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Les EchosFo rmalités
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0187397008
fonds. Certains ont souffert plus que
d’autres, et non des moindres. C’est
notamment le cas chez H2O, la bou-
tique de Vincent Chailley et Bruno
Crastes, deux gérants stars de la
City. La société de gestion, affiliée à
Natixis, a ainsi vu le rendement de
trois de ses fonds vedette plonger.
Selon Bloomberg, qui a eu accès à
une lettre envoyée par la société à
ses investisseurs, les gérants avaient
parié sur une hausse des matières
premières, notamment le pétrole, et
une baisse de la volatilité sur les
marchés actions américains et
européens. C’est l e contraire qui s’est
produit. H2O aurait également pri-
vilégié, selon le « Financial Times »,
les obligations d’Etat italiennes, qui
ont plongé, aux Treasuries améri-
cains, qui ont bondi.
Mauvais paris
sur le pétrole
Le fonds H2O Vivace, qui a affiché
l’an dernier une performance de
30,1 %, a perdu 29,4 % en un mois. Et
la tendance est la même pour H2O
Allegro (–19,4 %) ou H2O Multire-
turns (–16,8 %). Soit les pires rende-
ments de la catégorie « gestion
macro ». D’autres sociétés d e gestion
ont enregistré des pertes à deux chif-
fres pour certains de leurs fonds,
notamment Algebris et son Finan-
cial Equity Fund ou Jupiter AM et
son Global Absolute Return Fund.
Mais le coup est dur pour H2O qui a
déjà dû affronter 8 milliards d’euros
de retraits en deux semaines l’été
dernier. Morningstar avait sus-
pendu la notation du fonds Allegro,
inquiet de la présence d’actifs illiqui-
des dans son portefeuille.
Chez BNY Mellon, c’est le fonds
Dynamic Total Return qui a sous-
performé. Il a perdu près de 6 % en
un mois, bien plus que les autres
gros fonds menant une stratégie
obligataire agrégée. Celui-ci était
également exposé aux marchés
actions, notamment via des con-
trats à terme sur le S & P 500. Une
stratégie prévue par son règlement
et qui a pour objectif de dynamiser
sa p erformance. La chute de p rès de
18 % de l’indice phare de Wall
Street, depuis son plus haut de
février dernier, a eu l’effet inverse.
Gains sur Tesla
Il est toutefois une catégorie
d’investisseurs qui peut se frotter
les mains : celle des vendeurs à
découvert qui jouent la baisse des
marchés actions. Ceux qui avaient
parié sur une chute du cours de Tel-
lurian, un producteur texan de gaz
naturel, ont ainsi gagné 111 % la
semaine dernière. La baisse de
l’action du fabricant de voitures
électriques Tesla, cible favorite des
« short sellers », a rapporté à ces
derniers 1,3 milliard de dollars de
gains en valeur de marché sur la
seule journée de lundi. Et depuis le
19 février, ils ont gagné 6 milliards
de dollars. De quoi effacer la moitié
des 12 milliards de dollars que le
parcours boursier incroyable de
Tesla (+250 % entre octobre et mi-
février) leur avait fait perdre.n
La crise boursière malmène les stratégies des gérants
Guillaume Benoit
_@gbeco
Alors que les marchés actions sem-
blaient reprendre leur souffle
mardi, on commence à compter les
blessés du krach boursier parmi les
La déroute boursière a mis
à mal certaines stratégies
de gestion sophistiquées.
Des fonds de H2O ou de BNY
Mellon ont particulière-
ment souffert. Les vendeurs
à découvert semblent s’en
sortir mieux.
La tempête boursière du lundi
9 mars a mis à mal le scénario
auquel croyaient les marchés
d’un rebond e n V à brève
échéance. Le risque est désor-
mais que s’enclenche un cercle
vicieux : l’économie réelle fait
plonger les marchés, et les réac-
tions excessives et désordonnées
de ces derniers fragilisent le sys-
tème financier et les entreprises.
Fondamentalement, la guerre
des prix déclenchée par l’A rabie
saoudite alimente le sentiment
que dans le monde, l’heure est à la
non-coopération. Par ailleurs, la
Fed a agi s eule et, comme
le signale Ludovic Subran chez
Allianz, « il n’y a pas grand-chose à
attendre du G7 dirigé par Donald
Trump, ou du G20 dirigé par
l’Arabie saoudite ».
Des excès baissiers
après les excès haussiers
L’é lément clé pour les marchés,
l’incertitude, ne faiblit pas. « L’épi-
démie en est encore à son début
dans le cœur industriel de l’Europe
et aux Etats-Unis , estime Tangi
Le Liboux chez Aurel BGC. Le
S&P 500, même en baisse de quel-
que 20 % depuis ses sommets,
n’intègre pas encore l’hypothèse
d’une épidémie qui forcerait le pays
à prendre des mesures similaires à
celles mises en place en Italie. Si
Wall Street doit intégrer cette hypo-
thèse, les marchés européens ne
résisteront pas à la baisse des indi-
ces américains. » Pour lui, « si l’épi-
démie n’est pas endiguée en Europe
et aux Etats-Unis dans les pro-
chains jours et/ou semaines, les
marchés iront alors plus bas et
feront des excès baissiers, comme ils
ont fait des excès haussiers avant le
19 février ».
A partir d’un certain stade, la
baisse des marchés a tendance à
s’autoentretenir. Lundi, le net-
toyage opéré par certains hedge
funds qui, ces derniers temps,
avaient accumulé des « positions
très acheteuses sur le pétrole et très
vendeuses sur la volatilité » , a ali-
menté le mouvement de marché
lundi, explique Cyrille Collet chez
CPR AM. « Ils ont aussi probable-
ment baissé le levier de leur porte-
feuille. » Résultat, « une baisse très
différente de celles des deux derniè-
res semaines, où les actions paient
comme d’habitude pour tout le
monde en raison de leur liquidité et
de la garantie de recevoir le cash en
(j+2) ». Or les fortes corrections
incitent les investisseurs à se tenir
à l’écart des actifs risqués. Depuis
un peu plus de deux semaines, les
flux sortants sur les actions
s’accélèrent. Selon les dernières
données d’EPFR, les investisseurs
ont retiré 23,3 milliards de dollars
des fonds actions globaux en une
semaine, après 19,4 milliards au
cours de la semaine précédente.
Le risque, dans ce type de situa-
tion, est que les gérants de fonds
soient obligés de vendre leurs titres
les plus liquides, ceux de meilleure
qualité – dans un marché per-
turbé, les titres les plus risqués ne
trouvent plus preneurs – pour cou-
vrir les demandes de rembourse-
ment. La défiance s’étend alors à
l’ensemble des tit res du marché.
« Les flux sortants n’entraînent pas
encore ce type de ventes forcées sur
les actions » , estime Thierry
Le Clerq, chez Mandarine Gestion.
En revanche, les « stop loss », ces
règles que se fixent nombre de ges-
tionnaires d’actifs pour rassurer
les investisseurs sur leur réactivité
ont alimenté les mouvements ven-
deurs ces deux dernières semai-
nes. Ils s’engagent en effet à sortir
de leurs positions au-delà d’un cer-
tain niveau de perte, typiquement
10 %. « Nous avons déjà assisté à
plusieurs vagues de déclenchement
de “stop loss”. »
« En réalité, les plus gros flux ne
viennent pas des clients finaux mais
des desks de dérivés des banques
d’investissement » , poursuit
Thierry Le Clercq. Ces derniers
vendent des « puts » (options de
vente) aux investisseurs qui s’en
servent pour protéger leurs
portefeuilles. Pour fabriquer ces
« puts », ils doivent vendre les
actions c orrespondantes. — S. Ro.
La tempête du lundi
9 mars a mis à mal
le scénario d’un rebond
en V rapide auquel
croyaient les marchés.
La baisse des marchés
risque de s’autoentretenir
Ces baisses sont venues aggraver les
pertes de la veille. Lundi, les Bour-
ses mondiales ont perdu de 8 à 11 %,
tombant à des niveaux qu’elles
n’avaient plus connus depuis les
pires moments de la crise finan-
cière de 2008. De son côté, Wall
Street, après une ouverture dans le
vert, n’a cessé d’alterner courte
hausse et légère baisse, témoignant
d’une véritable hésitation quant à la
direction à prendre face à une crise
sanitaire sur laquelle est venue se
superposer une guerre des prix du
pétrole.
Conflit sur le prix
de l’or noir
Les Bourses ont d’abord bénéficié de
la remontée des cours du pétrole,
repartis en hausse d’environ 7 %
mardi. Mais aucune information ne
présage d’un apaisement du conflit
qui oppose Moscou et Riyad sur le
prix de l’or noir. Les craintes entou-
rant l’épidémie de coronavirus et les
mesures contraignantes pour l’éco-
nouvelle baisse des taux est atten-
due de la part de la Fed, après son
geste de la semaine passée.
Sur le Vieux Continent, les
regards s ont t ournés vers la Banque
centrale européenne qui se réunit
jeudi. L’institution pourrait annon-
cer une baisse de son taux de dépôt,
déjà en territoire négatif, ainsi
qu’une augmentation d e ses
rachats d’obligations d’entreprises
ou lancement d’une opération
spéciale pour que les banques ne
coupent pas le robinet du crédit
envers les PME.
Reste que les investisseurs navi-
guent pour le moment toujours à
vue. « Doute et incertitude sur
l’ampleur, le calendrier, l’impact des
mesures fiscales – aux Etats-Unis et à
l’étranger – empêchent les investis-
seurs de s’engager trop tôt » , estime
Sameer Samana, stratégiste mar-
ché mondial chez Wells Fargo.
(
Lire « Crible »
Page 34
lPortées par le rebond du pétrole (plus de 8 %), les places financières ont repris des couleurs en début de journée.
lMais elles ont basculé dans l’incertitude après l’ouverture de Wall Street.
Les Bourses mondiales dans l’attente
des mesures de soutien à l’économie
Gabriel Nedelec
@GabrielNedelec
Après le krach de la veille provoqué
par l’accumulation de mauvaises
nouvelles entourant l’épidémie de
coronavirus et l’annonce d’une
guerre des prix du pétrole, les mar-
chés se sont montrés hésitants
mardi.
Après des débuts en fanfare – les
Bourses européennes progressant
de plus de 4 % –, les places financiè-
res européennes sont toutes repas-
sées dans le rouge. Le CAC 40 a clô-
turé en baisse de 1,51 %, se
rapprochant dangereusement des
4.600 points. L’indice parisien est
au plus bas depuis 2016. Le DAX de
Francfort a cédé 1,41 %, t andis q ue le
FTSE, à Londres, a clôturé quasi à
l’équilibre, à 0,09 %. L’indice italien,
le MIB, a enregistré une fois de plus
la pire baisse en Europe : –3,28 %.
BOURSE
nomie – le gouvernement italien a
étendu les mesures de confinements
à l’ensemble du pays lundi soir – ont
donc r epris le dessus : l e VIX,
l’« indice de la peur », évolue encore
au-dessus des 50 points. Il avait tapé
la barre des 60 points la veille.
La communauté financière
attend toujours une réponse c oor-
donnée d es Etats, qui t arde à venir.
Donald Trump devait annoncer
mardi des mesures « majeures »
pour protéger l’économie contre
l’impact de l’épidémie lors d’une
conférence de presse. Il n’a cepen-
dant pas pu s’empêcher de tirer à
boulet rouge contre la Fed, qu’il
juge « minable » et « lente ». Une
En Europe,
les regards sont
tournés vers
la banque centrale,
qui se réunit jeudi.
FINANCE & MARCHES
Mercredi 11 mars 2020 Les Echos