et découvertes en 2009, où l’Iran est
soupçonné d’avoir fait des recher-
ches de nature militaire. Le 11 no-
vembre, les trois capitales europé-
ennes et la cheffe de la diplomatie,
Federica Mogherini, se sont alar-
mées de cette nouvelle entorse.
«Extrêmement préoccupées», elles
«exhortent Téhéran à revenir sur
toutes les mesures contraires [à l’ac-
cord]», ajoutant que les «efforts
[pour faciliter la désescalade] sont
rendus de plus en plus difficiles par
les récentes actions de l’Iran».
Ultime source d’inquiétude, à ce
stade : l’Agence internationale de
l’énergie atomique, qui supervise
les inspections, a révélé dans un ré-
cent rapport avoir détecté des parti-
cules suspectes, possiblement liées
à des activités nucléaires dans un
site non déclaré. Comme si les vio-
lations calculées et largement mises
en scène par le pouvoir iranien ne
tendaient pas assez la situation.
P.Al.
male» américaine a produit les ef-
fets les plus spectaculaires. Après
avoir respecté sans faille l’accord
conclu à Vienne en 2015 avec les
grandes puissances, l’Iran a com-
mencé à y déroger au début de l’été.
Méthodiquement et par phases de
soixante jours. Téhéran veut ainsi
contraindre les autres Etats parties
à l’accord, surtout les Européens,
à respecter leurs engagements, à sa-
voir que l’Iran bénéficie des retom-
bées économiques promises en
échange de la mise sous tutelle de
son programme nucléaire. Or
ceux-ci se sont carapatés dès que
Washington a brandi la menace de
sanctions, dites «extraterritoriales»
car elles frappent aussi les tiers.
Entorse. La République islamique
a donc repris ses activités sur
l’atome. La dernière «réduction de
ses engagements» concerne le site de
Fordo, des installations souterrai-
nes longtemps restées clandestines
quasi total au printemps quand Wa-
shington a retiré les exceptions jus-
qu’ici accordées à huit gros clients
de brut, dont l’Inde et la Chine.
L’Iran exporterait désormais moins
de 200 000 barils par jour, contre
2,5 millions avant le rétablissement
des sanctions. Cet étranglement
affecte la population iranienne, qui
peine par exemple à se procurer
certains médicaments, des pièces
pour des équipements médicaux,
ou encore à avoir des comptes
chez les géants américains du nu-
mérique.
Mais c’est sur le nucléaire à propre-
ment parler que la «pression maxi-
re-t-elle à un changement de ré-
gime à Téhéran ou à l’abandon de
toute activité nucléaire, balistique,
et toute entreprise de déstabilisa-
tion régionale de la part de la Répu-
blique islamique? Si l’objectif
demeure flou, les effets de cette po-
litique sont aussi incertains.
Etranglement. Le rétablissement
progressif des sanctions américai-
nes depuis mai 2018 asphyxie l’éco-
nomie iranienne, qui se contractera
de 9,5 % en 2019 selon le FMI, après
une récession de 4,8 % en 2018. Le
plus douloureux reste l’embargo sur
les exportations de pétrole, devenu
Des manifestants bloquent une route à Bandar-e
Mahshahr, le 17 novembre, pour protester contre la
hausse des prix des carburants. Photo Salampix. Abaca
Q
ue veut l’administration
américaine? Plus de dix-
huit mois après le lance-
ment officiel de la politique de
«pression maximale», diplomates et
chercheurs de tous pays s’arrachent
les cheveux : la Maison Blanche,
soutenue par ses alliés régionaux,
notamment l’Arabie Saoudite, aspi-
Un an et demi de «pression
maximale» des Etats-Unis
Téhéran subit de plein
fouet la politique de
Washington, qui a réactivé
en mai 2018 les sanctions
contre l’Iran. Lequel a
en conséquence repris
ses activités sur l’atome.
Libération Lundi 25 Novembre 2019 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 3