13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1
Des tabous existent également. En forêt, il
peut s’agir d’arbres au pied desquels se
tiennent les rituels (joro), comme le nonoky
(Ficus sp.) dans le Sud, le sakoa (Pourpatia
caffra), ou encore les tamariniers
(Tamarindus indica), za (Adansonia za) et
famamy. Généralement, ces arbres sont les
plus grands de la forêt. Ces mêmes notions
de valeur existent également pour diverses
espèces végétales et animales. Lorsqu’il
s’agit de plantes médicinales, la complexité
des rituels effectués par les praticiens tradi-
tionnels au moment de leur collecte dans
les forêts primaires révèle la valeur et le
respect qu’ils leur attribuent. Pour les ani-
maux, les situations varient selon les
régions. Cela peut être le tenrec, les camé-
léons, ou, dans le Sud, en Androy, la tortue
(Testudo radiata) qui appartient aux Dieux.
Leur chasse et leur consommation sont
interdites.

Les formes de «
conservation commu-
nautaire » qui proté-
gent les écosystèmes
et les espèces en impo-
sant des restrictions à
l’usage de certaines
ressources naturelles
sont régies au sein
même de ces commu-
nautés et, en cas de
transgression, des
sanctions sont pronon-
cées lors de conseils
coutumiers dans le
cadre des conventions
traditionnelles. Les aménagements des éco-
systèmes effectués avec les techniciens en
vue d’une gestion durable ne prennent pas
toujours en considération ces représenta-
tions et ces valeurs culturelles qu’ont les
communautés locales vis-à-vis de leur envi-
ronnement. Il est nécessaire de comprendre
qu’il existe des formes de conservation tra-
ditionnelle effectuées par ces gardiens de la
nature et de ses éléments. L’élaboration des

schémas d’aménagement concertés doit, en
effet, tenir compte du fait que ces sociétés
ont déjà mis en place des règles qui relè-
vent de leur identité culturelle.

Malgré cette relation à la nature, ces
croyances et pratiques ont commencé à se
perdre quelque peu, notamment avec l’arri-
vée des migrants, la redynamisation des
conventions traditionnelles régissant les
sociétés rurales peut cependant bien contri-
buer à la conservation et au développement
durable dans la politique de la gestion
locale à Madagascar.

Les réglementations sociales, à tra-
vers les dina, pour une gestion
rationnelle des écosystèmes et des
ressources naturelles
Les dina, conventions traditionnelles entre
membres d’un ou plusieurs villages d’un
fokonolona^5 font partie des droits coutu-
miers malgaches. Elles règlent le fonctionne-
ment des sociétés en s’appliquant dans
divers domaines et à différentes échelles de
la vie quotidienne. Dans la société tradition-
nelle malgache il existe plusieurs types de
dina, selon les besoins et
les situations qui se pré-
sentent. Il peut s’agir, par
exemple, d’entraide pour
les travaux agricoles, des
normes de sécurité, du
contrôle des feux de
brousse, de l’observation
des interdits ou fady. Les
dinasont parfois utilisés
dans les cas de conflits ou
lorsqu’il y a nécessité de
réglementation et de disci-
pline collectives.^6 Ils inter-
viennent également dans
l’exploitation de certaines
ressources naturelles en voie de disparition,
ce qui est fréquent pour les ressources mari-
nes.

Un dina est une réponse à une situation ou

A ““cultural aapproach” tto cconservation?


Il eest nnécessaire dde ccom-
prendre qqu’il eexiste ddes
formes dde cconservation
traditionnelle eeffectuées
par cces ggardiens dde lla
nature eet dde sses éélé-
ments. LL’élaboration ddes
schémas dd’aménage-
ment cconcertés ddoit, een
effet, ttenir ccompte ddu
fait qque cces ssociétés oont
déjà mmis een pplace ddes
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leur iidentité cculturelle.


Les ddina, cconven-
tions ttraditionnelles
entre mmembres dd’un
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font ppartie ddes ddroits
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cration dd’un ddina
est mmarquée ppar uun
rituel ccomposé dde
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cations.
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