Les Echos - 11.03.2020

(Ron) #1

Les Echos Mercredi 11 mars 2020 PME & REGIONS// 27


innovateurs


Emmanuel Guimard
— Correspondant à Nantes


Six décennies après sa création, le
groupe mayennais MPO demeure
une référence dans la production
de CD, DVD, B lu-ray et a ussi de viny-
les, son métier historique, dont il
accompagne le grand retour. Mais,
face à la dématérialisation de la
musique et des films, l’entreprise,
forte de 550 salariés dont 400 en
France, parachève une étonnante
mutation en ensemblier des pro-
duits premium. « Créer un disque de
Lady Gaga pour l’amener à la FNAC
ou un coffret parfum Lady Gaga
pour Sephora, c’est la même chose »,

résume Alban Pingeot, le président
du directoire, sachant que 50 % des
disques achetés sont des cadeaux.


« Charge émotionnelle »
L’entreprise a donc mobilisé
l’ensemble de ses savoir-faire pour
aborder d’autres secteurs dont la
beauté, les arts de la table et les spi-
ritueux et réaliser des coffrets évé-
nements, coffrets cadeau, Noël, édi-
tions spéciales, calendriers de


connaissance, concède Audrey
Lefort, cofondatrice de l’entreprise.
Tandis que, en janvier cette année,
nous avions deux vélos de série en
vedette s ur le stand Business
France. » Coleen fabrique en effet
deux modèles de base, l’un plafon-
nant à 25 km/h, l ’autre à 45 km/h, u n
quasi-cyclomoteur léger. L’un
comme l’autre sont proposés avec
toute une série d’options. Avec une
fibre de carbone « solide, indéfor-
mable et ne craignant pas l’oxyda-
tion », rappelle la dirigeante, le tout
approche seulement les 20 kg.

Cadre en fibre de carbone
« Unisexe, connecté, géolocalisé, doté
d’un GPS, avec une batterie au
lithium légère à l’arrière qui est

rechargeable à la maison, une auto-
nomie de 80 km, des accessoires tel un
porte-bagages et le cadre en fibre de
carbone, notre bicyclette est le fruit de
quatre années de recherche et de per-
fectionnements », raconte Thibault
Halm, l’autre fondateur de l’entre-
prise. Née en 2014 à La Rochelle, elle
a rejoint la technopole de Bayonne,
s’y développe e t compte aujourd’hui
sept salariés dont un ingénieur
rompu à l’architecture des cycles.
« Nous avons choisi Coleen, parce
que ce nom est à la fois féminin et mas-
culin, comme nos cycles le sont pour
les uns et les autres », précise Audrey
Lefort. La PME confectionne elle-
même le chœur de ses composants,
sauf les pneus et ceux qu’elle confie à
des industriels locaux, tels la batte-

Date de création : 2020
Cofondateurs : Christophe
Boutet et Michel Chevassu
Effectif : 2 personnes
Secteur : numérique

Monique Clémens
— Correspondante à Besançon

Combien y a-t-il de conseillers
municipaux dans ma ville? Et
combien ma liste préférée en
comptera-t-elle si elle remporte
30 % ou 35 % des suffrages expri-
més au second tour? C’est pour
répondre à cet intérêt des Fran-
çais pour les élections municipa-
les mais aussi à la méconnais-
sance de ses mécanismes, que
les fondateurs de Débutant-e
AccepT, à Besançon, dans le
Doubs, ont développé leur pre-
mier service novateur. Mise en
ligne le 19 février, Simulateur-
municipales.fr est une applica-
tion Web, gratuite, qui permet à
chacun de simuler facilement la
composition du conseil munici-
pal d’une commune, en fonction
des pourcentages de voix esti-
més. « L’outil permet de matéria-
liser, à partir d’un sondage paru

Olivier

Testault/Art Libre

dans la presse, le nombre de sièges
qu’obtiendra une liste donnée » ,
expliquent Michel Chevassu et
Christophe Boutet, les deux
cofondateurs. « Et en abordant
des notions de population munici-
pale, d’électeurs inscrits ou de suf-
frages exprimés, l’application a
aussi une vocation pédagogique. »

Code électoral
Po ur les 34.000 communes fran-
çaises, l’application indique le
nombre d’habitants, d’électeurs
inscrits, de sièges, et propose une
simulation pour toutes les com-
munes de plus de 1.000 habi-
tants. Elle n’a pas oublié les cas
particuliers de Paris, Lyon ou
Marseille pour lesquelles l’élec-
tion a lieu par secteur. Réalisée
en collaboration avec l’agence
digitale Ikuzo, elle s’appuie sur
une base constituée de données
ouvertes au public (open data) de
l’Insee et du ministère de l’Inté-
rieur mais aussi, pour chaque
commune, du pourcentage de
votes exprimés en 2014. Ces don-
nées sont ensuite traitées par un
algorithme ayant intégré le code
électoral. C’est en réalité Bous-
sad Sadadou, repéré par les fon-
dateurs à l’Access Code School
où il a appris le métier de déve-
loppeur Web, qui a mis au point
cet outil. Car la vocation de
Débutant-e AccepT, dont la créa-
tion sous forme de Scop sera
entérinée d’ici à début mai, est
aussi de donner leur chance à de
jeunes professionnels qui, pei-
nant à décrocher la première
expérience sur leur territoire
régional, sont tentés de partir ou
changer de voie.n

L’ IDÉE DÉBUTANT-E ACCEPT


L’appli qui simule


le futur conseil municipal


Date de création : 2018
Présidente : Sophie Cahen
Montant : 2 millions d’euros
Effectif : 11 personnes
Secteur : robotique médicale

Chantal Houzelle
@HouzelleChantal

Conceptrice d’une technologie
innovante d’assistance chirurgi-
cale en orthopédie, la jeune
entreprise Ganymed Robotics a
d’abord choisi de faciliter la
pose, complexe, des prothèses
du genou. En quoi son dispositif
qui combine algorithmes de
vision par ordinateur (IA) et
mécatronique, marque-t-il une
rupture opératoire? « Sans vis-
ser de clous à boules réfléchissan-
tes dans les os du patient servant
de marqueurs, ni planter des tiges
dans les cavités intérieures des os
à opérer, nous sommes capables
de savoir exactement où se trou-
vent fémurs et tibias d ans l’espace
pendant une pose de prothèse du
genou », explique Sophie Cahen,
sa présidente fondatrice, ingé-

nieure diplômée de CentraleSu-
pélec Paris et d e l’Insead.
« Grâce à la partie robotique de
notre système, nous pouvons
ensuite guider le geste du chirur-
gien, afin qu’il soit le plus précis et
le moins invasif possible. »

Etude clinique en 2022
Po ur mener une campagne de
tests précliniques de son robot
chirurgical en conditions réel-
les, la société a annoncé, ce
mardi, le bouclage de son
second financement d’amor-
çage à 2 millions d’euros, après
une première enveloppe de
750.000 euros en septem-
bre 2018. C’est le même pool de
cinq business angels VIP qui
réinvestit, à l’instar de Bruno
Maisonnier, fondateur d’Alde-
baran Robotics vendu au japo-
nais SoftBank et d’Another-
Brain, ou du chirurgien
orthopédiste Michel Bonnin,
ancien président de la Société
française de la hanche et du
genou. « Je considère qu’ils sont
aussi les cofondateurs de la
société et les co-concepteurs de la
technologie », souligne Sophie
Cahen. « Notre logiciel et les algo-
rithmes qui se cachent derrière
constituent une innovation mon-
diale. Aujourd’hui, personne ne
sait détecter et localiser des os
aussi précisément et de manière
non invasive au bloc opératoire »,
assure-t-elle. Pour se préparer à
lancer une étude clinique d’ici à
2022, Ganymed Robotics envi-
sage de boucler sa levée de fonds
de série A en 2021.n

DR

4,5


MILLIONS D’EUROS
Le chiffre d’affaires de SoCloz.

LE FINANCEMENT GANYMED ROBOTICS


Révolutionner la pose


des prothèses du genou


Pierre Etcheleku
— Correspondant à Bayonne


Le fabricant de bicyclettes Coleen a
déjà pu montrer par deux fois au
Consumer Electronics Show de Las
Vegas ce qu’il sait faire. « La pre-
mière fois, nous avons d’abord fait


LA PME À SUIVRE
NOUVELLE-
AQUITAINE


Cette entreprise de
Biarritz a mis au point
des vélos électriques
en carbone, connectés
et haut de gamme.


Didier Hugue
— Correspondant à Dijon


Le groupe d ijonnais Savoye
reprend pour un montant confi-
dentiel la société parisienne SoCloz,
conceptrice d’une plateforme de
logiciels d’optimisation de la logisti-
que en magasins de détail.
« Avec le développement de
l’e-commerce, le consommateur ne


Sa voye optimise la gestion des stocks


du commerce de détail


comprend pas que le petit commerce
n’ait pas toujours à disposition le
produit qu’il souhaite » , souligne
Rémy Jeannin, président de Savoye,
leader national des équipements et
systèmes automatisés à destination
des entrepôts de logistique. Pour
éviter de perdre des ventes, en rai-
son de rupture ou d’absence d’arti-
cles, les réseaux de magasins
comme les enseignes Naf Naf,
Monoprix, Maisons du Monde,
Aigle... font appel aux solutions
numériques de SoCloz.

Temps réel
Si un produit est indisponible dans
un magasin, le vendeur peut le com-
mander immédiatement dans une
boutique de l’enseigne ou chez un
commerçant affilié et se faire livrer.
« Cela offre en temps réel une vision
globale de la disponibilité de tous les
stocks » , ponctue Rémy Jeannin. Si

se pose une question d’essayage, la
réponse consiste à commander en
spécifiant cette réserve d’achat. On
peut même encore aller plus loin et
se faire livrer dans le magasin, par
exemple de son lieu de vacances, en
cas d’un achat groupé de dernière
minute où ne manque qu’un seul
article jugé indispensable. Grâce à
son savoir-faire, SoCloz revendique
un accroissement de chiffre d’affai-
res pour sa clientèle de 5 à 10 %, une
diminution de 15 % des ruptures de
stock et une régression de 10 % des
invendus.

Fondée en 2012 par Jérémie
Herscovic, qui demeure aux com-
mandes, SoCloz affiche un chiffre
d’affaires de 4,5 millions d’euros
pour 5 0 salariés e t équipe
30.000 magasins dans 18 pays.
« Notre adossement au groupe
Savoye doit nous permettre d’accélé-
rer une internationalisation à tra-
vers ses nombreuses implantations
étrangères » , se félicite Jérémie
Herscovic. De son côté, l’industriel
dijonnais étend son offre à tout le
spectre de la logistique. Propriété
depuis 2018 du chinois Noblelift,
Savoye emploie, hors SoCloz,
762 salariés, atteint les 130 millions
d’euros d’activité et bénéficie d’un
carnet de commandes de 136 mil-
lions. L’entreprise signe avec un
regroupement de ses sites sur
Dijon, pour 20 millions d’euros, le
plus gros investissement industriel
local depuis vingt ans.n

BOURGOGNE-
FRANCHE-COMTÉ


Le numéro un français
des équipements pour
entrepôts de logistique
acquiert SoCloz,
un spécialiste
des logiciels pour
le petit commerce.


rie, l es poignées en cuir ou la selle. La
mise en œuvre de la fibre de carbone
est effectuée sous température diri-
gée dans ses locaux, de même pour
les moulages. Au total de 250 à
300 pièces sont réalisées à la main.
« Nous avons visé d’emblée le mar-
ché des particuliers, indique Thi-
bault Halm. Et particulièrement, les
urbains et les passionnés du cycle. »
Avec un prix de départ de
6.000 euros, la cible est plutôt pre-
mium. La commercialisation
s’effectue via des magasins spécia-
listes du deux-roues, des boutiques
hi-tech ou l’e -commerce. Des parte-
nariats sont en cours dans les villes
où les ventes s’animent avec l’été. La
PME compte être à l’équilibre cou-
rant 2021.n

l’Avant... Alban Pingeot décrit une
organisation « holistique » mobili-
sant toute sa chaîne de métiers,
dont la conception, le design,
l’impression, l’e mballage, le condi-
tionnement, la distribution et la
logistique. Ainsi, hors disques, le

groupe mentionne des clients tels
L’Oréal, Clarins, Nocibé, Sephora...
En Espagne, il assure la chaîne
d’approvisionnement de Wonder-
box. « Nous visons les objets à forte
charge émotionnelle, sur de petites
séries », poursuit Alban Pingeot.

Le disque reste un socle. Sur
80 millions d’euros de chiffre
d’affaires total en 2019, stable, il
représente 63 millions d’euros. Les
produits de diversification comp-
tent, eux, pour 16 millions, même si
l’ambition de MPO est de tripler le
chiffre d ’affaires de ce segment hors
disque d’ici à 2025. A lui seul, le
vinyle représentait l’an dernier
23 millions d’euros, dont 80 % à
l’export, les E tats-Unis étant l’un des
principaux marchés. Sur ce seg-
ment, MPO fait partie des trois lea-
ders mondiaux avec 30 lignes de
production et 15 millions de galettes

par an, principalement pour les
majors Universal, Sony et Warner.
Selon Alban Pingeot, ce marché a
fini sa phase de forte croissance,
pour atteindre « un plateau
solide », dit-il. Si, chez MPO, les dis-
ques optiques demeurent plus
importants en nombre, le vinyle les
dépasse désormais en valeur.
L’entreprise continue à amélio-
rer sa productivité sur cette pro-
duction, mais l ’investissement t ou-
che plus globalement l’ensemble
de la chaîne de valeur. Ainsi,
l’entreprise vient d’acquérir une
machine d’impression numérique
indigo HP et un nouveau système
informatique intégré (ERP) adapté
à cette nouvelle vocation d’ensem-
blier.n

PAYS DE LA LOIRE


Figurant parmi les
principaux presseurs
de vinyles au monde,
le groupe décline ses
savoir-faire industriels
sur d’autres
segments premium,
dont la beauté.


MPO poursuit sa diversification


hors disques


Le groupe « vise les objets à forte valeur émotionnelle ». Pho to MPO

Coleen parie sur le vélo électrique


haut de gamme


Le disque représente
63 millions des
80 millions d’euros
de chiffre d’affaires.
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