Les Echos - 07.10.2019

(Michael S) #1

Les Echos Lundi 7 octobre 2019 ENTREPRISES// 21


lions de livres sterling (entre 1,7
et 2,25 millions d’euros). Le pré-
cé dent record pour une œuvre
de Banksy était 1,87 million de
dollars (1,7 million d’euros), en
2008 à New York.

Valeur marchande
Ironie du sort, le plus célèbre
des street-artistes dont on
ignore toujours l’identité ne
touchera pas un centime sur
cette vente. En effet, comme
Banksy l’a précisé v ia s on
compte I nstagram le soir
même de la vente, cette toile
« ne [lui] appartenait plus ». Il
l’avait vendu en 2011.
Dans son poste, Banksy
dénonce une nouvelle fois la
valeur marchande de l’art. Un
message récurrent chez cet
artiste, originaire de Bristol en
Angleterre, plus connu pour
ses pochoirs engagés que pour
ses peintures. « Supposons que
chaque livre valant l a peine d’être
lu coûte un million de dollars,
imaginez les conséquences catas-
trophiques que cela aurait sur la
culture », écrit Banksy s ur I nsta-
gram, citant le critique d’art
Robert Hughes.
« Il n’y a jamais eu de meilleur
moment pour mettre en vente ce
tableau », estimait pour sa part
le chef du département d’art
contemporain Europe de
Sotheby’s, Alex Branczik, lors
de la présentation de l’œuvre. Et
pour cause, la vente est surve-
nue à moins d’un mois de la
date prévue du Brexit, le
31 octobre.n

Enrique Moreira
@EnriqueMoreira

Cette fois-ci, l’œuvre n’a pas été
déchiquetée après avoir été
vendue. Le tableau « Devolved
Parliament » de Banksy a été
adjugé 9,9 millions de livres
(11,1 millions d’euros) jeudi
soir à Londres lors d’une vente
aux enchères organisée
par Sotheby’s.
L’identité de l’acquéreur n’a
pas été dévoilée, mais celui-ci
peut s’estimer heureux. En
effet, la dernière fois qu’une
œuvre du célèbre street-artiste
était mise aux enchères, elle
s’est autodétruite si tôt le coup
de marteau final donné.
Jeudi soir, une dizaine de col-
lectionneurs se sont donc
ardemment disputé cette toile
de 2,50 m par 4,2 m sans son
cadre, lors d’une enchère orga-
nisée par la maison de ventes
Sotheby’s.
Cette peinture, représentant
des chimpanzés assis sur les
banquettes vertes de la Cham-
bre des communes en lieu et
place des députés britanniques,
était estimée entre 1,5 et 2 mil-

ENCHÈRES


L’œuvre de Banksy
« Devolved Parlia-
ment » a été adjugée
à plus de 11 millions
d’euros, jeudi soir
à Londres.

La cote de Banksy


s’envole sur


le marché de l’art


Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome


Leur taille est inversement propor-
tionnelle aux dommages qu’ils cau-
sent. Les insectes et parasites qui
pullulent dans les champs, les
vignobles et les vergers provoquent
un milliard d’euros de dégâts par an
à l’agriculture italienne, selon
Agrinnova, le centre pour l’innova-
tion agricole et environnementale
de l’université de Turin.
La dernière menace en date à
avoir débarqué dans la péninsule


AGRICULTURE


Les olives, les poires,
les pêches, les cerises
et maintenant
le vignoble sont
ravagés par des insec-
tes et des maladies.


Les dégâts pour les
producteurs transal-
pins sont évalués à un
milliard d’euros par an.


Le raisin italien sous la menace


d’un nouvel insecte ravageur


est la Bactrocera dorsalis, alias la
mouche orientale des fruits ou
mouche des fruits asiatique.
L’insecte est arrivé cet été à l’aéro-
port de Naples dans une mangue
apportée par un passager ignorant
la dangerosité de son fruit.

Bestiaire croissant
Cette mouche s’ajoute à la longue
liste des nuisibles qui sévissent
dans les cultures. La Xylella a ainsi
ravagé pas moins de 50.000 hecta-
res d’oliviers dans les Pouilles ces
six dernières années. La punaise
diabolique venant d’Asie a, elle,
coûté 350 millions d’euros aux pro-
ducteurs de poires et de pêches du
nord de l’Italie.
Les cerises sont menacées par un
moucheron tueur, les ruches par u n
coléoptère venant d’A frique du Sud
et le frelon asiatique. Q uant au virus
Sharka, il a détruit au cours de la
décennie écoulée un quart de la
production de pêches, prunes et
abricots. Sans oublier la bactérie
Pseudomonas actinidiae, qui pro-
voque le dépérissement de nom-
breux vergers de kiwi.
Mais le prochain ennemi
numéro 1 de l’agriculture transal-

pine s’avère bien la Drosophila
Suzukii ou drosophile japonaise.
Débarquée en 2009 dans le Trentin
Haut-Adige, elle a commencé à
s’attaquer aux framboises, puis aux
cerises et menace désormais les rai-
sins, faisant peser un risque certain
sur la production viticole.
La prolifération de ces insectes et
maladies s’explique par la globali-
sation des échanges, qui ont
explosé ces dernières décennies,
mais aussi par le changement cli-
matique et la hausse des tempéra-
tures qu’il induit. Ettore Prandini, le
président de Coldiretti, principal
syndicat agricole italien, pointe du
doigt « le système de contrôle de
l’Union Européenne. Les f rontières,
comme au port de Rotterdam, sont
de véritables passoires » selon lui.
Dans le cadre du programme
européen Horizon 2020, l’Enea,
l’Agence nationale italienne pour
les nouvelles technologies, l’énergie
et le développement durable, déve-
loppe des travaux pour modifier le
métabolisme des plantes touchées.
Il s’agit de rendre « silencieux » tel
ou tel gène, tout en renforçant les
défenses et les capacités de résis-
tance des végétaux.n

recherche agronomique (Inra) de
nouveaux cépages plus adaptés à la
chaleur.
En attendant, les vignerons font
face à des conditions de marché
incertaines. A commencer par le
prochain Brexit, qui a valu à la
Champagne la perte de 20 % de ses
ventes en Angleterre en raison de la
dévaluation de la livre sterling − le
Royaume-Uni est le premier mar-
ché étranger du champagne. La
guerre commerciale engagée par
Donald Trump contre l’Union
européenne l’a pour l’instant épar-
gnée, mais la nature fantasque du
leader américain n’incite g uère aux
certitudes.

Risque d’effondrement
des prix
Le marché français, lui, continue
de reculer malgré un goût avéré
pour les bulles. En 2018, il ne repré-
sentait plus que 41,7 % du chiffre
d’affaires total du champagne
(4,89 milliards d’euros) avec des
expéditions en retrait de près de
4 %. Dans l’Hexagone, l’encadre-
ment des promotions a réduit les
ventes mais stoppé les abus, recon-
naissent les professionnels. Les
exportations dans les pays euro-
péens (une bouteille sur quatre)
étaient aussi à la baisse en volume
(–1,3 %). Le champagne se vend

désormais plus hors Europe, avec
des exportations lointaines en
hausse de 2,4 %, à 79 millions de
bouteilles (contre 76 millions sur le
Vieux Continent).
Dans ce contexte, les vignerons
demandent à la Commission euro-
péenne de renoncer à la libéralisa-
tion totale des droits de plantation
de la vigne, prévue en 2030. Celle-ci
aboutirait pour le SGV à « une sur-
production et à l’effondrement des
marchés. Regardez ce qui s’est passé
lorsque l’Europe a mis fin aux quotas
laitiers puis aux quotas sucriers.
Dans les deux cas, il s’est ensuivi des
crises dramatiques », souligne Max
Toubart, le président du SGV.
« Pourquoi un tel acharnement à cas-
ser ce qui marche? » s’interroge-t-il.
Les vignerons voudraient profi-
ter de la réforme en cours de dis-
cussion de la politique agricole
commune (PAC), applicable en
2021, pour rouvrir le débat sur les
droits de plantation des vignes. S’ils
étaient, comme cela est prévu dans
dix ans, entièrement libéralisés,
n’importe qui pourrait planter du
raisin n’importe où sans avoir de
compte à rendre à quiconque. Une
perspective qui n’est pas du tout au
goût des Champenois.
Leur crainte est liée au travail de
révision de l’aire d’appellation
champagne qu’ils mènent depuis

2008 et qui pourrait s’élargir de
quelques milliers d’hectares. « Si
chacun plante selon son gré sur cette
nouvelle surface, c’est tout le marché
du champagne qui pourrait s’en
trouver déséquilibré », explique le
directeur général du SGV, Pascal
Bobillier-Monnot. A ce jour, l’aire
d’appellation couvre 34.272 hecta-
res de vignes. Si leur demande res-
tait sans suite, la filière champen-
oise et le SGV menacent de
« suspendre le travail de révision de
l’aire d’appellation ».n

Marie-Josée Cougard
@CougardMarie


Les vendanges ont été « exception-
nelles » en Champagne. Malgré une
forte hétérogénéité de la récolte
2019, la Champagne devrait dépas-
ser 10.000 kg de raisin à l’hectare en
moyenne, « un volume proche du
rendement économique nécessaire
pour alimenter la demande des mar-
chés », selon le Syndicat général des
vignerons de la Champagne (SGV).
Pourtant, l’horizon des vigne-
rons n’est pas sans nuages. Les
effets du réchauffement climatique
sont bien l à, avec un gain de 1,1 o C d e
la température moyenne en trente
ans, un record absolu du mercure
le 25 juillet à 43 degrés et la perte de
10 % du potentiel de récolte cette
année. Les vignerons préparent
d’ailleurs la suite en testant sous la
houlette de l’Institut national de la


VITICULTURE


Le Syndicat général
des vignerons de la
Champagne réclame
à l’Union européenne
le droit de pouvoir
continuer à réguler
la production de vin.


Champagne : les vignerons


s’inquiètent pour la suite


Les vendanges 2019 ont été exceptionnelles en Champagne, malgré la perte de 10 % des raisins grillés par des épisodes de canicule
extrême et un pic jamais vu de température à 43 degrés le 25 juillet. Photo SGV

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