Les Echos - 02.03.2020

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Les Echos Lundi 2 mars 2020 EXECUTIVES// 37


Propos recueillis par Muriel Jasor
@Mljr75112


C


ette ingénieure, diplômée de Cen-
trale Supélec, accompagne la
stratégie globale de Microsoft
France, et en particulier la transformation
digitale des organisations grâce aux inno-
vations portées notamment par le cloud.
Présidente du conseil d’administration
d’Impact AI, un collectif de réflexion et
d’actions, lancé à l’initiative de Microsoft et
constitué d’un ensemble d’acteurs sensi-
bles aux enjeux de l’intelligence artificielle,
elle avance que cette technologie aidera les
femmes à prendre leur place sur le mar-
ché du numérique et à mieux les intégrer
dans la société en général.


Le mandat d’Isabelle Kocher
chez Engie n’a pas été renouvelé.
Ainsi sort du radar la seule
femme du CAC 40...
Qu’en pensez-vous?
On ne peut que se désoler de constater
qu’il n’y a pas de femmes à la tête d’une
société du CAC 40. En pesant favorable-
ment sur la parité des conseils d’adminis-
tration, la loi a accéléré le mouvement et
c’est une bonne chose. Preuve que les
quotas et autres incitations à l’égalité
aident! Pour ce qui concerne les comités
exécutifs, en revanche, le raisonnement
doit être incitatif. Il revient aux entreprises
de structurer leur gouvernance librement
et de trouver les ressources internes néces-
saires. Au niveau du comex, il importe
surtout que les dirigeants et les comités de
direction soient convaincus de l’absolue
nécessité d’agir en faveur de la parité. Si tel
n’est pas le cas, les conséquences d’une
diversité sans inclusion seraient terribles!
L’impératif est de créer un cadre au sein
duquel tout le monde se sent inclus en
termes de genre, âge, orientation sexuelle,
handicap... C’est tout un état d’esprit,
assorti d’actions quotidiennes mesurables,
que doit ainsi infuser l’organisation.


Un état d’esprit que vous trouvez
chez Microsoft France?
Oui, nous sommes quasiment à parité
pour les postes de direction. Nous avons
beaucoup investi pour parvenir à ce résul-
tat et invité nombre de femmes et d’hom-
mes à s’engager en ce domaine. Quand les
métiers du numérique comprennent 25 %
de femmes sur le marché, le pourcentage
s’établit à 32 % chez Microsoft France.


Quelles actions jugez-vous
les plus pertinentes?
Elles sont multiples. Il s’agit, pour des fem-
mes et des hommes, de prendre la parole
sur des sujets de parité, de se poser en rôle
modèle et de refuser de participer à un
panel où ne figure aucune femme. Lors d’un
recrutement, il est aussi opportun de passer
plus de temps à rechercher de la diversité
dans les profils proposés. A cet égard, nous
avons opté, chez Microsoft, pour des forma-
tions au management inclusif, il s’agit là
d’un investissement clé à l’attention des
managers. Nous avons aussi mis en place
des sessions de mentoring, internes et
intra-entreprises. Microsoft France côtoie, à
Issy-les-Moulineaux, des groupes tels que
Coca-Cola, Accor, Transdev, TF1 avec les-
quels nous pratiquons du cross-mentoring.
Cela permet de donner aux femmes des
conseils d’un autre type et de les inscrire
dans différentes perspectives.


On dit souvent des managers
intermédiaires qu’ils freinent
des quatre fers...
Bien au contraire, le middle management
est à bord. Les managers intermédiaires
sont très en demande de formation. Ils
recherchent des conseils sur la façon de
procéder dans un cadre inclusif et de
s’assurer que l’on développe les bonnes
personnes. Ils sont sensibilisés à l’impact
des biais de raisonnement, notamment au
fait que le comportement d’une femme en
entretien peut être différent de celui d’un
homme.


Quels conseils prodigueriez-vous
aux femmes?
Le premier porte sur la confiance en soi,
qu’il faut constamment travailler, afin de
briser les barrières mentales. Cela passe
par du mentoring et des connexions entre
femmes. Ensuite, il convient de travailler
son réseau dans et en dehors de l’organisa-
tion. Enfin, je leur conseille aussi d’identi-
fier les entreprises les plus motivées sur
ces sujets. L’important est de créer un
cadre de travail qui donne confiance et
conduise naturellement à des postes de
management et de direction. Chez Micro-
soft, l’index de parité femmes-hommes
calculé par le gouvernement était de 98 %
l’an dernier.

Po ur quelles raisons tant de petites
filles pleines d’aplomb perdent-elles
confiance?
On ne sait pas comment l’expliquer.
On en parle beaucoup au sein de fem-
mes@numérique. Exposer des jeunes
filles à des métiers perçus comme mas-
culins est essentiel. Nous le faisons dans
le cadre de notre programme DigiGirlz
pour ce qui concerne les métiers du
numérique actuels et à venir. L’idéal
serait de mener des actions conjointes
avec l’Education nationale pour lutter
contre les biais de genre et les stéréoty-
pes qui sont déjà très présents à l’école. Il
est temps de passer à une action de
masse.

Recommandations, Livres
blancs... Les associations de fem-
mes multiplient les initiatives.
N’est-il pas temps de fédérer tou-
tes ces énergies?
Vo us avez raison, on mobilise beaucoup
d’énergie. Tous ces regroupements, asso-
ciations, clubs travaillent assidûment sans
être encore parvenus à changer véritable-
ment la donne. Le temps est venu de
prendre une seule action collective
d’ampleur !n

« L’intelligence artificielle


va a ccélérer la diversité »


INTERVIEW LAURENCE LAFONT COO DE MICROSOFT FRANCE


En quoi l’intelligence artificielle
peut-elle devenir une alliée des
femmes?
L’intelligence artificielle est un sujet de
société dont l’impact sur nos vies sera
retentissant. Elle donne l’opportunité
d’accélérer la diversité. A l’Ecole IA
Microsoft, créée il y a deux ans, une
promotion s’appelle « Ambition fémi-
nine ». Des profils des plus divers y ont
été formés et ce sont, pour la plupart, des
personnes en reconversion profession-
nelle (d’anciennes pâtissières, esthéti-
ciennes, juristes...). Créée en partenariat
avec Simplon, l’école permet aux appre-
nantes de bénéficier de 7 mois de forma-
tion suivis de 12 mois de contrat de pro-
fessionnalisation au sein d’une entreprise
partenaire de Microsoft. Sachant que l’IA

s’appuie sur un jeu de données, si son
approche repose sur un mode de pensée
essentiellement masculin et si, en consé-
quence, la data n’est pas représentative,
il y aura de quoi sérieusement s’inquiéter.
Or, en ce domaine, le secrétaire d’Etat
chargé du Numérique, Cédric O, a
avancé qu’un nombre de 80.000 emplois
sont actuellement non pourvus, et la
situation pourrait concerner jusqu’à
200.000 emplois non pourvus dans le
numérique si on ne fait rien. C’est dire si,
pour les femmes, il y a des opportunités à
saisir! L’IA a cette vertu de pouvoir
rééquilibrer les choses dans un mouve-
ment volontariste.

« L’important est
de créer un cadre
de travail qui donne
confiance et conduise
naturellement
à des postes
de management
et de direction. »

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Engie - « La tech
pour toutes » , un
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A l’école 42 , 96 bou-
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Paris 17e
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Code Ateliers de
programmation
informatique pour
jeunes filles et tables
rondes pour parents
dimanche 8 mars, de
10h à 19h. Lieu : The
Family, à Paris 4e.
// Connected Girls
La 12 e é dition de cet
événement organisé
par Cisco France,
visant à attirer les
jeunes filles vers l es
filières d u numérique,
aura lieu le 25 m ars
de 13h30 à 17h00,
dans les locaux
de Cisco à Issy-
Les-Moulineaux.

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*SourceFédérationfrançaisedela
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**SourceBanquePopulaire/Fédération
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DR

S

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franchisésont eu une
première expérience
professionnelleavantdeselancer

Femmes et Business

echo.st/m327687
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