Le Monde - 15.10.2019

(Ron) #1

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MARDI 15 OCTOBRE 2019 bonnes feuilles| 21


[Squarcini]! » De quoi dissertent­ils au
cours de leurs 404 discussions dénom­
brées par les enquêteurs à la même pé­
riode? A quoi réfléchissent Djouhri et Do­
minique de Villepin lors de leurs fréquents
week­ends en famille et déplacements pro­
fessionnels? Quid des dossiers qu’aborde
Djouhri avec Claude Guéant durant leurs
59 entretiens à l’Elysée? Quels conseils dis­
tille­t­il à Sarkozy, qui l’a officiellement
reçu 14 fois à la présidence de la République
et avec qui Djouhri s’enorgueillit d’avoir
été « sept sur sept » pendant son quinquen­
nat?
Passée l’envie de rire de cette comédie du
pouvoir, où les puissants préfèrent se go­
berger à la table de leur amphytrion préféré
plutôt que de s’inter­
roger sur ses activi­
tés réelles, passée
l’envie de croire à la
fable selon laquelle,
tel un djinn mer­
veilleux ou un Bel­
Ami des banlieues,
Djouhri ne ferait que
réenchanter la vie
terne des décideurs
et distrairait ces
messieurs pour
mieux les abuser, il
convient d’admettre
qu’il excelle dans
l’art de brouiller les
pistes. Angoissé par
son audition chez les
enquêteurs, Domini­
que de Villepin s’en
ouvre à lui :
« Ils m’ont de­
mandé ce que je sa­
vais de tes activités.
Euh... J’ai dit que tu
avais... j’ai dit que j’en
savais rien.


  • Tu leur dis : “Cré­
    mitude !” [expression qui signifie “profiter
    de la vie”], rétorque Djouhri.

  • Oui, enfin bon, ceci dit, quand tu traduis,
    quand tu dois traduire ça en langage admi­
    nistratif, ou judiciaire, c’est pas très pratique.
    C’est pas une activité qui...

  • Tu dis : je vais à Saint­Denis et je vends du
    shit. »
    (...)
    Pour répondre sur la nature de ses activi­
    tés, qui suscitent tant de curiosité, Alexan­
    dre Djouhri a une phrase toute faite qu’il
    utilise dès que l’occasion se présente. Il ne se
    charge plus de « soulager », comme autre­
    fois. « Je porte la bonne parole », dit­il sou­
    vent. Comme un prophète de la politique et
    des affaires qui saurait mieux que quicon­
    que la direction à prendre. Pour l’intérêt du
    drapeau, dit­il. Pour le sien, pensent ses en­
    nemis.
    C’est ainsi que, à l’automne 2007, dans
    une France désormais sarkozyste, il n’a
    cessé de vanter les mérites de son ami
    « MGM » auprès du nouveau secrétaire gé­
    néral de l’Elysée, Claude Guéant, qu’il com­
    mence à voir très régulièrement. Maurice
    Gourdault­Montagne se verrait bien am­
    bassadeur de France en Grande­Bretagne.
    Djouhri appuie l’impétrant auprès du nou­
    vel homme fort de l’Elysée. En décem­
    bre 2007, Gourdault­Montagne part pour
    Londres, satisfait de s’éloigner de ce pou­
    voir central si compliqué et de reprendre le
    chemin de la diplomatie.
    Augustin de Romanet [ancien secrétaire
    général adjoint de la présidence de la Répu­
    blique] lui aussi a quitté l’Elysée. Il vient
    d’être nommé à la tête de la Caisse des dé­
    pôts et consignations (CDC), une institution
    financière publique dotée par l’Etat de fonds
    importants, destinés notamment à réaliser
    des investissements d’intérêt général. C’est
    un beau poste, occupé depuis toujours par
    des hauts fonctionnaires aussi brillants que
    politiques. Ce que Romanet ignore, c’est que
    l’homme qu’il a tenté vainement d’écarter
    quelques années plus tôt de Maurice Gour­
    dault­Montagne est aussi très influent à la
    CDC. Avec Etienne Bertier, dirigeant d’Icade,
    la filiale immobilière de la Caisse, Alexan­
    dre Djouhri veillait en effet sur l’ancien pa­
    tron de la CDC, Francis Mayer. Les trois
    hommes se voyaient régulièrement. L’occa­
    sion pour Djouhri de lui donner quelques
    conseils amicaux sur la dépense publique et
    l’intérêt général, dont il a une idée toute
    personnelle. Mais, en décembre 2006, Fran­
    cis Mayer meurt d’un cancer. Djouhri ne
    voit pas l’arrivée de Romanet sur ses terres


d’un œil favorable. Il entreprend alors ce
qu’il sait faire de mieux et met son énergie à
le fragiliser. Il se répand dans Paris avec les
amabilités dont il a le secret et l’accuse no­
tamment de ne pas bien traiter la veuve de
Francis Mayer.
Dans le même temps, Romanet essaie de
se renseigner sur ce désagréable trublion.
On lui dit qu’il est proche de certains grands
flics au pouvoir, notamment Bernard Squar­
cini, nouvellement promu grand patron du
renseignement intérieur. Alors, plutôt que
de consulter les services français à son pro­
pos, il se tourne vers une société de rensei­
gnement privée étrangère. C’est plus pru­
dent. L’ambiance est pesante à la CDC en ce
début de quinquennat. Henri Proglio, pro­
che des deux hommes, tente de mettre du
liant et les convainc de se rencontrer. Roma­
net retrouve alors Djouhri dans une im­
mense suite du Ritz. Le Sarcellois le couvre
de reproches sur un ton plus qu’inamical.
« Tu pourrais emmener Mme Mayer au Théâ­
tre des Champs­Elysées! », lui lance­t­il. Les
menaces sont à peine voilées. La réconcilia­
tion n’a pas lieu.
Pendant deux ans, Romanet est mis sous
pression. Il s’en ouvre à Claude Guéant, qu’il
connaît de longue date. « Tu sais, il nous
donne du renseignement. Avec lui, on sait ce
qui se dit en Arabie saoudite dans les sphères
de pouvoir, où on essaye de vendre des ar­
mes », obtient­il comme réponse. Djouhri
est si fort pour installer une emprise qui ne
dit pas son nom que, pendant quinze jours,
Romanet va jusqu’à rentrer en voiture à son
domicile depuis son bureau de la Caisse,
alors que seulement 700 mètres séparent
les deux endroits. Il craint des représailles
physiques. Le conflit finit par remonter aux
oreilles du président de la République, Nico­
las Sarkozy, qui garde toujours une réelle
méfiance à l’égard de Djouhri, comme s’il
savait que celui­ci pouvait être dangereux. Il
décide de le convoquer : « Alexandre, la
Caisse, pas touche », lui ordonne­t­il. Djou­
hri est sommé de passer son chemin. Seule
l’intervention du chef de l’Etat aura eu rai­
son de son activisme.
(...)
Officiellement, l’intermédiaire a rendu vi­
site à Claude Guéant à l’Elysée à 59 reprises,
entre mai 2007 et février 2011. Quasiment
une fois par mois. « C’est beaucoup plus, en
réalité. Moi, j’ai fait plus de business sous Hol­
lande que sous Sarko, car sous Sarko, je pas­
sais plein de temps à l’Elysée, à les conseiller et
tout », se vante­t­il. Au fil des rendez­vous de
plus en plus réguliers, les deux hommes
nouent une amitié véritable. Le plus sou­
vent, Djouhri arrive avec un retard impor­
tant. Parfois plus d’une heure. Mais peu im­
porte. Malgré un agenda millimétré tenu par
la chefferie de cabinet, la porte de Guéant est
toujours ouverte. C’est à chaque fois l’occa­
sion de rendre l’atmosphère élyséenne plus
légère. « Claude, tu bandes encore le matin? »,
a pris l’habitude de lancer Djouhri en péné­
trant dans son bureau, au vu et au su de tous,
membres du cabinet et assistantes aussi
choquées qu’amusées. A ces dernières, il en­
voie de jolis cadeaux pour les fêtes, foulards
de grands couturiers, boîtes de chocolats raf­
finés et grands crus. Autant d’attentions qui
lui permettent de passer pour un gentleman
et d’asseoir son influence.
Aux côtés de l’intermédiaire tourbillon­
nant, le numéro deux de l’Elysée voit le
poids de sa charge s’envoler. Le plus sou­
vent, Djouhri vient seul. Mais quand cer­
tains de ses puissants amis ont besoin de
faire passer un message, il n’hésite pas à les
emmener dans le bureau de Guéant. C’est
ainsi qu’Henri Proglio, Serge Dassault et le
directeur général de son groupe, Charles
Edelstenne, ou encore le Libyen Bechir Sa­
leh défilent à l’Elysée sur invitation
d’Alexandre. Parfois, les deux hommes se
retrouvent au Bristol, à quelques enjambées
du « Château », où Djouhri tient salon.
(...)

[Depuis 2013, la justice enquête sur un pré­
sumé financement par la Libye du défunt
Mouammar Kadhafi de la campagne de
2007 de Nicolas Sarkozy. Les enquêtes
avancent et laissent entrevoir un probable
rôle central de Djouhri, qui évite toute ve­
nue sur le territoire français depuis que les
juges l’ont convoqué en 2015. Entre Genève,
Alger, Londres, Moscou et Dubaï, il fulmine
contre les « socialos » et ne compte plus
que sur Maurice Gourdault­Montagne, se­

crétaire général du ministère des affaires
étrangères. Le diplomate est son dernier
ami occupant un haut poste dans le sys­
tème Macron.]
Maurice Gourdault­Montagne n’ignore
rien du bras de fer en cours entre la justice
française et Monsieur Alexandre. Mais à
son retour à Paris, alors qu’il prépare la vi­
site officielle du président Macron en Algé­
rie prévue deux mois plus tard, il demande
à son ambassadeur : « Tiens, ça ferait plaisir
à mon ami Alexandre Djouhri s’il était invité
à la réception. » Son Excellence Driencourt
s’exécute, d’autant qu’on lui a dit que Djou­
hri avait été convié à Dubaï à l’occasion d’un
forum de l’investissement lors du passage
d’Emmanuel Macron.
« Alexandre Djouhri m’avait fait savoir que
quand le président Macron viendrait, il sou­
haitait faire partie des invités franco­algé­
riens influents. J’ai donc demandé à l’ambas­
sadeur de le mettre sur la liste pour être invité.
Je vous rappelle qu’à l’époque, début décem­
bre, il n’y avait pas de mandat d’arrêt contre
lui et qu’il n’y avait pas d’action de justice par­
ticulière à ma connaissance. C’est la raison
pour laquelle j’ai pensé que l’invitation était
neutre », se justifiera plus tard Maurice Gour­
dault­Montagne devant les juges.
Le 6 décembre, Djouhri débarque donc
avec son carton d’invitation à la Villa des
Oliviers, résidence de l’ambassadeur de
France à Alger, située sur les hauteurs de la
ville. Après son discours devant la commu­
nauté française, Emmanuel Macron s’ap­
prête à quitter la propriété quand, sur le che­
min du parking, Alexandre Djouhri tente de
le saluer. Le président l’ignore et monte
dans sa voiture. Irrité, il lance à l’ambassa­
deur français qui se trouve à ses côtés : « Ce
type­là, il cherche à se faire prendre en photo
avec moi. » Direction l’Hôtel Aurassi, où un
dîner officiel doit se tenir avec le premier
ministre algérien. Sorti de table, Emmanuel
Macron rejoint la suite qu’il occupe dans ce
même hôtel. Là encore, Djouhri rôde devant
l’ascenseur, mais ne parvient pas non plus à
l’interpeller. Il n’aura pas sa photo avec le
nouveau chef de l’Etat. Il devra se contenter
du compte rendu d’Ali Haddad, qui, en tant
que patron du Medef local, s’est entretenu
avec le président français. La révélation, par
Le Canard enchaîné, de son invitation per­
met à l’Elysée de se désolidariser de l’initia­
tive de Maurice Gourdault­Montagne. Il ap­
paraît au grand jour que Djouhri bénéficie
certes d’un soutien de poids au Quai d’Or­
say, mais qu’à l’Elysée, la messe est dite : il
est persona non grata. En Algérie, il a fait
l’erreur de se rapprocher de généraux autre­
fois puissants, mais désormais tombés en
disgrâce. De ce côté de la Méditerranée
aussi, Djouhri dérange plus qu’il ne sert.
(...)

[« Urgent rappelez­moi, ils ont arrêté
Alex. » Clotilde Djouhri alerte Bernard
Squarcini par mail. Visé par un mandat
d’arrêt européen, Monsieur Alexandre, qui
n’a jamais été condamné en France pour
quoi que ce soit, est interpellé à Londres le
7 janvier 2018, incarcéré puis libéré sous
caution. Il attend la décision britannique
qui doit se prononcer sur son extradition
réclamée par la justice française.]
Devant le tribunal londonien, comme du
temps de sa splendeur, Alexandre Djouhri
tire de la poche intérieure de son manteau
en cachemire une liasse de grosses coupu­
res. Avec une munificence ostentatoire, il
tend 150 livres à un sans­abri sous le regard
agacé de sa fille, soucieuse d’éviter les jour­
nalistes. « Je ne te donne pas de francs suisses,
tu ne peux pas, ici », s’amuse­t­il face à
l’homme qui contemple les billets dans ses
mains calleuses. « Oh, you’re great man! »,
hurle celui­ci en guise de remerciements.
Djouhri lâche un sourire complice et satis­
fait aux journalistes présents, avant de s’en­
gouffrer d’un pas rapide dans la salle
d’audience exiguë de Westminster Magis­
trates’ Court. Ce mardi 22 janvier 2019, la jus­
tice britannique doit se prononcer sur la de­
mande d’extradition formulée par les juges
d’instruction français. Costume Cifonelli,
souliers brillants, boutons de manchette
distingués, Djouhri écoute son traducteur,
concentré, ses mains fines posées sur une
canne sombre sertie d’argent. Le parrain
présumé d’une droite minée par les affaires
et les soupçons de corruption s’efforce de
rester fier. Dans la salle d’audience réson­
nent les noms de Sarkozy, Villepin, Guéant...

Lui se persuade encore d’assister à une co­
médie dont l’épilogue s’est écrit dans l’om­
bre et à son avantage. « Mon ami Maurice
Gourdault­Montagne et Jean­Yves Le Drian
ont signé un document officiel pour dire que
le mandat d’arrêt est un faux. Le ministère
des affaires étrangères va casser la procé­
dure. C’est fait », assure­t­il après l’audience,
en sirotant un spritz, confortablement assis
dans un canapé en cuir rouge du bar du pa­
lace londonien 45 Park Lane. Djouhri est en
forme. Il a le sentiment que l’audience s’est
déroulée à son avantage.
(...)
A la nuit tombée, Djouhri reçoit au Zuma,
le restaurant japonais branché où il avait
dîné avec Alexandre Benalla. Son fils,
Alexandre Germain, papillonne de table en
table pour saluer des amis de la jeunesse
dorée qu’il retrouve au fil des saisons à
Gstaad, à Dubaï ou sur des îles idylliques
des mers chaudes. Pour mieux se faire
remarquer, Tamara, la fille du patron de for­
mule 1 Bernie Ecclestone, est venue
entourée de photographes, qui font crépiter
leurs flashs. Boualem n’y prête pas
attention, préoccupé par le piment distillé
sur ses sushis, dont il a sous­estimé la puis­
sance. Monsieur Alexandre commande un
château­margaux, à la santé de ses méde­
cins et de ses juges. Devant une salade
d’avocat et des brochettes de poulet, il
poursuit la discussion. « J’ai eu un Etat du G7
contre moi : la France de François Hollande
et Manuel Valls, qui ont instrumentalisé une
justice aux ordres, de même que la presse. Ils
étaient persuadés que, si on me flingue, on
flingue la droite. Je ne suis pas fou : les servi­
ces secrets algériens me l’ont dit aussi et ils
sont super bien renseignés. »
Croit­il ce qu’il dit? Pense­t­il vraiment
que son « ami Gourdault, le vrai patron du
Quai d’Orsay », où il occupe toujours le
poste de secrétaire général, va se risquer à
demander l’annulation de son mandat
d’arrêt? « Les juges sont d’accord pour
l’abandon des poursuites et veulent négocier
avec mon avocat. Toute cette histoire li­
byenne ne repose sur rien. Les juges m’accu­
sent mais ne démontrent rien. C’est eux, la
bande organisée, et ils agissent avec une
haine absolue. En sept ans d’enquête, pas un
bordereau, pas un virement, pas une preuve.
S’il y a eu financement, jamais ils n’auraient
utilisé une tierce personne. »
Devant les magistrats, Maurice Gour­
dault­Montagne a démenti toute interven­
tion, précisant que
l’ambassade de
France à Londres
n’avait pas à inter­
venir sur le cas
Djouhri. Il s’est par
ailleurs montré
plutôt décomplexé
sur l’utilité des
liens qu’il avait tis­
sés avec ce dernier
pour pénétrer cer­
tains pays, comme
la Libye ou l’Algérie,
ainsi que pour aider
des grands groupes
industriels français
à y décrocher des
marchés. « Tous les
moyens pour établir
des contacts sont
utiles, car ça donne
une dimension per­
sonnelle qui est souvent nécessaire pour éta­
blir une confiance. (...) Dès lors que les con­
tacts officiels sont établis, ces personnes faci­
litatrices disparaissent du champ officiel. Ce
sont des pratiques que l’on voit dans le
monde entier. » Quant à savoir si Djouhri
avait pu tirer bénéfice de son lien avec lui, le
diplomate se fait d’un coup moins disert :
« Il ne m’en a jamais fait part. Je me bornais
aux contacts qu’il pouvait me faciliter pour
pousser nos intérêts politiques et tout ce qui
pouvait en découler. (...) Et je ne voulais pas
non plus rentrer dans ces considérations. »
simon piel et joan tilouine

Tous les propos mentionnés dans
ces extraits sont tirés de documents
judiciaires (retranscriptions de
conversations téléphoniques interceptées
par les enquêteurs, rapports d’enquête,
procès­verbaux d’audition...)
ou d’entretiens avec les auteurs.
Les parties entre crochets ont été écrites
par la rédaction du « Monde » pour
contextualiser les extraits du livre.

« AVEC LUI, ON SAIT


CE QUI SE DIT EN


ARABIE SAOUDITE


DANS LES SPHÈRES


DE POUVOIR, OÙ ON


ESSAYE DE VENDRE


DES ARMES »
CLAUDE GUÉANT
ex-secrétaire général de l’Elysée

« TOUTE CETTE


HISTOIRE LIBYENNE


NE REPOSE SUR


RIEN. LES JUGES


M’ACCUSENT MAIS


NE DÉMONTRENT


RIEN. EN SEPT ANS


D’ENQUÊTE, PAS


UN BORDEREAU,


PAS UN VIREMENT,


PAS UNE PREUVE »


ALEXANDRE DJOUHRI
homme d’affaires

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