13 Policy Matters.qxp

(Rick Simeone) #1

cours du Président de la République visitant
la région depuis 2001. En couronnement de
tout cela, en 2003 le lac et son bassin ver-
sant, au total 722,000 ha, ont été classés en
tant que troisième site Ramsar de
Madagascar.


Pour concrétiser la sauvegarde du hapalé-
mur d’Alaotra—Hapalemur griseus alaotren-
sis, un lémurien vivant dans les marais et
endémique au Lac Alaotra—le Projet Alaotra
a été mis en place pour intégrer la conser-
vation et la lutte contre la pauvreté rurale.
Ses objectifs visent la gestion rationnelle des
ressources naturelles des zones humides
d’Alaotra et le maintien des conditions écolo-
giques pour la bonne productivité de la
région et la survie de sa biodiversité. Pour
mener à bien sa réalisation, une équipe
consensuelle constituée de sept personnes
comprend : un coordinateur du projet, deux
responsables de cellules environnementales
de circonscriptions scolaires, deux agents du
service forestier et deux de l’halieutique. Elle
choisit les villages à sensibiliser, encadre
leurs ateliers d’organisation, supervise leurs
réalisations collectives liées à la conservation
et fait intervenir même la répression,
secours demandé par les associations contre
des délinquants (braconniers, brûleurs de
marais, pêcheurs durant la période de fer-
meture).


Culte traditionnel joro et actions de
conservation.


A Madagascar, 75% de la population vit
dans le monde rural^9 et la communauté vil-
lageoise malgache dépend de la nature, des
forêts et des zones humides pour leur sub-
sistance (pêche, chasse, cueillette, rizicul-
ture et élevage de zébu).
Traditionnellement, elle est gérée par le
consensus du conseil de dirigeants de seg-
ments de lignages, prêtres du joro. Le
Malgache rural vit dans un environnement
naturel dominé par la tradition. Il est sou-
vent beaucoup plus ému par le culturel que
par le matériel. L’élevage du zébu, dit «


sentimental »^10 , prévoit davantage l’utilité
culturelle (enterrement, exhumation, joro)
que la nécessité économique. Dans la tradi-
tion malgache, les fady« tabous » et les
dina « conventions locales »^11 règlemen-
tent l’accès humain à la nature, mère nourri-
cière, en relation avec le joro. La pêche tra-
ditionnelle en fournit quelques exemples. Le
filet était tabou pour les lacs. La saison
taboue correspondait à la période de ponte
des poissons, son ouverture nécessitait un
joro omby(culte ancestral avec sacrifice de
zébu) au commencement de la saison
sèche. En fonction de la gravité de l’infra-
ction, le délinquant transgressant les fadyet
les dinaétait puni par des amendes allant
du simple avertissement verbal jusqu’à son
expulsion hors
de la commu-
nauté. Pour se
purifier, il
devait faire un
joro ombyavec
un repas com-
munautaire ser-
vant la viande.

La plupart de
ces pratiques
sociales tradi-
tionnelles sont
encore vécues
dans le monde
rural à
Madagascar et
restent confor-
mes aux exi-
gences de la
conservation.
D’autre part,
leur mise en
valeur pour la
conservation de
la biodiversité
nécessite par-
fois une « actualisation », spécialement s’il
s’agit d’appliquer des lois étatiques. La
conservation communautaire s’inspirant des
valeurs ancestrales obtient l’adhésion volon-

A ““cultural aapproach” tto cconservation?


Figure 4.Culte ancestral (joro
toaka, utilisant la boisson alcooli-
que) pour la conservation du
lémurien des marais et du site
naturel lacustre d’Alaotra
(Centre-Est de Madagascar.)
(Courtoisie Lala Jean
Rakotoniaina)
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