Les Echos - 07.04.2020

Mardi 7 avril 2020

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Sharon Wajsbrot

@Sharonwaj

C’est un phénomène exceptionnel tradi-

tionnellement réservé aux périodes de

vacances d’été, qui devient de plus en plus

courant. Dimanche après-midi, les négo-

ciants d’électricité sur les marchés de gros

en France pouvaient recevoir du courant et

se voir verser de l’argent pour cela! En effet,

entre 13 heures et 16 h 30, le prix du

mégawattheure (MWh) était en territoire

négatif sur le marché spot Epex. Au point le

plus bas, il a atteint – 21,06 euros. En France,

c’est tout simplement le quatrième diman-

che de suite que les fournisseurs d’électri-

cité sont contraints de faire ce « cadeau » à

leurs clients...

Le phénomène touche l’ensemble du

Vieux Continent ou presque. En A ngleterre,

en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas et

en Autriche, les prix de l’électricité sont

aussi passés en territoire négatif ce diman-

che. C ’est en Allemagne où l e courant é tait l e

plus attractif : à 14 heures l e mégawattheure

se négociait à – 50,26 euros.

Beau temps et confinement

Pourquoi les fournisseurs sont-ils con-

traints à de tels « cadeaux »? Conjugué au

beau temps, le confinement a provoqué

une chute de la consommation d’électricité

brutale et très rapide, et les centrales con-

frontées à des coûts d’interruption des

moyens de production (nucléaires, à gaz,

hydrauliques) ne peuvent pas ralentir la

cadence au même rythme.

« En Espagne, en Italie, en France la

demande d’électricité a baissé de 15 à 25 % [ ...].

Il y a une hausse légère de la demande domes-

tique mais celle-ci est largement compensée

par une chute de la demande des industriels.

Les foyers représentent 29 % de la demande

d’électricité en Europe, contre 39 % et 30 %

pour, respectivement, l’industrie et les servi-

ces », indique l’agence Moody’s. En 2020,

elle table sur une chute de la demande plus

forte que celle observée après la crise de

2008.

Les éoliennes n’ont pas intérêt

à cesser de produire

La croissance des énergies renouvelables

dans les mix énergétiques des pays euro-

péens accroît le déséquilibre du marché.

Appelés en priorité par l e réseau

de transport d’électricité, les producteurs

d’énergie solaire et éolienne bénéficient

en effet de tarifs de rachat garanti de leur

électricité. Ils n’ont donc aucun intérêt à

débrancher leurs centrales, quelle que

soit la demande.

En France, l’impact de ces moyens de

production reste limité puisque les é nergies

J

CAC 40

4.346,14 points

4,6108 % J

DOW JONES

22 .139,93 points

5,1652 % n

EURO/DOLLAR

1,0805 $

-4,2833 % J

ONCE D’OR

1.648,3 $

2,1821 % n

PÉTROLE (BRENT)

32 ,93 $

-4,9639 %

DEVISESEUR/GBP0,87 85 EUR/JPY1,179EUR/CHF1,0559 GBP/USD1,22 99 USD/J PY1,0912USD/CHF0,97 73 TAUXEONIA-0,449LIFFE EURIBOR 3 MOIS-0,341OAT 10 ANS0,0 76 T- BONDS 10 ANS0,59 48

ÉNERGIE

3D Morphoz 27

Airbus 17, 26

Air France 17

Air France-KLM 16

Aliexpress 13

Alitalia 16

Amazon 13

Amundi 28

Ankama 27

Bigot Fleurs 27

BlackRock 28

Boeing 17

Brussels Airline 16

Canal+ 22

Canaves 27

Cerp Rouen 13

Deutsche Bahn 20

Discovery 23

Disney+ 22

EDF 18

Elior 31

Emirates 16

Equisense 27

Fabernovel 23

Groupe Voltaire 27

Itaú BBA 31

JP Morgan 34

Leboncoin 13

Mecachrome 26

Mediaset 23

Netflix 22

Qatar Airways 16

Rai 23

Ryanair 16

Safran 26

Sky 23

SNCF 20

Vallourec 19, 31

Vanguard 28

WeAre Group 26

Wideroe 16

Wish 13

Zoom Video

Communications 34

= LES ENTREPRISES CITÉES

l’essentiel

iStock

Les fournisseurs d’énergie

alternatifs s’attaquent

au régulateur

Une procédure d’urgence a été lancée

auprès du Conseil d’Etat. Objectif :

faire annuler l’avis du régulateur

de l’énergie qui s’oppose à

l’usage de la « clause de force

majeure » dans les contrats

noués avec EDF. // P. 18

Vallourec se prépare

pour affronter la tempête

qui s’annonce

Le spécialiste français des tubes pour

l’industrie pétrolière, q ui a tenu son assem-

blée générale lundi en visioconférence, est

pénalisé par la chute des investissements

dans le schiste américain. // PP. 19 ET 31

Les galeries d’art dressent

un sombre tableau de leur avenir

Les galeries parisiennes estiment le man-

que à gagner de mars à juin à 176 millions

d’euros. Une étude du Comité pro-

fessionnel des galeries d’art met

en lumière les fragilités d’un

secteur très atomisé. // P. 21

La filière textile

enclenche la

production de masques

à grande vitesse

L’industrie textile est partie sur

les chapeaux de roues pour pro-

duire d es masques barrières pour r alentir

la propagation du coronavirus. Avec le

feu v ert de la Direction g énérale de l’arme-

ment, qui instruit les dossiers. // P. 21

Coronavirus : l’Europe face

au prix négatif de l’électricité

éoliennes et photovoltaïques ne pèsent qu’à

hauteur de 8 % dans le mix énergétique. La

chute de la demande récente a toutefois fait

grimper leur contribution à 12 % du courant

consommé en France. « Plus on déploiera

d’éoliennes, plus les prix négatifs seront fré-

quents. Cela révèle une faille du marché qui

n’arrive pas à gérer les creux de consomma-

tions », estime Nicolas Goldberg, du cabinet

Colombus Consulting.n

Conjugué à la météo estivale, le confinement a provoqué une chute de la consommation d’électricité brutale et très rapide,

alors que les centrales ne peuvent pas ralentir leur cadence de production au même rythme. Photo Ian Hanning/RÉA

Catherine Ducruet

@CDucruet

Les résultats des premiers essais clini-

ques menés avec le remdesivir de Gilead

contre le Covid-19 devraient être connus

avant la fin du mois. Mais l’entreprise

américaine n’a pas attendu ces résultats

pour se préoccuper de le produire. En cas

d’essais concluants, la demande sera

immédiatement massive. Gilead fait

donc feu de tout bois pour augmenter sa

production et être prêt le jour J. Car six

essais cliniques sont en cours, avec ce trai-

tement potentiel, p orteur des plus grands

espoirs : deux en Chine, un en Europe

inclus dans l’essai Discovery, piloté par

l’Inserm (une vingtaine de centres), un

aux Etats-Unis, mené par le National Ins-

titute of Health, et enfin deux essais pilo-

tés par Gilead avec des centres dans le

monde entier, dont cinq en France.

Six mois de fabrication

Le remdesivir est obtenu par synthèse

chimique et non par biotechnologie.

C’est a priori plus simple p our sa produc-

tion, mais celle-ci n’en est pas moins lon-

gue. Elle met en œuvre sept réactions

chimiques successives. En y ajoutant la

mise en forme pharmaceutique et le

conditionnement en flacons stériles – le

remdesivir est injectable –, le temps de

fabrication initial était de douze mois.

« Au prix d’un travail acharné, ce délai

a été ramené à six mois », explique le

patron de la filiale française de Gilead,

Michel Joly. Pour réaliser les essais clini-

ques en cours, « ce sont les lots cliniques

fabriqués en prévision des essais contre

Ebola, lesquels n’ont pu être menés à bien,

l’épidémie ayant reflué, qui ont été utili-

sés », précise-t-il.

Dans une l ettre ouverte, le dirigeant d e

l’entreprise américaine, Daniel O’Day,

explique qu’il vise une production de

« plus de 500.000 traitements par mois

d’ici à octobre et plus d’un million par mois

d’ici à la fin de l’année ». Un objectif ambi-

tieux, q uand on sait que Gilead va e n pro-

duire 30.000 en avril et 140.000 en mai.

L’entreprise, qui a commencé à pro-

duire le remdesivir en janvier, a réo-

rienté une partie de ses lignes de produc-

tion vers ce traitement. Mais elle n’aurait

jamais pu satisfaire seule la demande en

cas de succès du produit contre le

Covid-19. « Un réseau d’une centaine de

fabricants de produits pharmaceutiques

et chimiques à travers le monde a donc été

mis en place afin d’accroître la capacité de

production de matières premières et de

produits finis », détaille Michel Joly.

Selon Gilead, son stock actuel « de trai-

tements prêts à être distribués ou en étapes

finales de la production, s’élève à 1,5 million

de doses individuelles ». En fonction de la

durée optimale de traitement qui sera

déterminée par les essais cliniques, plus

de 140.000 patients devraient pouvoir en

bénéficier, soit dans le cadre des essais

cliniques, soit à titre compassionnel pour

les patients présentant les symptômes

les plus graves. L’étape commerciale

n’interviendra qu’après autorisation de

mise sur le marché, possiblement avant

fin mai si les études sont concluantes.n

Comment

Gilead prépare

la production

du remdesivir

PHARMACIE

Le laboratoire

américain va en

produire 30.000 en avril

et 140.000 en mai.

les joueurs » à collaborer afin de trouver

des accords et des solutions pendant la

suspension des compétitions nationales

et internationales.

« Mesures gouvernementales »

La Fifa suggère d’étudier quelles mesures

sont envisageables, « y compris des mesu-

res gouvernementales » pour soutenir les

clubs et les joueurs. Elle propose que les

salaires « soient retardés ou réduits » et

s’interroge sur un système d’assurance

qui pourrait s’appliquer.

L’organisation demande aussi à ce que

les contrats des joueurs, y compris les

prêts, « soient prolongés jusqu’à la fin de la

saison actuelle », afin de préserver « l’inté-

grité et la stabilité » sportive.

Ces directives de la Fifa ne sont que des

recommandations car c’est le droit natio-

nal, notamment le droit du travail, qui

s’applique dans chaque Etat. Concernant

la fenêtre d es transferts qui d evait s’ouvrir

cet été, l’instance permettra de « repous-

ser les fenêtres de transferts pour qu’elles

tombent entre la fin de la saison en cours et

le début de la prochaine ».

—« Les Echos » (avec AFP)

La Fifa fait ses

recommandations

au monde du foot

La Fifa a recommandé lundi de trou-

ver des accords salariaux avec les footbal-

leurs pour soulager l es c lubs fragilisés par

la crise sanitaire et de prolonger les con-

trats au-delà du 30 juin afin de pouvoir

achever la saison, a appris l’AFP de sour-

ces proches de la Fédération internatio-

nale de football.

Dans un ensemble de directives éta-

blies en accord avec les confédérations, la

Fifa a également recommandé de r epous-

ser l’ouverture du marché des transferts

tant que la saison des championnats

nationaux en cours ne sera pas terminée.

Face à la pandémie de coronavirus, qui

a eu « un impact majeur » sur les revenus

des clubs, le football « doit trouver des

solutions justes et équitables [...] avec

l’objectif de protéger des emplois », estime

la Fifa, selon des sources interrogées par

l’agence de presse.

L’instance, basée à Zurich, a dès le

18 mars constitué un groupe de travail sur

les conséquences de la crise du coronavi-

rus. Elle encourage « fortement les clubs et

SPORT