée ou
revendicative ancrant ses racines dès les débuts de mon existence.
Lâenvie un brin provocatrice de prendre parfois la vie à contre-courant
pour mieux affirmer mes convictions essayant de pallier ma timidité.
Une rébellion puisant peut-être aussi sa source dans les gènes. Mes
ancêtres â quatre générations en arrière â ont été chassés de France et
exilés en Algérie en raison de leurs positions rebelles au gouvernement
bonapartiste de lâépoque. Ironie de lâHistoire plus de cent ans plus tard
nous avons à nouveau été rejetés mais dans lâautre sens poussés à lâexil
par les autochtones qui se sont réapproprié leur pays.
Dans ce hall dâaccueil un peu froid plusieurs personnes viennent me
voir et au bout dâune attente de près dâune heure le journaliste
réapparaît.
- Câest dâaccord on va filmer une petite interview avec vous.
- Ici dans le studio?
- Non on va aller à lâextérieur sur la véloroute.
- Justement jâen viens!
Je nâai jamais su sâils avaient lâenvie et le temps de réaliser ce
reportage ou si câest mon intrusion volontaire qui les y a décidés.
Je roule derrière leur voiture et nous retournons le long du Doubs. Le
caméraman sâinstalle dans le coffre ouvert du break et câest parti pour
un travelling! Quelques questions ensuite et le tout est bouclé. La
séquence va passer au Journal télévisé de Franche-Comté le soir même.
En tout cas cette rencontre aura servi au caméraman qui découvre ce
cadre idéal de promenade bucolique à côté de chez lui! Il me confie quâil
va profiter de cette voie à lâavenir au lieu de « rester devant sa télé ».
Et là miracle quand je repars mon téléphone se remet à fonctionner!
Je poursuis par une traversée partielle de la ville. En chemin je me fais
interpeller par un homme sac en bandoulière. - Que faites-vous ici? Où allez-vous sur ce vélo?
Il a lâair curieux et intéressé. Je lui explique en deux mots mon
aventure.