Causette N°103 – Septembre 2019

(National Geographic (Little) Kids) #1
Vanessa Deglaire

“TROUVER DE NOUVELLES
FAÇONS D’ENSEIGNER”
Enseignante d’anglais et de français
en lycée professionnel dans l’Oise

« Nos élèves sont là parce qu’ils veulent faire
de la mécanique et, souvent, ils en ont marre
des matières générales. Le plus dur, c’est de les
motiver, surtout en anglais. J’essaie de faire beau-
coup d’exercices ludiques à travers des ateliers
tournants, du numérique, des jeux de rôles...
Depuis trois ans, j’organise des “escape game”.
Au moment d’Halloween, par exemple, j’en
ai fait un en anglais sur “Le bal des vampires”
pour les secondes bac pro, avec ma collègue
de maths et de sciences. Ils étaient enfermés
dans le noir et ils avaient une heure pour trou-
ver la sortie. Pour ça, ils devaient comprendre
un document, retrouver des auteurs, réutiliser
du vocabulaire, mais aussi résoudre des pro-
blèmes, faire des expériences et des montages
électriques. J’ai vu deux élèves extrêmement
timides se montrer vraiment leaders, c’était une
belle révélation. Pour garder la foi, je réfléchis
toujours à de nouvelles idées, à de nouvelles
façons d’enseigner. » U A. B.


Rachid Zerrouki

“ET SOUDAIN, MON ÉLÈVE
S’EST RAPPELÉ L’ALBATROS”
Professeur des écoles en classes Segpa* à Marseille
(Bouches-du-Rhône) et journaliste pour Libération,
Slate et la revue Ballast. Rachid, l’instit sur Twitter

« Bien sûr qu’il nous arrive de n’en plus pouvoir. Moi, ce
qui me fait tanguer, c’est quand je suis confronté à cer-
taines tranches de vie insupportables retranscrites dans
les dossiers scolaires. Je me demande alors si l’école
peut vraiment faire quelque chose. Et puis il y a toujours
des instants qui viennent nous rappeler qu’on est quand
même utile. Par exemple, un jour où ça avait été parti-
culièrement dur, un élève que je pensais vraiment au
fond du trou intervient dans une discussion anodine en
remarquant : “Ah oui ! Ça, c’est comme dans le poème
sur l’oiseau.” Il voulait parler de L’Albatros [de Charles
Baudelaire, ndlr] et ça m’a mis du baume au cœur.
D’une manière générale, j’ai décidé de me consacrer
à des élèves avec des besoins éducatifs particuliers,
aujourd’hui en Segpa, demain en établissement péni-
tentiaire pour mineurs. Cette année, 100 % des élèves
de mon établissement se sont présentés au brevet
professionnel, et c’est une formidable réussite de notre
équipe pédagogique, car ils n’y sont pas obligés. » U A. C.
* Sections d’enseignement général et professionnel adapté.
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