24 // HIGH-TECH & MEDIAS Mercredi 11 mars 2020 Les Echos
A l’antenne depuis 2004, l’équipe du Bar du Mistral pourrait
disparaître du quotidien des téléspectateurs. Gei sselmann/Sipa
pr oduit l a série, court j usqu’en 2 021.
Des négociations sont en cours
pour un renouvellement de trois
ans au minimum. Et i l y a de bonnes
chances qu’elles aboutissent.
« Il est beaucoup trop tôt pour
arrêter PBLV, fait valoir un cadre du
groupe. Le public est attaché au
feuilleton et fidèle. Ce serait trop
sensible. Mais dans les toutes pro-
chaines années, rien n’est impossi-
ble. Avec le montant consacré à
PBLV (une trentaine de millions
d’euros par an, NDLR), on pourrait
faire de très belles séries, pas forcé-
ment quotidiennes d’ailleurs. »
Plusieurs signes montrent un
début d’essoufflement de la série.
L’audience recule : sur la saison
2019-2020 (hors été), les aventures
de la place du Mistral ont attiré en
moyenne 3,4 millions de téléspecta-
teurs pour une part d’audience de
14,8 %, selon Médiamétrie.
C’est quasiment un point de
moins que l a saison dernière
(3,7 millions de téléspectateurs et
15,7 % d’audience) et en net repli sur
plusieurs années. En 2016-2017,
PBLV réunissait 4,5 millions de fidè-
les p our une part d ’audience de 18 %.
tous les publics », rappelle
Guillaume de Menthon. Le télés-
pectateur moyen a 55 ans, alors que
celui de France 2 a... 64 ans, selon
Publicis Media.
Sans compter que PBLV, q ui avait
eu du mal à s’imposer à ses débuts,
représente désormais 8 % de la
durée d’écoute de la chaîne. L’enle-
ver, c’est prendre un vrai risque.
Derrière cette réflexion, il y a
aussi la volonté de France Télévi-
sions de s’émanciper de Newen,
racheté par TF1 en 2015. Une acqui-
sition qui avait provoqué un gel des
relations entre le groupe public et
Newen pendant quelques mois.
« France Télévisions veut donner
plus de liberté à sa filière de produc-
tion interne, la faire monter en
gamme », dit un proche du dossier.
En tout cas, lancer une nouvelle
série demande beaucoup de temps
car il faut développer le projet et
mettre en route une véritable
machine industrielle. Pour « Un si
grand soleil », France Télévisions
avait commencé à travailler sur le
feuilleton - du moins à en parler
publiquement- plus de deux ans
avant qu’il ne soit diffusé.n
Marina Alcaraz
_@marinaalcaraz
Ce n’e st plus un tabou. Selon nos
informations, France Télévisions a
commencé à réfléchir à un après
« Plus belle la vie », la série star de
France 3. L e groupe public n’est tou-
tefois qu’au début d’une réflexion
pour remplacer à terme le feuille-
ton, à l’antenne depuis 2004. « On y
réfléchit, et on va commencer à
imaginer des développements pos-
sibles via notre filiale de production
interne », confie une source proche
du dossier.
Pour l’heure, rien n’est donc
acté. Le contrat entre le groupe
public et Newen, la société qui
TÉLÉVISION
France Télévisions
a entamé une réflexion
sur un possible après
pour le feuilleton star
de France 3,
à l’antenne depuis
plus d’une décennie.
La fin d e « Plus belle la vie » n’est plus taboue
Sébastien Dumoulin
@sebastiendmln
C’est une nouvelle alerte dont
Criteo se serait bien passé. Le
géant français de la publicité
ciblée fait l’objet d’une enquête
de la CNIL. Le gendarme fran-
çais des données a donné suite
à une plainte de l’association
Privacy International, en
novembre 2018. Celle-ci assu-
rait alors, cinq mois après
l’entrée en vigueur du RGPD
(Règlement général sur la pro-
tection des données), que sept
entreprises emblématiques de
la publicité en ligne ne respec-
taient pas ce texte encadrant la
collecte et l’usage des données
personnelles dans l’Union
européenne.
« Maintenant, l’autorité de
protection des données fran-
çaise, la CNIL, nous a informés
qu’ils prenaient le même chemin
et lançaient une enquête sur
l’une de ces entreprises, Criteo »,
se félicite Privacy International
dans un communiqué publié
sur son site.
Cinq enquêtes dans trois
pays européens
Cela porte à cinq le nombre
d’entreprises qui, épinglées par
le collectif, sont désormais
visées par des enquêtes offi-
cielles. Le gendarme irlandais
des données se penche sur
Quantcast. Son homologue
britannique étudie quant à lui
la situation de plusieurs data
brokers dont Acxiom, Expe-
rian et Equifax.
La CNIL précise que, sur les
sept sociétés mises en cause
par Privacy International, elle
n’était l’autorité européenne
« chef de file » que pour Criteo.
Dans le cadre du RGPD, les
autorités de protection des
données nationales se répar-
tissent en effet les dossiers en
fonction de la localisation du
siège de l’entreprise visée par
une plainte.
PUBLICITÉ
Le géant français
de la publicité ciblée
avait été mis
en cause fin 2018
pour des violations
supposées du
règlement sur
la protection
des données.
Criteo visé par
une enquête de la CNIL
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« La plainte ne visait pas uni-
quement Criteo ou ses pratiques
spécifiques » , a réagi le groupe
français dans un communiqué,
expliquant que c’était plus
généralement « les pratiques d es
courtiers en données, d es sociétés
de technologie publicitaire et des
sociétés de notation de crédit »
qui étaient remises en question.
Criteo précise que c’est « une
procédure normale que nous
avons déjà rendue publique
lors de nos derniers résultats
financiers ». Effectivement, au
milieu des 186 pages du rap-
port annuel aux autorités
boursières américaines publié
le mois dernier, la société écrit
qu’« en janvier 2020, la CNIL a
ouvert une enquête formelle sur
Criteo en réponse à cette plainte.
Rien ne garantit que des actions
ne devront pas être prises ».
Le cours de Criteo
au Nasdaq divisé par six
L’an nonce tombe mal pour le
roi incontesté de l’« Adtech ».
Pour la première fois depuis
son introduction en Bourse en
2013, ses revenus ont décliné
l’an dernier. Et il a annoncé
s’attendre à un recul de 10 % de
ses recettes en 2020.
Alors que l’impact du RGPD
sur ses activités de ciblage
publicitaire avait laissé les
investisseurs relativement
sereins, l’annonce de Google
disant son intention de res-
treindre substantiellement
l’utilisation des cookies dans
son navigateur Internet d’ici
deux ans les a affolés.
Ces petits fichiers sont essen-
tiels aujourd’hui pour suivre le
comportement des internautes
en ligne et leur envoyer la
bonne publicité au bon
moment. Après Apple en 2017,
le ralliement de Google à un
monde sans cookies a plongé
Criteo dans la crise. En moins
de trois ans, son cours au
Nasdaq a été divisé par six.n
L’annonce
de Google
disant
son intention
de restreindre
l’utilisation
des cookies
a affolé les
investisseurs.
Cela est d’abord dû à un change-
ment d’horaire en 2018, au moment
où France 2 a lancé son propre
feuilleton « Un si grand soleil ».
« PBLV est désormais davantage en
concurrence avec les journaux télévi-
sés » , observe Guillaume de Men-
thon, président de TelFrance (filiale
de Newen). S’y ajoute le fait qu’après
avoir régné en maître plusieurs
années, PBLV n’est plus le seul
feuilleton quotidien du PAF. D epuis
2017 « Demain nous appartient »
sur TF1 puis « Un si grand soleil » se
sont imposés. « Il y a peut-être tout
simplement aussi une usure du pro-
gramme », note Philippe Nouchi,
expert chez Publicis Media.
Une audience jeune
Pa s facile, pour autant, de trouver
un remplaçant de PBLV, qui assure
un « bassin d’audience jeune à
France Télévisions, qui veut parler à
Après avoir régné en
maître, « PBLV » est
concurrencé par deux
autres feuilletons.