J'irai manger des khorovadz

J'irai manger des khorovadz

n’aurais pas aimé être son mari! La vie l’a forgée et sa lumière intérieure
contraste avec la faible luminosité environnante.

• Dieu a de la bienveillance envers ceux qui Le craignent me dit-elle
  à un moment sur un ton confidentiel suivi d’un silence. Étonnante
  remarque.
  Profondément attachée à ses racines cette femme ne conçoit pas finir sa
  vie dans un autre endroit même si elle a passé la majeure partie de son
  existence ailleurs sur la planète. Dommage elle n’acceptera pas que je la
  prenne en photo. Il ne me reste plus que l’image gravée au fond de ma
  mémoire de cette rencontre improbable. Le souvenir n’en est que plus
  fort.

Je m’extrais de cet univers bienfaisant en espérant trouver rapidement
mon « hôtel » de ce soir avant que la nuit tombe. Après une première
tentative près d’un champ de maïs le choix se portera finalement sur
une prairie le long du canal du Rhône au Rhin. Je déballe mes affaires
fais chauffer de l’eau et y plonge une bonne dose de riz. Du fromage
fondu viendra compléter ce plat et surtout fastueux dessert : un
assortiment pantagruélique de pâtisseries orientales accompagnées d’un
thé à la menthe. On ne renie pas ses origines. Gâté j’ai eu le choix dans
le magasin car c’est la période du ramadan. Ces délicatesses mielleuses
se laissent ingérer sans résistance parsemant derrière elles une traînée de
saveurs sucrées addictives. Je n’ai pas osé en regarder la composition
j’aurais eu mauvaise conscience. Ma dégustation jubilatoire se voit
cependant interrompue par un impertinent troupeau d’une trentaine de
vaches arrivant du fond du pâturage et se rapprochant doucement. Il
avance encore. Inexorablement. Une partie de la clôture étant inexistante
il gravit le contrefort du canal et se dirige maintenant vers moi. Peut-être
attiré par l’odeur de mon repas il me fait face et stoppe seulement à deux
mètres de mon vélo. Je me prépare à sortir ma bombe anti-agression ma
pelle et mon couteau. Les bêtes n’ont pas l’air trop méchantes pourtant
la masse est impressionnante. Elles s’arrêtent net oreilles en alerte cils
blancs figés et restent finalement immobiles sur place un long moment
plutôt contemplatives peut-être intriguées par ce vélo-couchette et par ce