Les Echos - 03.03.2020

(Dana P.) #1

24 // ENTREPRISES Mardi 3 mars 2020 Les Echos


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P A R I S N O R D - V I L L E P I N T E

TO W’S I


ED HE


L’ S’ VE


LOISIRS


Sophie Amsili
@samsili


Qui récupérera le trône du roi
défunt? La Reine, l’Assassin ou
encore l’Espion? Dans Oriflamme,
jeu de cartes stratégique ambiance
« Games of Thrones », il est ques-
tion de complots et d’embuscades
pour éliminer les cartes des adver-
saires et remporter l a partie. Le jury
du Festival international des jeux de
Cannes a été tellement séduit par
cette mécanique qu’il a r écompensé
le jeu en février d’un as d’or-jeu de
l’année « tout public », récompense
la plus convoitée du secteur. Der-
rière ce jeu de cartes au design soi-
gné, créé par Adrien e t Axel Hesling
et illustré par Tomasz Jedruszek, se
trouve un nouvel acteur de ce mar-
ché : le groupe Hachette.
Car le groupe d’édition convoite,
lui aussi, un trône : celui de leader
du marché très dynamique du jeu
de société. En croissance depuis
une quinzaine d’années, le secteur
affiche une très belle performance
en France, avec un chiffre d’affaires
de 450 millions d’e uros en 2019, en
hausse de 10 % sur un an, d’après le
cabinet NPD.
Depuis quelques années, la pro-
fession (auteurs, éditeurs et distri-
buteurs de jeux) se structure et les
annonces de rachats se font plus
fréquentes. Le géant français
Asmodee, numéro deux mondial
derrière l’américain Hasbro, lui-
même racheté en 2018 par le fonds
PAI pour 1,2 milliard d’euros, a
annoncé l’an dernier le rachat de
deux studios dont il distribuait les
créations depuis de nombreuses
années : Repos Production – qui
édite notamment les best-sellers
Time’s Up !, 7 Wonders – et Lui-
Même – connu notamment pour
ses Loups-Garous de Thiercelieux.
Au total, le groupe, qui affiche
une croissance annuelle de 10 % de


« Avant, il y avait essentiellement les
jeux de gestion, de figurines et de pose
d’ouvriers. Ils sont toujours là, mais le
spectre s’élargit de plus en plus » ,
résume Yoann Laurent, président
du distributeur BlackRock. Les jeux
d’humour « trash », destinés aux
ados et jeunes adultes, (Limite
Limite, Taggle, Juduku, etc.) sont
ainsi t rès en vogue d epuis l e best-sel-
ler Blanc-Manger Coco, meilleure
vente de jeux de 2019 en France. On
trouve, à l’inverse, des jeux « feel
good » comme Totem, qui incite les
joueurs à décrire les qualités des
autres. L’objectif est là avant tout de
proposer un moment convivial à
partager.

Unlock! vendu à
1,2 million d’exemplaires
Dans toute cette diversité, une ten-
dance de fond perdure depuis plu-
sieurs années : le jeu coopératif a
toujours le vent en poupe. Dans ce

type de jeu, les participants ne doi-
vent pas s’affronter, mais au con-
traire s’allier pour parvenir à un
objectif commun. Une catégorie a
particulièrement la cote : le jeu
d’enquête et de déductions, popula-
risé par le best-seller Unlock !, sorti
en 2017 et primé à Cannes.
Ce jeu de cartes qui retranscrit
l’expérience d’un « escape game »
en y associant une application sur
smartphone a trouvé son public
malgré un défi de taille : une fois le
jeu terminé, et ses secrets dévoilés, il
n’y a plus d’intérêt à y rejouer! Mais
les différentes éditions (7 boîtes de
trois jeux jusqu’à présent) ont séduit
au point de dépasser 1,2 million
d’exemplaires vendus.
Dans la foulée, tous les fabricants
ont voulu tenter leur chance, et de
nombreux jeux d’enquêtes ont
envahi les b outiques de jeux : Myste-
rium, Sherlock Holmes Détective
Conseil, Watson & House (qui n’est

pas coopératif), Détective, Exit,
Escape from Asylum, T.I.M.E Sto-
ries, etc. Autre tendance observée
par les b outiques et les f abricants : la
hausse de la demande pour les jeux
pouvant se jouer en solo et en duo.
« On veut pouvoir jouer, même sans
copains », explique Romain Baillon,
vendeur au sein de la boutique mar-

Au Festival des jeux de Cannes, ren-
dez-vous annuel du monde ludique
francophone, il y en avait pour tous
les goûts. Depuis le jeu d’ambiance
pour l’apéro à 15 euros jusqu’au jeu
de stratégie de plusieurs dizaines
d’heures à 150 euros, en passant par
les traditionnels formats familiaux,
l’offre est plus variée que jamais.
Sur ce marché en plein essor
depuis une quinzaine d’années, les
éditeurs visent depuis bien long-
temps au-delà des passionnés.


Sur ce marché en crois-
sance depuis une quinzaine
d’années, l’offre ne cesse de
se diversifier et s’adresse à
tous les publics. Le jeu
coopératif reste en tête des
tendances. Une catégorie a
particulièrement la cote :
le jeu d’enquête, popularisé
par le best-seller
Unlock!


Hachette à l’assaut d’Asmodee

l Le groupe d’édition a été primé pour la première fois dans le jeu de société, au Festival des jeux


de Cannes, un an après avoir entamé sa diversification sur ce marché en croissance.


lLe géant français du secteur Asmodee continue, lui, de grossir, avec le rachat de deux studios.


seillaise La Crypte du Jeu, qui cons-
tate le succès de jeux comme Le Défi
de la Reine et Pandemic.
Puisqu’ils nécessitent de former
une seule équipe alliée « contre le
jeu », les formats coopératifs s’adap-
tent particulièrement bien aux con-
figurations à 1 ou 2 joueurs. Chez
l’éditeur Repos Production, le jeu
coopératif « Last Bastion » est ainsi
prévu pour 1 à 4 participants.
Mais son best-seller, Seven Won-
ders (plus d’un million d’exemplai-
res vendus), jeu de draft stratégique
sorti en 2010, ne s’y prêtait pas. Une
version Duel a donc vu le jour cinq
ans plus tard. Quelque 750.000 boî-
tes ont été écoulées. Un succès révé-
lateur, selon Nicolas Benoist, direc-
teur de communication et de
produit au sein du groupe Asmo-
dee : « Jouer en couple, cela montre
que le jeu de société est devenu un loi-
sir mature, comme Netflix et les jeux
vidéo. » — S. A.

Les dernières tendances du jeu de société


son chiffre d’affaires depuis plus
d’une décennie, compte désormais
une quinzaine de studios dans le
monde. « C’est une façon de sécuri-
ser nos IP [titres de propriété intel-
lectuelle, NDLR] et de garder des
gens de talent qui nous apportent de
bons produits » , explique Nicolas
Benoist, directeur de communica-
tion et de produit dans le groupe.

« On vise 8 à 10 jeux
par an »
Hachette, de son côté, a mis un pre-
mier pied dans le secteur en jan-
vier 2019, avec le rachat du distribu-
teur Gigamic. En novembre
suivant, il intégrait un autre distri-
buteur, Blackrock. En interne,

Hachette a aussi lancé, à l’été, deux
studios de création de jeux : Funny-
fox, d’inspiration plutôt familiale, e t
Studio H, davantage ancré dans
l’univers geek. Pour diriger ce der-
nier, Hachette s’est offert un poids
lourd de l’édition du jeu de société
en France, Hicham Ayoub Bedran,
qui avait fondé et codirigeait la mai-
son Matagot. L’ambition est claire,
et, six mois après l’installation de la
petite équipe de Studio H, huit jeux
sont déjà sortis ou s’apprêtent à sor-
tir, dont Oriflamme. « On vise 8 à 1 0
jeux par an, dans différentes catégo-
ries : jeux d’adresse, de rôle, de place-
ment d’ouvriers, de quiz... des jeux
experts comme familiaux » , expli-
que Thibault Lion, responsable du

marketing et de la communication
chez Studio H.

Offre pléthorique
Après l’annonce de l’as doOr rem-
porté par Oriflamme, Arnaud
Nourry, PDG de Hachette Livre s’est
félicité « de cette belle distinction,
obtenue une année seulement après
avoir engagé la diversification sur le
marché des jeux de société » et rap-
pelé que le projet du groupe était
« de devenir un acteur de premier
plan dans ce secteur ». Asmodee affi-
che, de son côté, sa sérénité face à
l’arrivée de ce nouveau concurrent.
Nicolas Benoist s’inquiète plutôt
d’un autre « problème latent » du
marché : en comptant les exten-

sions et rééditions, on estime qu’un
millier de jeux arrivent chaque
année sur le marché francophone.
« L’offre est pléthorique, les magasins
sont noyés sous le flot de nouveautés
de qualité et les intervenants n’arri-
vent plus à suivre. Personne ne sait ce
qui va se passer » , estime-t-il, à l’unis-
son des autres professionnels croi-
sés à Cannes.
Pour se démarquer, Thibault
Lion, de Studio H, évoque un équili-
bre délicat à trouver entre « l’acces-
sibilité des règles, la durée d’une par-
tie, l’expérience de jeu, le matériel et le
prix ». « On n’a pas le droit à l’erreur
car il y a beaucoup de très bons jeux
partout. » La partie est en tout cas
remportée cette année.n

En croissance depuis une quinzaine d’années, le secteur affiche une très belle performance en France, avec un chiffre d’affaires
de 450 millions d’euros en 2019. Phot o iStock

à suivre


Eiffage finalise sa
montée au capital
d’APRR et Adelac
TRANSPORT Eiffage a
annoncé lundi avoir finalisé
sa montée au capital des deux
réseaux autoroutiers qu’il
détient déjà en partie : Auto-
routes Paris-Rhin-Rhônes
(APRR) et Adelac (A 41 Nord).
Cette transaction de gré à gré,
qui représente un investisse-
ment net de 150 millions
d’euros financé par Eiffage
sur sa trésorerie disponible,
lui permet de se renforcer de 2
% au capital d’APRR et d’ADE-
LAC. Il s’agit d’un renforce-
ment i ndirect, par acquisition
de 4% de MAF2, holding de
détention d’APRR (elle en
possède 50 % moins une
action) et d’Adelac (qu’elle
détient à 25,1%). Eiffage a
annoncé au passage une
« évolution de la gouvernance
de MAF2 ».

Les ventes
de Tesla chutent
en Europe
AUTOMOBILE Comme le rap-
porte l’agence Bloomberg, les
ventes du constructeur cali-
fornien ont plongé en début
d’année en Norvège et aux
Pays-Bas, les deux pays où la
la jeune société avait réalisé
d’excellentes ventes en 2019.
Tesla a vendu seulement 83
voitures en Norvège en
février, contre 1.016 durant la
même période l’an dernier.
Sur les deux premiers mois de
l’année, la chute est de -77%.
Aux Pays-Bas, le plongeon est
de -68% s ur un an en février, et
de -42% en cumul depuis le
premier janvier. Après la
flambée des ventes fin 2019 du
fait de l’engouementpour la
Model 3, ce recul est specta-
culaire. Il n’arrange pas le
patron de la marque, Elon
Musk, qui doit déjà faire à un
quasi-arrêt des ventes en
Chine avec le coronavirus.

Cancer : Gilead
mise sur
l’immunothérapie
PHARMACIE Le laboratoire
américain Gilead a déboursé,
lundi, pas moins de 4,9 mil-
liards de dollars (4,3 mil-
liards d’euros) pour acheter
la biotech californienne
Forty Seven, spécialisée dans
l’immuno-oncologie. L’opé-
ration, réalisée en numé-
raire, doit permettre à Gilead
de progresser en immuno-
thérapie avec un thérapie
expérimentale qui pourrait
être la première dans sa caté-
gorie, explique son nouveu
PDG, Daniel O’Day. Le traite-
ment de Forty Seven, appelé
magrolimab est un anticorps
monoclonal ciblant un signal
des cellules cancéreuses i ndi-
quant de ne pas les détruire.
En bloquant ce signal, le trai-
tement permet au système
immunitaire du patient
d’éradiquer ces cellules mali-
gnes.

« Jouer en couple,
cela montre que
le jeu de société
est devenu un loisir
mature, comme
Netflix
et les jeux vidéo. »
NICOLAS BENOIST
Asmodee
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