La huitième et dernière sai-
son de Game of Thrones s’est ouverte sur un
succès d’audience colossal : plus de 17 millions
de personnes ont regardé le premier épisode.
Mais à mesure que l’histoire avançait, de nom-
breuses déceptions sont apparues. Elles ont
atteint un tel niveau qu’une pétition a été lancée
pour réclamer la réécriture de la saison. Quelques
heures après la diffusion du dernier épisode, elle
avait récolté plus d’un million de signatures!
Nouveaux scénaristes moins talentueux, sai-
son trop courte (elle ne comportait que six épi-
sodes), trop de « trous » dans l’intrigue... La vin-
dicte populaire a désigné de nombreux coupables.
Peut-être a-t-elle en partie raison : les incohérences
ne manquent pas et certains personnages méticu-
leusement dessinés au fil des saisons se transfor-
ment soudain en caricatures. Les dragons semblent
passer de monstres indestructibles à bestioles vul-
nérables, Tyrion Lannister se change d’humaniste
attachant en dénonciateur meurtrier tout en per-
dant ses capacités intellectuelles (il n’a pas pris
ÉCLAIRAGES Culture & société
GAME OF THRONES :
LA SAISON QUI FÂCHE
Une pétition réclamant la réécriture de la dernière
saison a remporté un succès massif sur Internet.
Pourquoi ce désamour?
© Gavriil Grigorov / GettyImages
EN BREF
£ Game of Thrones
a longtemps excellé
à replacer les individus
dans un contexte plus
large, qui les façonnait
et contraignait
leurs actions.
£ Mais dans la dernière
saison, les ressorts
de l’intrigue viennent
plutôt de la psychologie
des personnages.
£ À l’heure où nous
sommes confrontés à des
changements majeurs
- technologiques,
climatiques... –,
nous avons besoin de
retrouver cette capacité
à raisonner d’un point
de vue sociologique.
Par Zeynep Tufekci, professeure associée à la School of information
and Library Science, à l’université de Caroline du Nord,
et collaboratrice régulière du New York Times.
Attention
spoiler