13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1

A ““cultural aapproach” tto cconservation?


de la réunion ne pouvait pas être abordé
sans avoir consacré du temps à la résolution
de ces problèmes.


L’organisation des réunions publiques villa-
geoises respecte l’ordre traditionnel spatial,
temporel et social, retrouvé durant le joro.
L’animateur doit partager la parole, une fois
libre, à chacun de différents groupes sociaux
participant à l’assemblée plénière. Ainsi, tout
le monde peut prendre la parole dans ces
réunions, après les formules de politesse du
discours classique des chefs lignagers. A
Maroleo, le chef de cantonnement des Eaux
et Forêt a présidé la séance. Les auteurs de
cet article ont assuré l’animation. Les nota-
bles villageois ont orienté la discussion selon
les directives du joro. Les invités officiels ont
expliqué les mesures techniques, administra-
tives et légales. Des jeunes et des femmes
ont donné leurs avis. Trois décisions furent
finalement prises :
demander à l’Etat de classer les forêts
primaires sèches de la région de Baie de
Baly en « réserve » ;


y faire aménager des pare-feux par les
villages riverains utilisant des pratiques
traditionnelles de feux de contre-saison ;
et


organiser un concours environnemental
entre les dix communautés locales util-
isatrices des forêts.


En 1997, trois ans après cette cérémonie, le
Parc National de la Baie de Baly a vu le jour,
s’étendant sur quelques 57,418 ha. Les
pare-feux avait déjà été réalisés trois mois
après la cérémonie. Le concours environne-
mental a été lancé durant toute l’année sui-
vante entre ces dix villages avec cinq critè-
res : réalisation de pare-feux, maîtrise de
feux sauvages, reboisement individuel ou
collectif, nombre de permis de coupe offerts,
taux de participation aux actions collectives.
Ce concours est évalué par une équipe com-
posée du chef de cantonnement des Eaux et
Forêts, d’un agent de l’ONG environnemen-
tale régionale et de deux villageois désignés


par la commu-
nauté. Le prix com-
munautaire a été
discuté en assem-
blée générale villa-
geoise. Par exem-
ple, le prix du vil-
lage d’Antranolava,
utilisateur du site
de Sada, fut un
puits. En contrepar-
tie, tous les ans, le
village s’est engagé
à entretenir les
pare-feux. En effet,
aux moindres inci-
dents (par exemple
incendies en 1996,
1998, 2000 ; tenta-
tives de prélève-
ment pour trafic de
tortue à soc en
2002, 2004) le vil-
lage porte secours
au parc. En plus,
les chercheurs sur
cette espèce chélo-
nienne sont bien
recueillis et intégrés dans les communautés
villageoises de la zone.

Le joro et la conservation des zones
humides
Le lac Alaotra, couvrant 20,000 ha au cen-
tre-est de Madagascar, est le plus grand de
l’île et abrite encore deux espèces d’oiseaux
menacées, le Grèbe de Alaotra (Tachybaptus
rufolavatus)et le Fuligule de Madagascar
(Aythya innotata). Le déboisement de son
bassin versant et les fortes pressions agrico-
les (riziculture) ont fortement dégradé le
bassin versant et la survie même du lac est
menacée par comblement. Les pêcheurs,
majoritaires dans la population riveraine,
dépendent du lac et des marais. La produc-
tion des poissons surexploités pendant plus
de vingt ans décroît en quantité et en qua-
lité. Le joronous a offert aussi ici un fonde-
ment culturel à des diverses actions en

Figure 2.Le tromba— prê-
tre traditionnel possédé par
l’esprit du dernier roi de
Baly— préside le culte
ancestral (joro) pour la
conservation de la tortue à
soc et de son site naturel à
Karananjy (Baie de Baly,
Nord-Ouest de Madagascar).
(Courtoisie Joanna Durbin).
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