J'irai manger des khorovadz

Épilogue

et là miracle incroyable sous ses propres yeux le bébé est couché à
l’intérieur!! Nartouhie est encore là vivante saine et sauve les Turcs
sont passés et ne l’ont pas découverte. Vite Zartar attrape le bébé saisit
la main de Khatoun et repart aussitôt. Elle court à nouveau sur le chemin
de l’exil avec l’énergie de l’espoir retrouvé avec l’envie farouche et
déterminée d’échapper à la folie des hommes et au funeste destin qui les
attend si elles s’attardent.
Elles ont marché des centaines de kilomètres traversé le désert longé
des champs où les cadavres s’amoncelaient par centaines où les odeurs
étaient insupportables. Elles ont erré plusieurs semaines au milieu de
milliers de réfugiés dans la faim et la soif en évitant les pillards ou les
profiteurs qui cherchaient à exploiter leur situation de faiblesse. Elles ont
en définitive atteint un village en Syrie où les Arméniens en fuite étaient
accueillis.

Le temps passe et Zartar trop épuisée pour continuer à vivre tombe
gravement malade et meurt. Ses deux filles sont envoyées à Ghazir dans
un orphelinat soutenu par les Américains à une trentaine de kilomètres
de Beyrouth. Dans cette maison Nartouhie et sa sœur vont grandir être
consolées et entourées tout en apprenant un métier : le tissage. Une fois
adultes elles retourneront s’installer en Syrie à Alep. C’est là que plus
tard Nartouhie rencontrera Basile. Ils se marieront en 1936 à Alep et
auront cinq enfants.

Cette histoire son histoire Nartouhie l’a souvent racontée à sa fille
Sela afin de l’amener à comprendre que les petites contrariétés de
l’existence ne sont rien quand on a vécu ce genre d’expérience.
Pour qu’elle n’oublie pas ses origines.
Pour qu’elle apprenne à demeurer dans la reconnaissance d’être en
vie envers Dieu et envers les hommes de bonne volonté.
Pour qu’elle apprenne à pardonner malgré tout en laissant la haine de
côté.