MadMercredi 14 août 2019Page 19voix. Quand on joue, Bram et
Lander foncent parfois dans
leurs aventures, et moi aussi,
mais dans un sens je reste au
centre et ils peuvent chacun tou-
jours revenir à moi.La contrebasse, n’est-elle pas
toujours l’ancre du trio?
Sans doute, oui. Mais la contre-
basse joue aussi un autre rôle
que celui de l’ancrage : elle peut
faire entendre sa propre voix. Je
veux jouer autre chose que les
notes de base, ajouter une nou-
velle couche à la musique pro-
duite. Comme Scott La Faro le
faisait dans le Bill Evans Trio.Vous êtes une bassiste plus
mélodique que rythmique,
d’ailleurs.
J’espère que oui. J’essaie en tout
cas. Bien sûr, je dois être impec-
cable rythmiquement, mais
j’adore jouer de magnifiques
mélodies, être lyrique.Vous composez aussi?
Je compose beaucoup pour le
théâtre, et j’ai écrit pour la pres-
tation au Middelheim. Je
trouve parfois des mélodies sur
ma contrebasse, ou sur le piano.
Mais surtout dans ma tête. Et le
plus souvent dans mes rêves. Ça
ressemble à un conte de fées
mais c’est vrai : je me réveille
une mélodie dans la tête et je
dois la noter immédiatement.
Et puis je m’inspire beaucoup
de l’écoute des tas de choses qui
me parlent, qui me donnent des
directions et me permettent
d’accoucher de mes propres
idées. Il est difficile et sans
doute peu nécessaire de faire des
choses totalement nouvelles, il
s’agit parfois d’effectuer des col-
lages et de faire en sorte que ça
me plaise.C’est très jazz, en fin de
compte, cette façon de faire.
Oui, je crois. C’est organique. Ce
n’est peut-être pas tout à fait
professionnel, mais je m’en
moque, je fais ce que je crois de-
voir faire. Pour moi d’abord et
pour le public ensuite.Cette journée du 16 août au
Middelheim, vous jouez quatre
fois avec des groupes différents.
C’est sportif.
Ça va être dur, mais ça va être
super. Je suis déjà hyperner-
veuse. Mais c’est cool d’avoir lachance de faire ça. Le Middel-
heim m’a demandé de remplir
une journée. Et j’ai proposé les
différents groupes.Ce sont quatre projets assez
différents. C’est facile de passer
de l’un à l’autre?
Je ne sais pas encore. Ce doit
être difficile, en effet. Mais il
s’agit de se concentrer. Je vais
m’isoler, focaliser sur chacun
des concerts. Car ce sont non
seulement des musiques di-
verses mais aussi des façons dif-
férentes de jouer la contrebasse
et de prendre ma place dans legroupe. Je me mets au défi,
mais j’aime ça. Le public pour-
ra voir quatre faces d’Anneleen
à la contrebasse. Et je suis très
excitée. Et comme c’est le jour
anniversaire de la mort de mon
grand-père, ce sera un bel hom-
mage à lui rendre parce qu’il
m’a beaucoup encouragée.
Propos recueillis par
JEAN-CLAUDE VANTROYEN▶ Anneleen Boehme sur la Garden Stage.
Le vendredi 16, à 16 h 50, avec Yskan ; à
18 h 50, en trio avec Bojan Z et Pol
Belardi ; à 20 h 50 avec Grand Picture
Palace ; à 23 heures avec Ara Sextet.d’Anneleen à la contrebasse »
Nos choix
Ambrose Akinmusire
Les jeudi, samedi et dimanche
Le trompettiste US est l’artiste
en résidence du festival. Son
jazz teinté de hip-hop, de funk,
de soul, revendicateur et anti-
raciste est le fil rouge du Mid-
delheim. Avec Origami Harvest,
Mae Mae ou en quartet.Pharoah Sanders
Le jeudi 15 à 21 h 30
Le sax américain de bientôt
79 ans est toujours là. Avec sa
hargne, ses sons suraigus, ses
« clusters », son timbre charnel,
ses envolées spirituelles et ses
longues introductions pour
mettre public et musiciens en
condition. En quartet à Anvers.Charles Lloyd
Le vendredi 16 à 19 h 30
Lyrique, passionnée, spirituelle,
la musique du sax américain
recherche toujours des sonori-
tés et des inflexions nouvelles. A
81 ans, Lloyd reste aventureux.
Et son groupe est unique :
Gérald Clayton, Martin Sewell,
Reuben Rogers et Eric Harland.Joe Lovano
Le dimanche 18 à 18 heures
Sa musique rassemble le
meilleur de la tradition du jazz,
qu’il mène dans des nouveaux
territoires, avec force, énergie,
une certaine violence tranquille,
un son chaleureux. Il est en trio
avec deux musiciennes.JAZZ
musiques