Coup de Pouce - (11)November 2020

(Comicgek) #1

ILLUSTRATIONS: SHUTTERSTOCK/E.


concocter un programme de détente maison
s’il nous est impossible de quitter le nid. Ce
moment de solitude est l’occasion parfaite
pour ralentir, penser et, pourquoi pas, redé-
couvrir l’ennui. La tentation de plonger dans
la série qu’on veut regarder depuis longtemps
est forte, mais il faut résister! On savoure plu-
tôt ce temps précieux en redescendant en soi
pour apprendre à mieux se connaître.

Prendre le temps
Selon Neriman Gokcen, le manque de temps
n’est pas un prétexte pour ne pas prendre
soin de soi. «Ce n’est pas normal que per-
sonne n’ait jamais de temps. Si l’on se dit
constamment occupée, il y a un examen de
conscience à faire: peut-être qu’on doit re-
voir nos priorités», explique-t-elle.
«La vie va vite et c’est facile de dire oui,
tout va bien, ajoute le psychologue et chro-
niqueur Marc-André Dufour. Mais c’est sou-
vent quand on s’arrête que des informations
émergent et qu’une prise de conscience
peut se faire. Est-ce que je suis vraiment en
phase avec mes valeurs? C’est l’occasion de
faire une mise à jour émotionnelle.»
Christine Michaud, auteure du livre Il est
temps de vivre la vie que tu t’es imaginée, s’est
concocté une «charte de vie» qu’elle consulte
pour s’inspirer. Celle-ci est composée de
règles d’or comme «Ne fais pas de supposi-
tions», «Entoure-toi de beauté», ou «Sois
toi-même». Les plus autocritiques peuvent
même renchérir avec «Se ficher la paix!»

P


our certains, rien de plus réconfortant qu’un souper
en famille ou qu’un bon livre lu au coin du feu. Les
moments de bonheur varient autant que les individus
et peuvent prendre plusieurs formes; le dénominateur com-
mun, c’est la notion de plaisir. Autrement dit, nul besoin de
s’adonner au scrapbooking ou de se créer un tableau de visua-
lisation si on déteste le bricolage.
Pour en profiter pleinement, on privilégie les passe-temps
qui mènent à un état de flow, soit la perte de la notion du
temps. Pour certains, le flow sera atteint durant la pratique
d’un instrument, tandis que d’autres s’évaderont entièrement
durant la confection d’un casse-tête ou la lecture d’un recueil
de poésie, au point d’oublier de manger.
Sur le plan mental, Mitsiko Miller, auteure et coach profes-
sionnelle certifiée, conseille de ne pas tomber dans ce qu’elle
appelle la spirale de la «mustu rbation»: «Les phrases qui dé-
butent par “je dois” ou “il faut” doivent disparaître de notre
vocabulaire.» Par exemple, se dire qu’il faut aller méditer enlève
toute notion de plaisir et nous ajoute une pression inutile.

On peut se prémunir contre cet attrait de la performance en
ne cherchant pas une validation extérieure. On pratique nos
activités préférées dans le but de se faire plaisir et non pour
devenir la «femme parfaite» ou être acceptée par notre entou-
rage. Mitsiko Miller propose de se poser cette question: «Que
puis-je faire pour faire moins et être plus?»

Merci
On devrait exprimer de la gratitude tous les jours, selon les pros
de l’autobienveillance. Christine Michaud suggère d’écrire ou
de nommer trois choses auxquelles on souhaite dire merci en
début ou en fin de journée. On peut être reconnaissante de
choses aussi anodines que le goût exquis du café ou l’oreille
attentive d’un ami au téléphone. «La gratitude, c’est comme un
muscle qu’on développe. Si on l’active chaque jour, elle devien-
dra un automatisme», dit-elle. Plusieurs études montrent que
la gratitude a des effets bénéfiques sur la qualité de la mémoire,
de la présence et du sommeil.
Cela dit, self-care et dépendance ne doivent pas être confon-
dus. Une séance de magasinage, un verre de vin ou un dessert
décadent peuvent certainement injecter une bonne dose de
bonheur. Toutefois, si notre bien-être se fonde uniquement sur
des activités coûteuses ou nocives, on risque de développer des
habitudes malsaines. On peut se demander quels états sont
atteints grâce à ces plaisirs et ensuite trouver d’autres moyens
de combler nos besoins. »»

les petits


bonheurs


On


savoure


«Se reconnecter sur soi ,
c’est aussi se rendre compte qu’on
aimait jouer de la guitare et qu’on
n’en joue plus : pourquoi?»


  • MARC-ANDRÉ DUFOUR, psychologue et chroniqueur


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NOVEMBRE 2020
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