GEO Histoire - 04.2019 - 05.2019

(Tina Meador) #1

L


es sénateurs sont inquiets. En
217 av. J.-C., le général carthagi-
nois Hannibal écrase l’armée
romaine au lac Trasimène, en
Ombrie. Depuis des mois, ses troupes
déferlent sur l’Italie, et Rome est dé-
sormais à sa portée. Mais malgré cette
troisième victoire de suite – après celles
du Tessin et de la Trébie –, le stratège
ne file pas plein sud pour attaquer
Rome. Pourquoi ce choix? Il sait la ville
imprenable. Hannibal préfère contour-
ner de loin la cité du Tibre, de l’est des
Apennins au nord des Pouilles où il
prend ses quartiers. A Rome, le Sénat
s’en remet entièrement à Quintus Fa-
bius Maximus dit le «Temporisateur»,
nommé «dictateur» pour six mois. Mais
celui-ci souhaite éviter l’aff rontement
frontal avec le Carthaginois et opte pour
une politique attentiste...
L’année suivante, en 216 av. J.-C.,
deux nouveaux consuls sont élus à
Rome. Rompant avec la stratégie du
«Temporisateur», ils décident de com-
battre Hannibal sur son propre terrain,
près de Cannes, une petite cité d’Apu-
lie (aujourd’hui dans les Pouilles),
située à quelques kilomètres de la
mer Adriatique. L’aff rontement éclate
le 2 août 216 av. J.-C. Hannibal se
trouve en situation d’infériorité. A sa
disposition : 30 000 à 40 000 fantas-
sins et 10 000 cavaliers, dont beau-
coup de mercenaires d’Europe et
d’Afrique (Ibères, Gaulois, Numides,
Libyens...). Les Romains, quant à eux,
possèdent le double de soldats, des
citoyens romains et des militaires
«alliés» venus des quatre coins d’Italie.
Mais l’armée de Rome a néanmoins
un point faible : elle ne compte que
6 000 cavaliers. Sur le papier, le Car-
thaginois n’a aucune chance de
l’emporter. A moins de se révéler un
excellent tacticien. Ce qu’il est.

Sur la rive sud du fl euve Ofanto,
Hannibal décide de disperser ses sol-
dats sur un front très étiré et peu pro-
fond. En première position, le général
place son infanterie légère, ces soldats
redoutés que les Romains appellent
les «frondeurs des Baléares». A l’ar-
rière est positionnée l’infanterie
lourde des Gaulois et des Ibères, fl an-
quée sur les côtés des troupes d’élite
africaines. Plus éloignée encore, sur
les ailes, on trouve la cavalerie, ren-
forcée sur la gauche. En face, les lé-
gions romaines tiennent leur forma-
tion de combat classique, la triplex

BATAILLE DE CANNES : CE JOUR OÙ


LES ROMAINS ONT FAILLI TOUT PERDRE...


216 avant J.-C.


Dans la plaine de Cannes, l’armée d’Hannibal (au premier plan) laisse les légions avancer

Le 2 août, le général
Hannibal infl ige une cin-
glante défaite à l’armée
romaine. Malgré son
écrasante victoire, le stra-
tège carthaginois refuse
de détruire Rome.

58 GEO HISTOIRE

LES GUERRES

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