Si nous pouvions voir en temps réel l’activité de
notre cerveau afin de la contrôler, qu’en ferions-nous? Peut-
être choisirions-nous d’éteindre une aire impliquée dans les
émotions quand nous sommes en colère. Eh bien, ce n’est plus
une utopie, car c’est le principe du neurofeedback, une tech-
nique d’entraînement cérébral que l’on pourrait nommer « rétro-
contrôle neuronal ». Et l’équipe de Fernanda Tovar-Moll, à Rio
de Janeiro, au Brésil, vient de montrer que ce genre de contrôle
cérébral est réalisable en moins d’une heure.
Les chercheurs ont recruté 36 participants en bonne santé
qu’ils ont placés face à un écran d’ordinateur dans une pièce
silencieuse, et ont enregistré leur activité cérébrale par imagerie
par résonance magnétique fonctionnelle avant et après chaque
entraînement. On expliquait aux sujets qu’il fallait réaliser une
tâche motrice – taper avec leurs doigts sur des chiffres donnés
d’un clavier –, plusieurs fois de suite et de plus en plus vite pen-
dant 30 minutes. Mais les participants n’effectuaient pas réelle-
ment l’exercice : ils l’imaginaient, en restant immobiles, tout en
visualisant en même temps une jauge leur indiquant l’activité de
leurs régions cérébrales sensorimotrices impliquées dans ces
gestes. Sauf que 19 sujets voyaient le véritable neurofeedback
de leur cerveau, et pouvaient donc augmenter (par la pensée)
son activité, les 17 autres visualisant un rétrocontrôle fictif.
Ainsi, le corps calleux, l’ensemble des prolongements neu-
ronaux qui relie les deux hémisphères cérébraux, est renforcé,
ainsi que les régions cérébrales qui contrôlent les mouvements
de la main, uniquement chez les participants ayant pu voir l’acti-
vité de leurs régions sensorimotrices par neurofeedback.
Donc, en peu de temps, on peut renforcer certaines régions
cérébrales en les voyant fonctionner. Or, après un accident vas-
culaire cérébral, des maladies neurologiques comme la maladie
de Parkinson ou en cas de dépression, certains réseaux neuronaux
ne sont justement plus fonctionnels : un neurofeedback ciblant
ces régions pourrait permettre de les réactiver. C’est ce qu’il reste
à démontrer chez des personnes malades. £ B. S.-L.
L
a principale cause de l’obésité,
selon les neuroscientifiques
Christopher Kuzawa et Clancy Blair,
de l’université de New York, serait
le cerveau lui-même. Il demande
énormément d’énergie pour se
développer au cours de l’enfance
(66 % des dépenses d’énergie au
repos) car il est encore en pleine
Le cerveau
rend-il obèse?
construction – alors que chez
d’autres espèces animales, il est
pratiquement prêt à l’emploi à la
naissance. Dès lors, vers la fin de
l’enfance, le corps stocke
brusquement l’énergie libérée,
amasse des graisses et connaît
ce qu’on appelle un rebond
d’adiposité. Dans une société de
pléthore alimentaire, les risques
d’être obèse à l’âge adulte seraient
étroitement prédits par la puissance
de ce rebond, elle-même liée à la
dépense énergétique initiale du
cerveau devenue superflue. £ S. B.
87 %
de taux de réussite
pour une intelligence
artificielle qui détecte
si un étudiant a triché en
faisant écrire son devoir
par quelqu’un d’autre.
Source : M. Stavngaard et al., Detecting Ghostwriters
in High Schools, Conférence ESANN 2019
DÉCOUVERTES Actualités
T. Marins et al., Neuroimage,
vol. 194, pp. 283-290, juillet 2019.
Le neurofeedback
change le cerveau
en 30 minutes
ENTRAÎNEMENT CÉRÉBRAL
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