et les boutiques d’opérateurs. Ses
données les plus récentes sur la der-
nière semaine de février montrent
une parfaite stagnation des ventes
de smartphone sur un an. Sur tout le
segment de l’équipement de la mai-
son (smartphones, mais aussi PC,
appareils photo et électroménager),
l’activité des différents distributeurs
affiche un très léger recul : –1 %, en
volume comme en chiffre d’affaires.
Les trois semaines précédentes
avaient vu les recettes marquer plus
fortement le pas (entre –5 % et –6 %),
mais cela était essentiellement dû,
selon GfK, à une période de soldes
sensiblement réduite en 2020 com-
parée à 2019.
L’impact du coronavirus a jusqu’à
présent été nul, y compris sur les
départements les plus touchés en
France – l’Oise, la Haute-Savoie et le
Morbihan – scrutés par GfK. Bien
sûr, comparé à 2019, les ventes se
tes de rupture de stocks. « Cette pre-
mière inquiétude s’est effacée devant
une deuxième, bien plus importante.
Celle de voir la demande de smartpho-
nes marquer le pas , explique Roberta
Cozza, analyste chez Gartner. Même
si les stocks sont là, les consomma-
teurs auront-ils suffisamment con-
fiance pour acheter de nouveaux
appareils? » A l’échelle européenne,
2020 devait être l’année du rebond
pour les ventes de smartphones.
Gartner anticipait une hausse de
2,5 % des appareils vendus, grâce à
la sortie d’un nouvel iPhone bon
marché et, surtout, du boom des
smartphones 5G. Pour l’analyste,
2020 sera en réalité un nouveau
recul. « Le cycle de vie des appareils
haut de gamme sera étendu , estime
Roberta Cozza. Les consommateurs
auront d’autres priorités que d’ache-
ter un smartphone 5G. Il faudra
attendre 2021 pour la reprise. »n
Les ventes en France se maintiennent, pour l’instant
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
Ju squ’ici, tout va bien. Le marché du
smartphone s’est effondré en Chine.
Les usines qui fabriquent nos gad-
gets électroniques ont été à l’arrêt
plusieurs semaines. Mais les bouti-
ques tricolores restent épargnées.
C’est le constat que dresse l’institut
GfK, qui enregistre les sorties de
caisse, à la fois en ligne et dans la
grande distribution, les Fnac, Darty
L’épidémie du coronavirus
ne s’est pas traduite en
boutique dans l’Hexagone.
L’approvisionnement en
téléphones n’a pas été
perturbé. Et les ventes sont
restées stables en février.
Mais les observateurs font
déjà une croix sur le rebond
du marché espéré en 2020.
dernière note sur Apple. En cause :
la chaîne d’approvisionnement du
groupe dont les principaux sous-
traitants sont localisés en Chine.
Surtout, le tout premier iPhone 5G
qui devrait être dévoilé lors de
la prochaine keynote du groupe
en septembre pourrait, lui, être
reporté d’un mois, estime Bank
of America. L’analyste Wamsi
Mohan pointe les mesures prises
par Apple par rapport au corona-
virus ; le groupe a cessé d’envoyer
des ingénieurs clés en Chine pour
le développement de ce modèle.
Reste qu’e n Chine, Apple pour-
rait bien avoir traversé le plus dur.
Début février, le groupe avait été
contraint de fermer l’intégralité
de ses 42 magasins physiques.
Aujourd’hui, 38 d’entre eux ont
rouvert leurs portes, même si
certains ont encore des heures
d’ouverture limitées par jour.
Forte chute en Bourse
depuis le 20 février
Il y a une semaine, son principal
fournisseur, le taïwanais Fox-
conn, a aussi fait savoir que plus
de 50 % de ses équipes étaient
retournées à leurs postes dans ses
méga-usines chinoises – où la
quasi-intégralité de l’iPhone est
assemblée –, et le groupe espère
un retour à la normale pour la fin
mars. « Le r isque d’un choc d’appro-
visionnement majeur est en train de
décliner », a souligné, dans une
note sur Apple, l’analyste Jeffrey
Kvaal chez Nomura Instinet.
Même appel à l’apaisement
du côté du cabinet Wedbush :
« Nous encourageons les investis-
seurs à respirer profondément et à
se focaliser sur les gagnants parmi
les groupes technologiques pour
les cinq à dix prochaines années,
dont Apple », juge l’analyste Daniel
Ives. Depuis le 20 février, le groupe
de Cupertino a vu son cours chu-
ter de 17 %, soit un recul de sa capi-
talisation boursière de 237 mil-
liards de dollars.n
Ni colas Richaud
@NicoRichaud
Apple a beau avoir réduit sa
dépendance à l’iPhone ces derniè-
res années, le groupe à la pomme
n’en reste pas moins un fabricant
de smartphones avant tout. Et,
coronavirus oblige, les nouvelles
sur le front du marché chinois, où
est apparu le virus, ne sont pas des
plus réjouissantes pour la société
américaine. Lors du mois de
février, Apple y a écoulé moins de
500.000 iPhone contre 1,27 mil-
lion sur la même période un an
plus tôt, s elon l ’A cadémie chinoise
des technologies de l’information
et de la communication, un think
tank gouvernemental.
Soit un effondrement de près
de 60 % des ventes du groupe cali-
fornien, alors que la Chine repré-
sente aujourd’hui le deuxième
marché le plus important au
monde pour ses iPhone. Derrière
les Etats-Unis et devant l’Europe.
En attendant l’iPhone 5G
Résultat, Tim Cook a d’ores et
déjà prévenu, dans une lettre aux
investisseurs envoyée mi-février,
qu’A pple ne serait pas en mesure
d’atteindre ses objectifs de chiffre
d’affaires lors du trimestre en
cours. U n manquement qui risque
de se doubler de retards dans le
lancement des smartphones du
groupe. Attendu pour le mois de
mars, le remplaçant d e l’iPhone SE
- faisant office de modèle d’entrée
de gamme chez Apple – pourrait
voir sa commercialisation être
décalée de « quelques mois »,
avance Bank of America dans sa
Lors du mois de février,
le groupe de Cupertino
y a écoulé moins de
500.000 iPhone contre
1,27 million sur la même
période un an plus tôt.
Mais Apple pourrait bien
avoir traversé le plus dur.
60 % de vente en moins
pour l’iPhone en Chine
de près de 4 0 % sur un an p our le pre-
mier trimestre et, même avec une
reprise potentielle en mars, il sera
toujours difficile d’atteindre les
niveaux de l’an dernier » , a récem-
ment indiqué Will Long, directeur
de la recherche Asie chez IDC.
Selon lui, une partie des ventes
perdues en début d’année ne seront
pas récupérées. « L’épidémie va
saper l’économie chinoise dans son
ensemble, et les nombreuses PME en
subiront probablement le poids,
entraînant un resserrement du por-
tefeuille des consommateurs » , pour-
suit Will Long.
Difficultés de production
Difficile à ce stade de savoir quel
fabricant s’en sortira avec le moins
de dégâts. Les livraisons d ’iPhone se
sont effondrées de 60 % en Chine le
moins dernier, à en croire les don-
nées du think tank chinois, Apple
rouvrant progressivement ses
magasins en Chine.
Inversement, Xiaomi pourrait
mieux s’en s ortir grâce à son
modèle de distribution en ligne.
Selon IDC, les achats de téléphones
sur Internet vont b ondir au premier
semestre « et pourraient représenter
un changement permanent des com-
portements d’achat ».
L’épidémie de coronavirus en
Chine aura aussi un impact sur le
marché mondial des smartphones,
puisque l’épidémie a perturbé les
chaînes d’approvisionnement de
nombreux fabricants de termi-
naux. Apple subit à la fois l’effon-
drement de la demande chinoise et
les difficultés de production de ses
sous-traitants asiatiques, comme
Foxconn.
« Les fabricants qui seront les plus
touchés sont ceux qui ont des sites de
production d ans la région d e Wuhan,
comme Lenovo et Motorola, et ceux
pour lesquels la Chine est le principal
marché comme Huawei » , a indiqué
Varun Mishra, analyste de Counter-
point. Le déploiement de la 5G en
Chine prend également du retard
en raison du coronavirus. China
Mobile, le premier opérateur
mobile chinois, a reconnu un ralen-
tissement dans l’installation de ses
stations de base à Pékin à cause des
mesures de restriction prises par
les autorités locales et d’une pénu-
rie de personnel.n
lLes ventes de mobiles se sont effondrées de 56 % en février sur un an, chutant à 6,4 millions d’unités.
lL’épidémie de coronavirus en Chine aura aussi un impact sur le marché mondial.
Le coronavirus grippe le marché
du mobile chinois
Frédéric Schaeffer
_@frschaeffer
—Correspondant à Pékin
Dans un quartier commerçant de
Pékin, les vendeurs d’une boutique
Huawei tuent l e temps en regardant
des vidéos sur leur smartphone. En
tout e t pour t out, seuls 2 5 clients o nt
franchi la porte de l’établissement
mardi, après s’être prêtés à un con-
trôle de température et avoir cou-
ché leur identité et numéro de télé-
phone sur un cahier.
« Nous n’avons vendu que deux
smartphones, se désole une ven-
deuse. C’est le jour et la nuit par rap-
port à avant l’épidémie. Non seule-
ment les clients sont rares mais ils ne
traînent pas dans le magasin, car ils
ont peur d’être contaminés. » A
minima, la vendeuse peut tout de
même se réjouir de voir revenir
quelques clients. Car, le mois der-
nier, il n’y avait personne dans cette
rare boutique restée ouverte au
plus fort de l’épidémie.
Les ventes de mobiles se sont
effondrées de 56 % en février sur un
an, avec seulement 6,4 millions
d’unités distribuées en Chine,
d’après les données de l’Académie
chinoise des technologies de la
communication et de l’informa-
tion, affiliée au gouvernement.
Jamais, le marché chinois, le pre-
mier au monde, n’avait connu un
mois a ussi f aible depuis 2 012, a nnée
où les chiffres ont commencé à être
publiés. Cet effondrement des ven-
tes n’est pas une surprise : l’épidé-
mie a mis à l’arrêt des pans entiers
de l’économie chinoise, les habi-
tants sont restés terrés chez eux de
gré ou de f orce, et beaucoup de bou-
tiques sont longtemps restées por-
tes closes après les congés du Nou-
vel An lunaire. La chute de la
demande chinoise ne concerne pas
que les télécoms : les ventes de voi-
tures se sont, elles, effondrées de...
79 % en février.
Changement de plan
L’é pidémie est tombée au plus mal,
alors même que les fêtes du Nouvel
An chinois sont traditionnellement
une période faste d’achats en Chine.
Le début de l’année est aussi le
moment où les fabricants dévoilent
leurs produits phares et effectuent
les tests de préproduction des
smartphones qui seront dévoilés
d’ici à l’été.
TÉLÉPHONIE
Les constructeurs ont été con-
traints de revoir leur plan dans
l’urgence et même de renoncer au
grand salon du mobile de Barce-
lone, finalement annulé. Sur les
deux premiers mois de l’année,
seuls 50 nouveaux terminaux ont
été présentés en Chine (–31 %), et les
ventes se sont repliées de 44 %, avec
27,2 millions de mobiles écoulés.
Mais alors que l’activité ne repart
que très doucement en Chine, c’est
l’ensemble du premier trimestre
qui s’annonce terrible. « Nous pré-
voyons une baisse du marché chinois
« Nous prévoyons
une baisse du
marché chinois de
près de 40 % sur un
an pour le premier
trimestre. »
WILL LONG
Directeur de la recherche
Asie chez IDC
font davantage en ligne (+8 %) et
moins dans les points de vente phy-
siques (–3 %). Mais ces chiffres cor-
respondent à une tendance de long
terme et ne soutiennent pas la thèse
d’une désaffection des boutiques.
Orange et SFR confirment d’ailleurs
l’absence de baisse d’activité.
L’inquiétude sur l’approvisionne-
ment e n pièces détachées comme en
smartphones ne se serait pas tra-
duite en difficultés opérationnelles,
à en croire les opérateurs ou un
grand fabricant. Et le redémarrage
progressif des unités de production
en Chine a un peu éloigné les crain-
Les ventes se font
davantage en ligne et
moins dans les points
de vente physiques.
HIGH-TECH & MEDIAS
Les Echos Mercredi 11 mars 2020