13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1
tenant, surtout dans les régions difficile-
ment accessibles où le patrimoine culturel,
peu influencé par l’extérieur, demeure plus
ou moins intact. Dans ces régions, le res-
pect de la nature est lié aux croyances des
communautés locales, qui considèrent que
certains lieux sont la résidence de forces
surnaturelles et invisibles. Ainsi, par
endroits, les forêts sont interdites ou fady,
car elles appartiennent aux Dieux (Helo),
comme dans la réserve forestière
d’Andohahela, dans la partie sud de l’île, à
Fort-Dauphin.^2 Ailleurs, comme dans le Parc
National de Ranomafana Ifanadiana, les
Tanala (Gens de la Forêt) enterrent les
morts dans la forêt, loin du regard des
humains,^3 dans des espaces consacrés qui
ne peuvent être foulés, étant donné la
valeur et le respect que les Malgaches
accordent aux morts et aux ancêtres.

Confrontés à une dégradation du milieu
naturel, les dignitaires des pouvoirs tradi-
tionnels, encore très présents dans les
sociétés rurales, peuvent influer fortement
sur le système de régulation. Dans la région
forestière de la côte est de Madagascar^4 ,
devant la régression des surfaces boisées
sous l’effet des tavy (défrichement et cul-
ture sur brûlis), les tangalamena (hauts
dignitaires et notables dans les sociétés de
la partie Est du pays) ont déclaré fady les
lambeaux forestiers qui correspondent aux
derniers vestiges des forêts communautai-
res. Ces dispositions sont suivies par les vil-
lageois.

Plusieurs forêts sont sacrées à Madagascar,
ce qui est bénéfique pour la conservation
des écosystèmes. On y accède selon certai-
nes règles et les transgresser peut, selon
les croyances, entraîner des sanctions, voire
des malédictions. Pour preuve, il n’y a qu’à
voir les rituels qui doivent être effectués, en
présence des dignitaires, avant de pénétrer
dans les forêts de ramiavony, à Mananjary,
où les ethnies du Sud-Est viennent prélever
le bois sacré utilisé lors des circoncisions

collectives. Les coupes de bois dans la forêt
sacrée de Sakoatovo, lieu de sépulture des
rois Mahafaly et de leurs descendants, dans
la province de Tuléar, font également l’objet
de rites convenus entre les membres de la
communauté locale. Personne n’a le droit
d’y pénétrer, et moins encore d’y prélever
quoi que ce soit, sans autorisation préalable
des gardiens de la forêt.

Ces croyances, relevant de l’identité cultu-
relle des communautés locales, contribuent
fortement à la conservation de certains éco-
systèmes et espèces dont elles sont voisi-
nes. Car un acte quelconque réalisé en ces
lieux requiert une autorisation préalable,
faute de quoi il y aurait profanation. Une
valeur sacrée est attribuée à la nature,
notamment à la forêt. Transgresser ces
règles en abattant des arbres, en défri-
chant, ou en chassant dans une forêt qui
appartient aux ancêtres, nécessite obligatoi-
rement un sacrifice ou une invocation. Dans
le cas de la réserve naturelle d’Andohahela,
selon les pratiques et les conventions tradi-
tionnelles, l’abattage de 10 arbres,
demande le sacrifice d’un poulet ou d’un

coq. Mais si la coupe est plus importante, il
faut prévoir un mouton ou un zébu.

History, cculture aand cconservation


Figure 2. Rituel fait par un ampanjaka (chef
traditionnel) avant de pénétrer dans la forêt
sacrée de Ramiavony – Mananjary. (Courtoisie
Claudine Ramiarison)
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