SUD OUEST bassin d\'Arcachon du Vendredi 02 Août 2019

(Ron) #1

Agglorama


Vendredi 2 août 2019SUD OUEST


Gaëlle Richard
[email protected]


O


n se croit seul au monde.
Après avoir passé le port de
Bègles et le pont François-Mit-
terrand, l’île d’Arcins s’offre comme
un horizon de verdure. La campa-
gne lèche la rivière. Cette partie
amont de la Garonne, encore peu
exploitée par les balades fluviales,
devient le nouvel eldorado des ba-
teaux de sortie à la journée.
Les sociétés Bordeaux sur l’eau et
Be Boat, les plus récentes sur la Ga-
ronne (depuis l’année dernière),
s’y aventurent particulièrement.
Les plus anciennes (dotées de na-
vires plus importants) mettent
plutôt le cap vers l’estuaire.
À bord de « Patte d’ours », la
plate de Bordeaux sur l’eau, on vo-
gue au gré de la marée montante
vers Camblanes, rive droite, et Ca-
daujac, rive gauche. Le silence en-
vironnant ne laisse la place qu’au
cliquetis des vaguelettes qui cou-
rent le long de la coque de l’an-
cien chaland ostréicole ramené
du bassin d’Arcachon par Pierre-
André Lescurat.


Côté sauvage de la Garonne
Sa terrasse flottante, avec chaises
longues, pouf, plancha et bar tout
de bois revêtu, emmène les grou-
pes de 12 personnes maximum
jusqu’à Langoiran ou Cadillac
pour les plus longues balades. « En
une heure, on peut aussi aller jus-
qu’au bout de l’île de la Lande
après laquelle la Garonne prend
plein ouest ce qui permet d’assis-
ter à de magnifiques couchers de
soleil. On a l’impression que la ri-
vière se jette dans l’astre! » Le


jeune entrepreneur a choisi, avec
son bateau de 50 centimètres de ti-
rant d’eau, de remonter la Ga-
ronne pour proposer à ses clients
un horizon pas encore défloré par
ses concur-
rents. « Ici, la ri-
vière est plus
étroite qu’en
aval. Les berges
sont plus pro-
ches, on voit
mieux les car-
relets, les châ-
teaux et les vi-
gnes. On a vrai-
ment la
sensation d’être en pleine nature.
Les gens ignorent, y compris les
Bordelais, que cette zone de la Ga-
ronne est aussi belle et tout près
puisqu’en une demi-heure, on est
déjà devant les premiers châteaux
viticoles. »

La gastronomie aussi
La campagne au bord du fleuve,
c’est aussi ce qui a séduit Be Boat.
Adrien Creuset propose des bala-
des thématiques sur le pont de
« Aglaé Bordeaux », maximum
12 personnes. « Nos clients préfè-
rent, soit rester devant Bordeaux
pour découvrir la ville d’une ma-
nière différente, soit aller dans le
Médoc. Ceux qui ont déjà fait des
croisières avec « River Cruise »,
« Burdigala » ou « Marco Polo »
connaissent l’aval, on leur pro-
pose donc l’autre côté sauvage de
la Garonne. Pour se rendre dans le
Médoc, il faut passer le port de
commerce et le bec d’Ambès, c’est
intéressant quand on fait une sor-
tie historique, mais les gens qui
veulent profiter de l’eau et d’une

balade appré-
cient souvent
davantage le
côté nature de
l’amont. »
Les berges of-
frent leur série
de carrelets.
« Sur l’île de la
Lande, il y en a
une quinzaine qui se suivent, dé-
crit Adrien Creuset. Les gens igno-

rent que l’on peut remonter loin. »
Les deux compagnies proposent
des déjeuners, des dîners ou des
apéritifs avec des produits locaux.
Be Boat a établi un programme
pour découvrir Bordeaux via sa
gastronomie. Au menu : à Bègles,
on déguste de la morue, à Bor-
deaux une terrine de lamproie, à
Lormont un gratin de Lormont
(une charcuterie) et juste avant le
pont Chaban-Delmas, la crème

dessert Jock avec un baba au
rhum, le tout accompagné de vin
de Bordeaux.
Bordeaux sur l’eau sort la plan-
cha pour griller la viande que les
clients, grâce au droit de bouchon,
peuvent amener à bord. Les huî-
tres sont servies directement par
le restaurant Merci! sur le ponton
du port de Bègles. De quoi mettre
le cap vers l’amont sans risquer de
périr de faim ou déshydraté.

BALADES FLUVIALES De plus en plus,


les armateurs proposent des excursions


vers l’amont de la Garonne. La rivière, y


étant plus étroite, offre un cadre bucolique


L’amont, nouvel eldorado du fleuve


« Les berges
sont plus
proches,
on voit mieux
les carrelets,
les châteaux
et les vignes »

Une croisière pour le prix d’un
ticket de tram, ça ne se refuse pas.
Pour 2 euros le ticket acheté à
bord du Batcub, les touristes peu-
vent s’offrir trois quarts d’heure
de navigation de la rive droite
(ponton Parlier, près de Stalin-
grad) à... la rive droite (Lormont-
Bas, au pied du pont d’Aquitaine).
Ou l’inverse avec vue imprenable
sur la façade des quais. Succès ga-
ranti. Le week-end, il faut parfois
refuser du monde.
L’utilisation vacancière du Bat3
(Batcub) obéit à un mode d’em-
ploi un peu complexe. Il faut no-
tamment jongler avec les horai-
res. Toutes les rotations (une qua-
rantaine par jour en semaine) ne


font pas le tour complet. Et
même si les pontons sont désor-
mais équipés de panneaux d’in-
formation en temps réel, c’est par-
fois l’embrouille à Jean-Jaurès, de-
vant la place de la Bourse, où les
candidats au départ se pressent
comme s’ils embarquaient pour le
voyage de leur vie. « Ah bon, ça ne
dure que quatre minutes, la tra-
versée? On ne peut pas faire un
petit tour en plus? », s’enquiert
une dame en partance pour Sta-
lingrad.
Ben non, on ne peut pas. Les
employés de TBM sont parfois
obligés de rappeler que le Bat3
(que les touristes appellent « Bat
Trois ») est avant tout un moyen

de transport. C’est ainsi qu’il a été
conçu, en complément des trams
et des bus. Et, pour les habitués,
la navette fluviale reste le moyen
le plus rapide de traverser la Ga-
ronne.
Le succès des deux catamarans
bleu et blanc crée à la saison quel-
ques conflits d’usage. Pas bien gra-
ves mais rigolos. Et que je multi-
plie les selfies en demandant s’il
y a le wifi à bord, et que je pré-
tends serrer la main du capitaine,
et que je traîne sur la rampe d’ac-
cès pour contempler le paysage,
et que je déballe le pique-nique
sur le pont arrière. Normalement,
il faut descendre à chaque termi-
nus, même si on reprend le ba-

teau. Ce que les touristes refusent
parfois de faire parce qu’« on est
trop bien, là ».

Pendant ce temps, les habitués
ricanent gentiment.
Catherine Darfay

Pour 2 euros, les touristes peuvent s’offrir trois quarts d’heure
de navigation. PHOTO ARCHIVES QUENTIN SALINIER

NAVETTE Touristes et usagers partagent les mêmes catamarans. Ambiance


Le Batcub plébiscité par les touristes


Les deux
compagnies
proposent
des déjeuners,
des dîners ou
des apéritifs

20h

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