Coup de Pouce - (05)May 2020

(Comicgek) #1
MOINS CONFLICTUELLE,
LA RELATION MÈRE-FILS?

PAS SI VITE! LE LIEN QUI UNIT UNE MÈRE
À SON FILS EST TOUT AUSSI COMPLEXE QUE
LE PENDANT FÉMININ... SINON PLUS!
Quand une femme attend une petite fille, elle se sent
généralement en terrain connu. À l’inverse, la nais-
sance d’un garçon la plonge dans un monde étran-
ger. Comment apprivoiser et élever cet être différent
d’elle? Plus ou moins consciemment, elle a moins
tendance à reproduire les comportements de sa
propre mère, à recréer son enfance. Elle improvise
sans partition, elle avance à tâtons. La relation est
moins intuitive, plus progressive. Peut-être pour
compenser une peur de mal faire, la mère couve
davantage le fils que la fille.
La situation peut devenir encore plus délicate
si la mère, déçue ou délaissée par son partenaire,
transpose ses attentes sur son «petit homme». Alors
que la mère surprotège, le fils vit alors dans la peur
de décevoir les exigences maternelles. Attention,
risque d’explosion!
À la puberté, le processus de séparation s’amorce
sous le signe du conflit et des émotions. Pas facile de
prendre ses distances après des années de fusion!

au bout du compte d’en être une mauvaise, ex-
plique l’auteure. Une mère absolument dévouée
qui voudrait tendre vers l’excellence ne peut être
sûre du résultat, les besoins de son enfant n’étant
pas forcément ceux qu’elle s’imagine.» Les cas
problématiques seraient donc non seulement les
mères insuffisamment bonnes, mais aussi les
mères trop bonnes. Avec ses défauts et ses
manques, notre mère nous apprend la vulnéra-
bilité, le compromis, l’acceptation et l’indul-
gence. Elle nous pousse à faire le deuil de la per-
fection, un passage obligé pour devenir un adulte
équilibré, un adulte qui ne vise pas une carrière,
un couple ou une vie parfaite. Un adulte qui vise
une vie... juste correcte!

ROMPRE LE LIEN (OU PAS)
Pardonner l’imperfection, on veut bien.
Certaines errances sont toutefois plus difficiles
à oublier. À quel moment doit-on couper le cor-
don? Les experts sont unanimes: briser le lien
maternel n’est jamais anodin.
«On ne se lève pas un beau matin en procla-
mant qu’on ne veut plus rien savoir de nos pa-
rents, assure Suzanne Vallières. C’est souvent le
résultat d’une accumulation de frustrations
depuis l’enfance. On commence par espacer les
contacts, prendre des pauses, revenir, donner
une autre chance... jusqu’à ce que survienne la
déchirure irréparable.»
Même quand la coupure est essentielle, que
l’intégrité physique ou mentale est compromise
d’un côté ou de l’autre, la rupture mère-fille
vient inévitablement avec son lot de dommages
collatéraux.
Anne-Marie*, 49 ans, a coupé les ponts avec
sa mère il y a 10 ans. «Je venais de perdre mon
père et d’encaisser un grave diagnostic qui la
laissait plutôt indifférente. Avec le recul, je
constate que j’ai fait le deuil d’une mère, mais
pas d’une relation où l’amour est incondition-
nel. Mes relations amoureuses s’en trouvent
donc plus compliquées.»
Même si Stéphanie est parfaitement sereine
quant à sa rupture maternelle, elle avoue y ré-
fléchir souvent. «Si je décidais de me marier, par
exemple, que penseraient les invités en consta-
tant son absence? Et si ma mère tombait ma-
lade, est-ce que j’aurais des regrets? Non, je ne
pense pas. Et ça, c’est tabou. La vérité, c’est que
je ne crois pas ressentir de véritable amour pour
ma mère.»

«C’est souvent


le résultat d’une


accumulation


de frustrations


depuis l’enfance.»


— SUZANNE VALLIÈRES, psychologue

MAI 2020

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