13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1
faveur de la nature.

De 1996 à 2003, pour redresser la situation
critique du lac, nous avons travaillé avec les
communautés riveraines du lac et les autori-
tés locales des 71 villages, 133 écoles, 28
communes et deux sous-préfectures pour
organiser des concours d’animations par des
fêtes (folklore villageois, théâtres scolaires)
; des ateliers villageois ou pédagogiques au
niveau local, communautaire ou régional ;
la création d’associations statutaires ou des
groupements villageois ; des actions envi-
ronnementales ou de développement liées à
la conservation et un suivi écologique.
Chaque région a sa propre culture qui cor-
respond à un milieu naturel spécifique. Le
plus simple en est le joro toaka(culte
ancestral avec boisson alcoolique), réalisable
partout et n’importe quand. Nous avons
souvent promu le joro toaka à propos de la
conservation des marais et de leur biodiver-
sité, et cela a ritualisé des initiatives socio-
économiques et écologiques.

Devant la détermination de la population
locale pour la conservation des marais, nous
avons pu trouver un finance-
ment pour plus d’une cen-
taine de microprojets com-
munautaires villageoises ou
scolaires entre 1997 et 2001
axés sur la lutte contre la
pauvreté rurale. La réparti-
tion de cette aide financière
s’est faite par concours d’ac-
tions environnementales
organisées entre une dizaine
de villages ou d’écoles par
an. Les prix ont varié de
100% du financement du projet choisi pour
le premier à 25% pour le dernier. Le premier
prix a été un puits et le dernier une grande
marmite. Il est intéressant de remarquer
que, souvent, la valeur d’usage culturel y est
venue avant la valeur commerciale. Une
grande marmite pour le repas communau-
taire entretenant la cohésion sociale a
autant de valeur qu’un puits utile pour tout

le village.
Le dernier concours annuel de suivi écologi-
que (2000-2003), dans 16 sites clés autour
du Lac Alaotra a démontré le succès des
efforts: le brûlis des marais s’est réduit ; le
braconnage des lémuriens des marais est
maîtrisé ; la production des poissons aug-
mente chaque année ; le confort matériel
des pêcheurs vivant dans des paillotes,
cases en papy-
rus, s’amé-
liore, et cer-
tains arrivent
à construire
des maisons
en briques cui-
tes ; dix com-
munautés vil-
lageoises rive-
raines du lac
ont obtenu un
transfert offi-
ciel de gestion
des marais ;
le groupement
de pêcheurs
de chaque vil-
lage arrive à
appliquer sa
convention
locale de ges-
tion de la
pêche ;
depuis 1999,
le Service
Halieutique parvient à maintenir la ferme-
ture saisonnière de la pêche selon la
convention régionale (dina), ce qui a été
impossible en 1997 ; le zonage (lac, marais,
rizières, basins versants) de ce site Ramsar
pour son futur plan de gestion est concerté
au niveau régional ; les associations envi-
ronnementales s’organisent en unions inter-
communales, en tant que sociétés civiles ;
les radios locales font des émissions périodi-
ques sur la conservation des marais et du
lac ; la sensibilisation permanente sur la
conservation des marais engagée depuis
1996 y est reprise et renforcée par les dis-

History, cculture aand cconservation


Figure 3.Culte ancestral (joro)
pour la conservation des marais
et de la vie aquatique du lac
Alaotra (Courtoisie Lala Jean
Rakotoniaina).

Nous aavons ssou-
vent ppromu lle jjoro
toaka àà ppropos dde
la cconservation ddes
marais eet dde lleur
biodiversité, eet ccela
a rritualisé ddes iini-
tiatives ssocio-ééco-
nomiques eet éécolo-
giques.

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